Avec « Rendez-vous Houston », le 5 avril 1986, Jean Michel Jarre amplifie encore l’expérience de concert de masse de la Concorde. Record du monde d’affluence, musique futuriste, tous les ingrédients sont réunis pour un spectacle exceptionnel. Sorti de l’expérience New-Yorkaise de Zoolook, Jean-Michel Jarre est sollicité par les américains pour composer un spectacle, qui, encore aujourd’hui, est le souvenir le plus vif pour le grand public en matière de concerts de Jarre. En 1986, l’état du Texas, dont Houston est la capitale, fête ses 150 ans, et de son côté, la NASA, l’agence spatiale américaine célèbre ses 25 ans. C’est Bruce McCandless qui téléphone à Jean Michel pour lui parler de l’événement auquel il veut l’associer. Cet astronaute a pour particularité d’avoir été le premier à avoir librement marcher dans l’espace. Ce sera lui qui lui présentera Ron Mc Nair. Jarre, au départ plutôt attiré par des villes plus emblématiques et étendues comme New York ou Los Angeles, finit par accepter de se rendre en repérage sur le futur terrain de ses exploits, avant de déclarer être « tombé amoureux de la skyline » (la découpe des immeubles dans le ciel) texane. La représentation, gratuite, a lieu pendant le festival de la ville, où de nombreuses animations musicales peuplent les rues. Mais le pari artistique est risqué, car, dans cette Amérique profonde, peu de gens connaissent encore Jarre. À l’arrivée, les commentaires seront élogieux.
> Un concert chargé d’émotions
C’est en deux mois de temps que jarre boucle l’album Rendez-vous qui va servir de trame à ce « Cities in Concert », le futur Rendez-vous, en pensant à ce concert particulier. En rencontrant un des astronautes américains, Ron Mc Nair, passionné de jazz, Jarre décide d’inclure dans son concert une partition de saxophone exécutée et enregistrée depuis la Navette Challenger (une première mondiale). Ce titre devait s’intituler VIIème Rendez-vous. Malheureusement, la navette à bord laquelle place prend place Ron et ses 6 compagnons d’odyssée explose quelques secondes après son décollage, en direct à la télévision, le 28 janvier 1986, soit trois mois avant le concert. Ron Mc Nair passera même un dernier coup de fil à Jarre le jour du lancement en lançant cette phrase : « Tout est en place. Rendez-vous dans une semaine. Regarde-moi décoller ». Jean Michel, très abattu par la disparition de son ami, a le désir d’annuler le concert prévu, mais les responsables de la NASA le convainquent de tenir malgré tout le concert, ce qu’il accepte, en l’honneur des astronautes disparus.
Un montage de tableaux, un cerscendo d’émotions, un voyage dans la mémoire américaine, du crash de Challenger au sourire de Kennedy, du mythe de l’Ouest à la statue de la Liberté. Une synchronisatio rigoureuse enchaîne le son, les feux d’artifices, les ballets des projecteurs DCA de l’armée et les images géantes sur des écrans de deux cent mètres (!) de haut. L’ère du MIDI coexiste avec les vestiges de l’analogique. (…) La musique a changé. Elle a été conçue pour ces grands espaces ouverts, pour respirer et planer au-dessus de la foule : amples mouvements symphoniques, refrains populaires et immédiats, association de l’image et du son, avec l’utilisation spectaculaire de la harpe laser, mélange de sons synthétiques et de voix humaines, des séquences mécanisées et d’un saxophone émouvant, mise en scène baroque et déploiement hypertechnologique. Même les partitions défilent sur ordinateur, grâce à Jean Poncet. [Claviers magazine, 1990]
> Des problèmes techniques
Arrivant au Texas avec ses collaborateurs français et des malles pleines de synthétiseurs, Jarre a un premier souci : ses enregistrements (séquences et sons) ont été effacés au passage aux rayons X, ce qui oblige le musicien français a tout réenregistrer en quatrième vitesse. Autre pépin pour l’organisation du concert : le plus grand des écrans est déchiré avant d’être mis en place ! Enfin, plusieurs jours avant le concert, un énorme orage endommage sérieusement le matériel déjà installé. Un véritable déluge, selon les témoins du temps. Les pompiers demandèrent même d’annuler le concert, en raison des risques liés aux feux d’artifice en milieu urbain ! Mais Jean Michel et la production, entre toutes ses interviews pour les médias américains, a toujours l’énergie pour remédier à tous ses problèmes. En revanche, il y a cet éclat de feu d’artifice qui, en atterissant sur scène, reste coincé entre deux touches d’un clavier, provoquant un bruit continu qui perce dans les casques retours, et là, ce n’est juste pas de chance.
