Stéréo-ethnique. Il faut se souvenir que Jean Michel a commencé la musique avec le pionnier de la musique de la musique électro-acoustique, Pierre Schaeffer dans les années 70. Nous sommes en 1985. Pour ce disque, Jean Michel s’entoure de très bons musiciens comme le bassiste Marcus Miller et la chanteuse expérimentale Laurie Anderson. Il sample des voix et des chants du monde entier, pour truffer ses morceaux de gimmicks et d’effets vocaux époustouflants. Xavier Bellenger, un ethnologue, en compagnie de l’ingénieur du son Denis Vanzetto, lui ont enregistré des heures de chants et de voix du monde entier (Australie, Amazonie, Afrique, etc.). Le hip-hop vient de sortir de terre. C’est donc la rencontre d’une musique dansante avec une musique intellectuelle.
> Enfin des vrais noms de morceaux !
Le morceau phare de cet album, Zoolookologie (avec un nom pareil, il ne pouvait pas faire une carrière en radio), à cet égard, est un diamant. Les voix sont passés à l’échantillonneur en avant et en arrière, jusqu’à obtenir un effet singulier. François Kerkovian a supervisé le mixage de ce titre. C’est aussi une utilisation complète du spectre musical (stéréophonie), qui requière une écoute attentive et un matériel d’écoute à la hauteur. De quoi décourager de nombreux novices en musique électronique. Ceux avec qui peut se comparer ce bidouillage musical génial pour l’époque, c’est Brian Eno, qui a fait un travail sur le retraitement du sons ethniques qui est passé injustement inaperçu. ‘My Life in a bush of ghosts‘ est sorti en 1981. On pourrait, pour faire bonne mesure, ajouter Peter Gabriel, ou bien encore le jazzman éclectique Herbie Hancock.
> Rien que pour la piste 1
La plupart des gens qui n’ont pas pardonné à Jean-Michel Jarre son utilisation jusqu’au-boutiste du sampling sont en revanche d’accord pour dire qu’Ethnicolor, le titre d’ouverture, est une œuvre magistrale (11’41), pleine d’emphase et emprunte d’une grande poésie. Jarre déclare à propos de ce chez d’oeuvre de poésie :
Ethnicolor est quelque chose que j’assume totalement par rapport au résultat, par rapport à ce mélange de langues, syllabes, hauteurs, sons gutturaux, qui donne à l’ensemble quelque chose d’organique.
La face B de cet album comporte une série de petits morceaux qui vont de l’insipide (Ethnicolor II) au stimulant (Zoolookologie), en passant par le divertissant (Blah Blah Café, Wooloomoolo, Zoolook). Il y a aussi une certaine dose dramatique dans l’utilisation de notes très graves, alors que Jarre n’utilise jusqu’alors des notes guillerettes, souvent hautes perchées. C’est un album où les rythmiques sont moins carrées que sur les chants magnétiques, où la basse a une puissance motrice dans les compositions (notamment sur le plaisant Diva).
> New-York, Jarre, et sa tour de babel électronique
Jean-Michel a passé un temps infini en studio aux États-Unis à fabriquer cet album, un échec commercial pour lui, malgré sa sortie simultanée dans 40 pays, mais un album qui fera date dans l’histoire de la musique, tant il est avant-gardiste. Ce disque est une sorte d’OSNI (Objet Sonore Non Identifié), Jean-Michel nous enlève dans une sorte de soucoupe volante, de là-haut, on voit les hommes du monde entier, et quand il nous ramène sur terre, on a oublié qu‘on l‘a écouté, et à chaque fois qu’on le réécoute, il se passe des choses différentes. Voici ce que dit Jean Michel au sujet de l’intégration des instrumentistes américains dans son travail :
J’ai eu un problème pour intégrer, dans un univers entièrement fait d’emprunts comme celui de Zoolook, la basse de Marcus Miller qui apportait un élément beaucoup trop brut. Nous avons dû, avec Frederick Rousseau, sampler la basse de Marcus, la retraiter avec le Fairlight pour avoir une évocation de basse, au lieu d’une basse réaliste. Les fréquences des sons de synthé sont bien plus pauvres que les fréquences acoustiques. Le collage des deux produit souvent un décalage qui ne fonctionne pas.
Extrait de « Synthélégrammes » : Zoolook, le dernier album de JMJ tranche avec ses précédentes productions »:
Au départ, j’ai travaillé sur les voix, que j’ai manipulées des tas de façons différentes avec des noise gates, le Fairlight, le vocoder. Ensuite, j’ai rajouté les basses rythmiques, et j’ai commencé à travailler rythmiquement sur les voix, et à composer les morceaux mélodiquement, harmoniquement. Ensuite, j’ai demandé à Frederic Rousseau de sélectionner des studios à NY et à Londres pour l’enregistrement et le mixage. J’avais rencontré un an auparavant l’ingénieur du son Daniel Lazerus, qui a produit Donald Fagen et c’est lui qui m’a aidé à contacter les musiciens à NY . On a principalement travaillé au Kinton Studio qui est probablement un des meilleurs studios actuels. Les musiciens ont joué sur les maquettes ou les bases rythmiques existaient déjà, avec la Linn. J’ai mixé le tout avec David Lord, qui est le producteur du dernier Peter Gabriel, et qui connait bien le Fairlight. A NY on a rajouté des tas d’éléments, certains acoustiques pour doubler les parties de synthé. Le mixage définitif a été commencé à Londres au studio Trident, mais ça ne s’est pas trop bien passé pour des raisons techniques. Finalement, on est retourné à Paris avec David et on a pratiquement tout remixé dans mon studio de Croissy,qui s’est avéré être un des meilleurs studios, en particulier sur le plan de l’écoute ; il a été conçu par Jean-Pierre Lafont.
