Cette année 2007 est une année chargée pour Francis « Bunny » Rimbert, puisqu’il sort un DVD (Live à Croissy), se produira en concert au profit d’Handicap international le 16 septembre 2007, Salle Victor Hugo, à Lyon et sort un CD de11 titres, Snapshots, sous le label C.Zen Prod. Prenons quelques instants, si vous le voulez bien, pour tenter de saisir ses « Snap shots » : 11 titres qui portent des heures de la journée :
06 :45 am / Dawn of light : Après une introduction bercée de complaintes croisées de guitare sèche, électrique et d’un son de flûte, la musique s’installe dans une rythme svelte de batterie et de deux couplets dont la mélodie n’est pas sans évoquer les films de Robert Enrico ou d’autres. Du refrain, démarre une montée hypnotique de sons de cordes qui trouve une résolution convaincante dans l’utilisation ultime d’un ensemble de sons plus graves.
12:31 am / Victory : Sur une texture de fond qui m’évoque La Cage, une œuvre de jeunesse de Jarre (un synthétiseur ARP ou une émulation de ce genre d’engin préhistorique), Rimbert pose quelques nappes « équinoxienne ». Une palette de sons qui s’enrichi bientôt de sons un peu plus cuivrés du plus bel effet. Les cloches tubulaires entrent en scène, sur une base de plus en plus groove, avant de se conclure par un solo très inspiré. Superbe et très pur.
07 :47 am / Hidden Movie : Dès les premières notes de boîte à musique, la machine à remonter est enclenchée : quatre accords qui nous replonge dans les années John Barry. Des incursions à grandes enjambées dans le swing électronique, avec claps et violons : le film se construit sous nos yeux, au gré de ces sauts de cymbales. Le morceau se termine là où il nous avait pris par la main. Clap-clap de fin.
10 :53 am / Somewhere in July : Son d’harmonica, piano spatial et trompette synthétique, l’ambiance jazzy se prolonge autour de quelques arpèges qui tournent comme les pales d’un ventilateur dans un lieu estivant. Fermez les yeux, vous êtes en Arizona. Seul petit reproche : la fin du morceau referme un peu vite cette virée hollywoodienne.
03 :15 pm / Viva la Revolucion : À l’image de son titre, c’est en un claquement de doigts que Rimbert nous fait traverser la mer vers Cuba. Tempo de merengue, Bunny fait rugir l’orgue électrique pour mettre sur orbite une guitare « santanesque ». Je regrette peut-être qu’elle ne déborde pas un plus sur le reste du morceau. Une fantaisie, totalement maîtrisée donc, mais qui manque un peu de surprises.
02 :49 am / Twim Dam Do : Rimbert esquisse au piano une mélodie chatoyante, qui est sublimée par la voix d’Angy Line et un patit air de bossa et un trompette que ne renierai pas Vangelis. Le genre de Snap Shot dont on regrette d’instinct qu’il ne se termine. Magnifique entente entre les deux musiciens !
11 :22 pm / Memory of love : La fin du monde sucrée des deux précédents titres est marquée par l’intégration de samples de voix et de speakers américains. Ici, les nappes et les violons entraînent dans leur sillage de la noirceur de leur timbre des vagues de spleen et de prophétie New-age, assez semblable à des psalmodies. On s’interroge sur le sens du point sonore final de cette immesrion de 4 minutes : « Mission completed ». Est-ce que ces mots prennent parti pour le meilleur ou le pire ?
05 :56 pm / Apocalypse :Une voix androïde dresse le portrait d’une humanité qui s’est laissé allée au pire. Les nappes « oxygeniennes » (oui, quand j’invente des mots aussi beaux, il faut bien les assumer) n’ont d’égales en beauté que les sublimes descentes de cordes. Le piano Rhodes dialogue avec la guitare planante de Patrick Rondat. L’un de mes titres préférés de cet album.
08 :57 pm / Mécanique du temps :Là, on sent que c’est une récré entre deux musiciens très talentueux, Patrick Rondat et Francis Rimbert. Le plaisir est là, la complicité bien sûr (plus de dix ans qu’ils jouent ensemble). La guitare de Rondat est plus hard, la mélodie est très carrée. La rythmique et certains effets me font fortement penser à Space Opéra. Le final est comme d’habitude, très habilement amené. Ce titre datait d’avant la composition de l’album (2006 au moins), mais il ne s’intègre pas si mal au reste qui est plus « électronique ».
04 :27 pm / Sleeping Beauty : Après la rage de l’électricité, c’est à une fugue romantique que nous convie le compositeur de « Double face », avec un ballet de cordes luxuriant. Très agréable, et un registre de plus sur cet album qui couvre décidément bien des styles différents.
06 :33 pm / R.B.F. :Comme vous, ce sigle R.B.F. m’intriguait. Après enquête (eh oui, je ne suis pas payé, mais j’espère faire cet article sérieusement), il s’agirai de l’acronyme de « Radio Bière Foot », le nom d’une émission de radio fatoche des Robins des Bois. Petit clin d’œil aux humoristes pochtrons des chaînes Comédie puis Canal +. Pour parler de ce morceau, je vais être obligé de ne pas être réécrire ce qui a été écrit ailleurs : Ça me fait penser à Rendez-vous IV !Une mélodie lancinante, des effets tourbillonnants, et une progression d’octaves qui se fond dans des chœurs numériques. Rien ne manque pour que la juméléité soit parfaite !
La pochette est l’œuvre de la fidèle Marie-Laure et d’un des plus grands fans de Jarre au monde, et de Francis, bien sûr, Radek Tymecki.
Voilà, pour me résumer je dirai que ce disque distille de très belles ambiances pas vues ailleurs, d’où sans doute, son titre « Snap Shots », de beaux moments de claviers rêveurs ou mélancoliques. Je vous le conseille vivement. Mais vu la longueur de cet article, vous le saviez à moitié déjà !
Le disque Snap Shots est disponible à la vente, avec les autres CD de Francis, Sound of Vintage 1 et 2, Double face et Mécanique du temps, sur son site officiel, dans la rubrique merchandising.
– Article rédigé par Jean-Baptiste H. –
6 novembre 2007
CD / Divers, CD et Vinyles, Disques 2000 et +, Francis Rimbert, Jarre-team