4 mois, 7 pays, 15 concerts, plus de 600 tonnes de matériel. Pour sa première tournée européenne [payante], Jarre, même s’il a dû revoir ses ambitions à la baisse, notamment en abrégeant celle-ci, a su conquérir le cœur et le porte-monnaie (grâce à des produits dérivés divers et variés) des quelques 650.000 spectateurs qui sont venus l’applaudir (dont le président Mitterrand), avec sa troupe de musiciens. Le lyonnais dit avoir été profondément marqué par les gens du cirque plus jeune, et cette idée de parasiter un lieu, pour une nuit, le temps d’un spectacle. Aussi, non content de jouer à guichets fermés dans les plus grands stades européens, comme Wembley ou le magnifique Stade Olympique de Barcelone (voir la liste des lieux de concerts en pied d’article), qui sont déjà des lieux de musique, jarre s’est approprié des lieux tels que le Mont Saint-Michel ou la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle, en y plantant son propre « chapiteau ». L’équipe de production et lui-même ont reçus une Victoire de la musique pour cette tournée, qui faisait rêver jusqu’aux américains, avec une équipe, à 80%, française (société Crossroads): sons, lumières, pyrotechnie, etc. Il a également tiré partie des musiciens locaux (tels les joueurs de guitare flamenco à Barcelone ou à Santiago). Des choristes étaient engagés sur le lieu même de la représentation.
> Jarre trace la route
C’est le fabricant de montre suisse Swatch qui parraine la tournée. Plus de 200 techniciens étaient sur le pont tous le jours pour procéder à l’installation de la scène aux volumes considérables prévue pour déployer ses écrans géants et ses 400 lasers dont 5 dynamiques (projetant des figures sophistiquées) sur les sites les plus hétéroclites. La scène mesure 150 mètres de large, et comporte 12 écrans de 6 à 25 mètres (!) de haut. La sonorisation stéréophonique de ces concerts en extérieur représentait 72 haut-parleurs de 1.500 watts chacun. Cette expérience sonore était également au centre des intérêts de cette première « vraie » tournée (si l’on ne compte pas la Chine en 1981). Pour se représenter le côté gargantuesque de cette production, il faut savoir que deux scènes étaient utilisées, une étant démontée pendant que l’autre était remontée ailleurs.
> Origine de la « Jarre team »
Les concerts duraient de l’ordre d’une heure trois-quarts, 2 heures. Jean Michel avait, essentiellement, un grand clavier circulaire lumineux (en fait un contrôleur MIDI), une variante de celui vu à Houston. Sur scène avec Jean-Michel, trois claviéristes : Dominique Perrier, Francis Rimbert et Sylvain Durand, à la basse, Guy Delacroix, qui était déjà de l’aventure La Défense, le percussionniste de Bernard Lavilliers, Dominique Mahut, le batteur Laurent Faucheux, la soprano Julie Lecresnais qui intervenait sur Chronologie 3, et bien sûr, le french guitar-hero Patrick Rondat. Tous les hommes que je viens de citer compose ce que les fans appellent généralement la « jarre team » (D’autres préfèrent évoquer le groupe de La défense). L’album Chronologie est repris au complet, à l’exception de Chronologie 7 qui a été juste réutilisé pour des transitions entre morceaux, plus les classiques Equinoxe 4, L’orchestre sous la pluie, Chants magnétiques 2 et rendez-vous 4 (avec un solo de guitare différent chaque soir) qui complètent le tir.
> Des spectateurs français, avec billets, coincés dans les bouchons
La polémique sur les gens qui sont resté coincés une dizaine d’heures dans leurs voitures sur les route de Normandie, ou à Versailles a tendance à occulter le côté magique de ces concerts, qui sont uniques, et à bien y regarder, artistiquement très au point. Évidemment, ce doit être terrible de payer sa place et d’être otage de sa voiture, mais l’organisation des concerts n’est pas seule en cause ici ! Jarre ne fait pas partie de la DDE !
> Merchandising
C’est fou le nombre de produits dérivés qui ont pu naître de cette tournée. Cette photo prise par un fan en donne l’illustration parfaite. Cliquez dessus pour l’agrandir).Les produits dérivés de la tournée et ses posters, tee-shirts, etc. > J’en profite pour indiquer à tous les fans qui ont pu assister à ces concerts, s’ils veulent témooigner de leur expérience (positive ou négative) sur mon blog, qu’ils me contactent par ce formulaire, j’y répondrais, avec plaisir.