Réaction au disque aux États-Unis : Extrait de Guitare et Claviers n°59 :
Ton collègue américain, Keyboard Magazine, considérant » Zoolook » comme le meilleur album instrumental de l’année, ne me laisse pas indifférent. Les réactions d’artistes que je ne connaissais pas m’ont conforté. Cyndi Lauper, Mick Jones de Foreigner, Mick Jagger, Toto notamment François Kervakian, I’ingénieur du son de Jagger, d’Eurythmics, de Thompson Twins, a appelé le bureau en demandant la permission de remixer I’album ! II voulait remixer certains passages pour lui. En fait, les professionnels ont réagi à ce disque. Et leur avis m’a beaucoup touché.
> Titres de Zoolook
1. Ethnicolor (11:41)
2. Diva (7:33)
3. Zoolook (3:50) (videoclip) Le clip le plus réussi de Jarre, à mon goût, réalisé par le tandem français Caro et Jeunet. Des robots bien moins angoissants que ceux de Kraftwerk. Un chef d’oeuvre définitif ! Notez l’allusion à Tintin dans la courte séquence qui présente Jarre sur le pont d’un cargo.
4. Woolloomooloo (3:20)
5. Zoolookologie (4:20)
6. Blah Blah Café (3:22)
7. Ethnicolor II (3:52)
Le saviez vous ?
- Pour enregistrer un des sons dans le titre « Blah Blah Café », Jarre a plongé ses mains dans une bassine d’eau et un de ses assistants enregistre le remous ainsi provoqué grâce au Fairlight.
- Ce disque a obtenu, comme Oxygène, le grand prix de l’académie Charles Cros, et également la Victoire de la musique du meilleur album instrumental, remis des mains de Daniel Balavoine, en 1985.
Le son le plus bizzare : Ce disque est une collection de sons étranges et pourtant, j’ai bien mon préféré. C’est l’ouverture de l’album, avec cette voix humaine ralentie et démultipliée numériquement. Elle colle exactement à l’esprit de la pochette.
> Les musiciens : Jean Michel Jarre : tous instruments / Michel Geiss : Enregistrements, collaboration artistique / Frederick Rousseau : claviers. Instruments utilisés : ARP 2600 – Eminent 310 U – EMS Synthi AKS – EMS Vocoder 1000 - E-MU Emulator – Fairlight CMI-II – Garfield Electronics Doctor Click – Geiss Matrisequencer 250 – Linn LinnDrum – Linn LM-1 – Moog 55 – Oberheim OB-Xa – Sequential Circuits Prophet 5 – Simmons SDS V – Yamaha DX7
> Ressources sur cet album
- Élements biographiques pour cet album.
- Album suivant : Rendez-vous (1986)
- Lire ailleurs : la fiche très complète de Zoolook sur Aerozone.
4 mars 2010 à 12:31
Dans la catégorie « recyclage », dans la partie « calme » du milieu d’ »Ethnicolor », on entend les voix chinoises déjà utilisées à la fin de « Souvenir de Chine » sur « Les Concerts en Chine ». Si, si, tendez bien l’oreille, ça fait un truc dans le genre « Artig zeu chame ».
7 mars 2010 à 0:56
Cet album est blindé de surprises et de mystères sonores… Très bel album qui reste mon préféré mais je regrette qu’il ne soit pas plus long. Un jour peut-être aurons nous droit à des inédits de « Zoolook » ?
13 décembre 2013 à 15:01
heuuu et marcus miller à la basse, on oubli de le citer.
24 septembre 2014 à 20:23
Encore un CD de ma toute jeunesse. Ca fait plaisir d’en entendre parler. Bien d’accord avec l’article, il vaut surtout pour sa première piste, franchement unique. L’espèce de cri trafiqué du début, initialement, me faisait penser à un éléphant, ou quelque chose d’approchant… Bon, bien sûr c’est un disque complètement perché, auquel je ne comprenais rien étant petit, limite s’il ne m’effrayait pas. C’est une curiosité à garder.
Dernière publication sur Sowilo's Lair : Nightwish - Handless Forms Most Beautiful
30 mars 2015 à 0:41
Cet album est mon préféré de Jean-Michel Jarre.
Surtout le premier morceau : Ethnicolor.
Ethicolor, quel morceau! Il tout simplement parfait! Très intéressant, abouti et tellement avant-gardiste! Je l’écoute toujours 20 ans après et certains passages me donnent des frissons! L’utilisation des voix véhicule toutes les émotions et ambiances propres à Ethnicolor.
La richesse et la variété des ambiances et atmosphères laissait libre court à mon imagination, comme par exemple de passage à 5:00 où j’imaginais une plage à perte de vue au sable étincelant, quelques palmiers, un ciel jaune (oui jaune je ne sais pas pourquoi ^^) et une mère cherchant désespérément son enfant perdu…
On imagine des discutions, des échanges entre ces voix. Peut-être une volonté de montrer les échanges, les partages que peuvent avoir les différents peuples présents sur Terre. D’ailleurs le nom du morceau, Ethnicolor colle très bien.
Il y a des tonnes d’interprétations que l’on peut faire de ce morceau de par sa richesse et sa complexité. J’ai beau avoir écouté ce morceau une bonne cinquantaine de fois, il m’intrigue et m’émerveille à chaque fois!
Le reste de l’album est tout aussi bien aussi. Avec l’intro de Diva qui me faisait très peur étant petit ^^ Zoolookologie très dynamique. Tous ces morceaux s’articulent autour de la colonne vertébrale de l’album : la voix. Samplée, vododée, transformée, jouée…
Finalement, cet album montre à quel point la voix est un des meilleurs instrument de musique.
29 octobre 2017 à 11:52
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