Sur scène, le lyonnais exhibe son clavier demi-circulaire lumineux (clin d’œil à Rencontres du troisième type ?), sa harpe laser et ses synthétiseurs portables. À ses côtés, pas moins de cinq claviéristes, dont son collaborateur le plus proche, Michel Geiss. C’est aussi le premier de la longue liste des présences du (toujours) jeune Francis Rimbert à ses côtés. En dehors de l’album Les chants magnétiques, occulté de la track-list, tout le répertoire jarrien est représenté, dont quelques morceaux depuis rares, comme Equinoxe 2. Le morceau composé initialement pour Ron Mc Nair est interprété par Kirk Whallum (joueur de Jazz-rock), avec un hommage appuyé aux victimes de Challenger et leurs familles.
> Le concert des records
Au total, plus d’un million et demi (chiffres du Guinness Book des records) de texans assisteront à ce concert géant. Le spectacle est tellement hallucinant que les automobilistes d’une autoroute avoisinantes stoppent leurs véhicules sur place, forçant la police à fermer l’autoroute !
Les projections lumineuses sont effectuées sur des écrans suspendus aux buildings. Ce sont Mark Fisher et Richard Lorion qui assurent le choix des images. Des images de la NASA et des portraits de Jean Michel sont notamment diffusés. Les feux d’artifices de Daniel Lanzacot illuminent le ciel de Houston. Certains spectateurs seront recouverts de poussière et de poudre, à cause de l’orientation du vent qui changeât le soir du concert, c’est-à-dire à partir de 22 heures. Christian Bourret assure la direction artistique de l’ensemble, et ce sera le début d’une collaboration avec Jarre qui dure encore jusqu’aux années 2000 ! Ce spectacle reçoit une Victoire de la Musique du meilleur spectacle musical amplement méritée.
Beaucoup de personnes regrettent qu’il n’y ait pas de vidéo de bonne qualité pour un évènement musical d’une telle portée.
> Track-list du concert :
- Ethnicolor
- Oxygene 1
- Oxygene 2
- Oxygene 4
- Equinoxe 7
- Souvenir de Chine
- Equinoxe 4
- Equinoxe 2
- Equinoxe 5
- Rendez-vous 3
- Rendez-vous 2
- Oxygene 5
- Ron’s Piece (alias Rendez-vous VI sur l’album éponyme)
Rendez-vous 4
> Musiciens
Voici la liste des musiciens du concert, sachant qu’il n’y avait pas de bassiste à cette époque.
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Jean Michel Jarre, Michel Geiss, Sylvain Durand, Dominique Perrier, Francis Rimbert et Pascal Lebourg (synthétiseurs)
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Jo Hammer (batteur de Balavoine et Goldman, entre autres) et Dino Lumbroso (percussions)
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Kirk Whalum (saxophone sur Ron’s Piece, alias Rendez-vous VI)
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Chorale : High School of Performing Arts, The singing boys of Houston
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Soprano : Christine Durand.
6 novembre 2007 à 21:05
En arrivant aux usa pour les préparatifs du concert, les disquettes contenant le necessaire pour faire la musique ont été éffacé par les rayons x à la douane, Jean-Michel Jarre et son équipe ont été obligé de ré-enregistrer certaines séquences. Jarre s’est aussi tapé une amende de 100 dollars pour tapage nocturne (les répétitions du concerts la nuit).
Source : globe trotter
22 mars 2010 à 14:12
Quelqu’un en sait-il plus sur Pascal Lebourg ? Comment JMJ l’a-t-il rencontré ? Q’est-il devenu depuis ?
21 février 2017 à 12:15
Mon ami, je remarque deux petites erreurs dans ton résumé, Richard Lorion, que j’aime beaucoup, n’a jamais choisi les images pour le show. Richard était mon graphiste qui a réalisé les vues (Story Board) pour la présentation du projet a la presse et au client, et cela sur mes indications et celles de Jean Michel. Et Mark Fisher, cette extraordinaire scénographe n’a pas participé d’aucune manière, ni au choix des images ni à quoi que ce soit dans la conception du projet. Il a pu donner 2 ou 3 conseilles a Jean Michel, mais n’a jamais participer a aucune réunion de création durant la gestation du show. C’est Jean Michel Quesne qui sur les indications de Jean Michel et moi-même que les images on était conçue. Voilà juste une petite précision pour ton très joli commentaire sur Houston. Merci. Christian Bourret
20 octobre 2023 à 21:48
SL CHRISTIAN A TU DES SOUVENIRS DU CONCERT HOUSTON ET JEAN MICHEL REPETTE DE MUIT
EXISTE T IL VIDEOS CONERT HOUSTON AVANT CONCERT ET APRES CONCERT ????????????
ET PK JEAN MICHEL ET QUI L Y A PEMSER A LE FAIRE ……….