Défier le temps. Chronologie, c’est le retour à une formule qui a fait le succès de Jean-michel Jarre, c’est-à-dire un album d’un seul tenant, et que l’on peut faire boucler car son début et sa fin se rejoignent. Comme un certain… Oxygène ! Est-ce le seul point commun avec le chef d’œuvre inaugural ? Et puis…. À peu près. Techniquement, il y a une foule de synthétiseurs qui ont vu le jour depuis 1976, mais sur ce disque, le côté Hi-Tech est totalement maîtrisé. Le tout est d’une précision diabolique, il fourmille d’une tonne de détails intéressants, il est surtout bourré de très, très bons titres.
> Revue de détail
La partie I démarre sur un battement de cœur, c’est un titre qui comporte trois temps distincts, qui sont reliés par des transitions extrêmement bien réussies. Ce morceau est excellent, c’est une sorte de revival de l’ouverture d’Équinoxe, excellent morceau. La partie II est portée par un nombre d’effets sonores impressionnant. Et pourtant, il n’y en a pas un en trop ! Imaginez-vous un grand orgue qui se déhanche sur un tempo très élevé (165 bpm), bruissant d‘effluves électroniques. Au bout de deux ou trois écoutes, vos pieds ne peuvent s’empêcher de battre la mesure. Et l’interprétation live avec le final à la guitare électrique est encore plus époustouflante (sur le live de Hong Kong). Le jeu très véloce du guitariste Patrick Rondat n’est pas étranger à cette affaire. La partie III, c’est un titre plus lent, très intéressant pour le côté cristallin de la voix au premier plan et son interprétation à la guitare électrique. J’aime beaucoup la transition de la III vers la IV. La partie IV, c’est le titre-phare de l’album, ce n’est pas le titre que je préfère, mais il est remarquablement bien construit et sa mélodie vous trotte dans la tête longtemps. Le thème du temps est subtilement interprété ici. Le cliquetis d’une montre est utilisé comme une sorte de gros plan sonore, des sons sont ralentis plusieurs fois pour leur donner un aspect élastique (je pense tout de suite aux montres molles de Dali).
La partie V, c’est une descente en douceur et vers la fin, un petit couplet électro qui ne dépareillerai pas dans un album des Chemical Brothers, par exemple. Un brin hors sujet dans cet album.
La partie VI, c’est une réminiscence du titre Équinoxe partie VII, mais traitée avec un chœur, qui lui donne une dimension supplémentaire, chaleureuse. La cerise sur le gâteau, c’est un son d’accordéon qui donne un charme à la fois désuet et original à l’ensemble. Effectivement, qui d’autre qu’un français aurait pensé à ça !
Chronologie VII, je dois dire qu’elle n’apporte pas grand-chose au disque. Je n’y vois pas non plus le rapport avec le thème «Chronos , temps» abandonné au cours de la partie V. Nobody is perfect !
La partie VIII est ni bonne ni mauvaise, un grand orgue (encore !) puis une chorale qui nous gratifie d’une très belle polyphonie dans le final. Ceci est une belle conclusion pour cet album ambitieux.
> Chrono-maître
Au terme de ce bref voyage à travers le temps, on n’a pas perdu le sien. Il y a de l’émotion, de l’insolite, ce qui pour un disque aussi technologique est un tour de force. Selon moi, c’est un des trois ou quatre meilleurs albums de Jarre, mais ce n’est pas celui que je conseillerai au nouveau venu dans ce type de musique.
> Titres de Chronologie
1. Chronologie, part 1 (10:51)
2. Chronologie, part 2 (6:05)
3. Chronologie, part 3 (3:59)
4. Chronologie, part 4 (3:59) (vidéoclip de 1993) Ce clip comporte des séquences se référant au travail de Etienne-Jules Marey, inventeur de la chronophotographie, ancêtre debut de siècle de la motion capture utilisée depuis.
Jean Michel déclare au sujet de la partie 4 : « J’ai voulu que dans les quatre minutes de Chronologie part 4 (…) on retrouve une idée de l’ensemble de l’album : la dimension symphonique, le son analogique, les chœurs, les séquences, un univers lié au temps et enfin un feeling à la fois dramatique et optimiste ». (Keyboards, 1993)
5. Chronologie, part 5 (5:34)
6. Chronologie, part 6 (3:45)
7. Chronologie, part 7 (2:17)
8. Chronologie, part 8 (5:33)
> Le saviez vous ?
- C’est la sonnerie d’une montre Swatch qui est reproduite dans la partie 4 de Chronologie. Jarre avait en effet composé ce morceau dans le cadre d’une fête intitulée « Swatch the world ».
- Ce disque est dédicacé à « Une Brève histoire du temps », le best-seller de l’astrophysicien américain Stephan Hawking.
- Chronologie s’est écoulé à quatre millions de copies. Il a obtenu une victoire de la musique en 1994.
Le son qui tue : La transition entre les parties 1 et 2 : le son de cloche, dans le lointain, est à mettre en relation avec l’orgue d’église qui ouvre la partie 2. C’est un son « mouillé » qui émerge d’une athmosphère d’apesanteur typiquement jarresque.
> Les musiciens : Claviers : Jean Michel Jarre / Michel Geiss / Dominique Perrier / Francis Rimbert. Détail des instruments utilisés (à compléter) :
- Jean Michel Jarre : synthétiseurs
- Michel Geiss : synthétiseurs
- Dominique Perrier : synthétiseurs
- Francis Rimbert : synthétiseurs
- Patrick Rondat : guitares électriques
- Instruments : Digisequencer, Kurzweil K2000, Minimoog, ARP 2600, Akai MPC 60, Akai S 1000, AKS, Roland JD 800, Korg 01, TR 909, DR 660, Synthex, Eminent 310 U, JP 8, DJ 70, Vocalist, Fairlight.
À vous de voter !
> Ressources sur l’album
- Tournée de promotion de l’album : Europe in Concert (650.000 spectateurs payants)
- Eléments biographiques pour cet album
- La fiche de Chronologie sur Aerozone
- Album Suivant : Hong Kong (Live, 1994)
- Longue interview technique de Jarre à propos de Chronologie (juin 1993).
4 mai 2020 à 0:03
meilleur son (inédit) de l’album : Part 1 à 6:35
et vous ?
(comment ça je fais dans le déterrage..)