> Liste des concerts de la tournée Europe in Concerts
[assortis de quelques commentaires ponctionnés sur le site très complet de Damien Cohas] :
1. Mont Saint-Michel, France - 28 juillet 1993 (60.000 spectateurs)
2. Lausanne, Suisse – 1er Août 1993, jour de la fête nationale suisse (40.000 spectateurs)
3. Budapest, Hongrie – 19 Août 1993 (45.000 spectateurs) Prague avait été retenu au départ, mais finalement cette date fut annulée.
4. Bruxelles (Heysel), Belgique – 24 Août 1993 (75.000 spectateurs) À l’occasion de l’anniversaire de son père, David Jarre entame un retentissant « Happy Birthday » en son honneur à la guitare électrique.
5. Londres (Wembley Stadium), Royaume-Uni – 28 Août 1993 (50.000 spectateurs).
6. Manchester, Royaume-Uni – 1° Septembre 1993 (40.000 spectateurs).
7. Marseille (Stade Vélodrome) – 5 Septembre 1993 (40.000 spectateurs).
8 et 9. Berlin (amphithéâtre du Waldbuhne), Allemagne – 11 et 12 septembre 1993 (40.000 spectateurs sur les deux dates).
10. Montauban, France – 21 septembre 1993 – (40.000 spectateurs) L’association AIDES avaient profité de l’événement pour distribuer des préservatifs dont l’enveloppe était le logo de Chronologie.
11. Versailles, France (Place d’Armes du Château) – 24 septembre 1993 (100.000 spectateurs) Certains spectateurs n’ont pas réussi à gagner leur place, bloqués par des embouteillages. Les places se vendaient encore l’après-midi du concert à 180 francs.
> Lire à ce sujet : l’article de presse sur les concerts de Versailles et Montauban sur la site Tout Jarre.
12. Santiago, Espagne (devant la cathédrale Saint Jacques de Compostelle) – 29 novembre 2003 (30.000 spectateurs) Avec un groupe de flamenco (guitare et danse andalouse) pendant Digisequencer.
13. Séville, Espagne (à l’emplacement du site de l’Expo Universelle de Séville en 1992) 2 Octobre 1993 (30.000 spectateurs).
14. Barcelone, Espagne (Stade Olympique) – 6 Octobre 1993 (30 000 spectateurs) De nouveau, un groupe de flamenco pendant Digisequencer.
Et enfin, quinzième et dernière date de cette tournée :
15. Tours, France - 16 Octobre 1993 (40.000 spectateurs).
> Track-list du concert de Séville
(chacun des 14 autres concerts a quelques variations par rapport à ce concert de fin de tournée, mais il serait fastidieux de les présenter tout ici) :
- Chronologie 1
- Equinoxe 4
- Chronologie 2
- Chronologie 3
- Chronologie 4
- Chronologie 5
- Digisequencer
- Chronologie 6 (avec une nouvelle introduction, vidéo ci-dessous, son pas optimum, mais belles prises de vue, notamment de la scène, au bord du plan d’eau… Féérique !)
- Les chants magnétiques 2
- Chronologie 8
- L’orchestre sous la pluie (à l’orgue de barbarie)
- Oxygène 4
- Rendez-vous 2
- Rendez-vous 4
- Chronologie 4 (bis)
- Les chants magnétiques 2 (bis)
> Captations
Une cassette vidéo VHS fut réalisée, il fût un temps pensé utiliser les images du concert de Versailles, mais ce fût finalement Barcelone qui a été retenu, sous les caméras du réalisateur Gérard Puliccino. Le concert fut diffusé sur France 2, et c’était ainsi que j’ai pu suivre »mon » premier concert de Jarre !
Jean Michel a repris le dispositif scénique d’Europe en concert pour son concert de Hong-Kong, l’année suivante, en 1994. D’ailleurs, sur cet album, ce sont des captations audios du concert de Wembley de cette tournée, qui furent utilisées.
> Ressources sur le web
Voir la page de Julien Prat sur la Tournée « Europe in concert ». (Site complet de Julien Prat)
7 juillet 2008 à 11:29
Olivier C. m’a écrit:
J’ai assisté au concert du mont-saint-michel, que j’ai trouvé génial, après avoir passé plus de 4 heures bloqués dans les embouteillages sur la route de Pontorson… Ce n’est pas l’organisation du concert qui à crée ses bouchons mais plutot, les flics qui étaient chargé d’aiguiller les automobilistes vers le mt-st-Michel qui se sont carrément planté… J’en veux pour preuve que j’y étais…