Sorti, excédé après vingt ans de musique chez Virgin, Mike Oldfield signe chez Warner Music et a une sorte d’obligation de résultat. En 1992, il dévoile le deuxième volet des aventures des cloches tubulaires sous le nom «Tubular bells II», pour tenter de raccrocher le coeur des millions de personnes qui avaient vibré au son des premières «Tubular Bells» de 1973. La pochette bleue et jaune (ci-contre) prolonge la confusion. Et de fait, si vous avez aimé le style de l’original vingt ans plus tôt, alors vous serez certainement conquis par ce disque, qui en emprunte la structure et les idées fortes. En lieu et place des deux longues pistes des seventies, ce sont deux divisions de sept mouvements (donc, 14 en tout) qui sont proposés ici. L’ambiance générale est beaucoup moins aride et plus éthérée que le premier volume. La mélodie courte de Tubular Bells a été remodelée pour simuler l’original sans la copier véritablement. Elle est introduite dès «Sentinel». Le piano solo est omniprésent, et ses ritournelles animent les parties lentes de l’album.
> Références multiples
Des incursions dans des terres musicales lointaines donnent un relief particulier à ce nouveau disque. Avec des inspirations folks (Blue Saloon, la guitare fretless et le banjo de Moonshine, clin d’œil à The Sailor’s pipe ?), celtiques (Tattoo et son feu d’artifice de cornemuses), Oldfield fait une sorte de bilan de ses albums «commerciaux» précédents (Crises, Islands, Discovery). Encore plus patchwork que ses disques antérieurs (je pense notamment au très second degré Amarok). Le titre final et ses accents disco est indigne du délicat compositeur, aussi peut-on s’en dispenser. On retrouve un autre ingrédient indispensable à une suite en bonne et due forme à Tubular bells : le « caveman » ressort du grave silence où vingt ans l’avaient plongé, dans un morceau étrangement pop et légèrement hystérique, aux reflets de Five Miles Out : Altered State.
> Ni tout à fait pareil, ni tout à fait différent
L’arrivée à la production d’un ancien de Yes, Trevor Horn, marque chez certains fans d’alors une sorte de perplexité, comme celle d’un artiste se faisant déposséder de ses propres idées musicales, en les transposant vers des sons moins « bruts » et plus « usinés ». D’autres, plus nombreux, trouveront en Tubular Bells II un achèvement moderne de la musique d’origine. La vérité est peut-être entre les deux. Les chœurs et les nappes de synthé enrobent le tout, si bien que le qualificatif « new-age » semble prendre le dessus sur l’aspect rock tourmenté de la guitare rageuse de Mike. En tout cas, pour ce qui est de Tubular Bells, l’histoire le dira, la cloche a sonné le glas de la créativité des épisodes ultérieurs. Les amateurs de guitare à la sauce David Gilmour se délecteront des très spatiaux pincements de cordes de Maya Gold. Les plus hard d’entre vous succomberont aux accès de fièvres de Sunjammer. Le milieu de l’album dégage une certaine lenteur, avec très peu de batterie, et des chants ethniques, comme une sorte de grande respiration zen assez nouvelle chez Oldfield (qui a toujours cette sorte de feu sacré, aux commandes de ses innombrables instruments).
Pour me résumer, si vous n’êtes pas familier de rock progressif, et que vous cherchez un disque sur lequel vous pourrez zapper aisément, alors n’hésitez pas trop longtemps : ce Tubular bells II est fait pour vous. Au fil des écoutes, vous découvrirez de nouvelles sensations, apaisantes et stimulantes pour l’oreille.
> Track-list de Tubular Bells II
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Sentinel (8:07)
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Dark Star (2:16)
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Clear Light (5:48)
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Blue Saloon (2:59)
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Sunjammer (2:32)
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Red Dawn (1:50)
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The Bell (6:59) et son célèbre déroulement avec présentation des musiciens par un maître de cérémonie.
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Weightless (5:43)
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The Great Plain (4:47)
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Sunset Door (2:23)
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Tattoo (4:15)
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Altered State (5:12)
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Maya Gold (4:01)
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Moonshine (1:42)
Voir aussi : L’article Mike Oldfield et le synthétiseur.
21 octobre 2012 à 23:45
Mike Oldfield est pour moi l’un des plus grands musiciens de la fin du XXè siècle, un génie née avec une partition à la place du cerveau.
On site souvent TUBULAR BELLS et AMAROK comme opus majeurs mais j’ai une plus grande attirance pour les ambiances mystiques et planantes de HERGEST RIDGE et OMMADAWN (pour moi le meilleur). N’occultons pas non plus les excellents PLATINUM,FIVE MILES OUT, CRISES, T.B II ainsi que le sublime voyage intergalactique proposé dans SONG OF THE DISTANT EARTH, pour moi le meilleur cru de la période post-virgin.
A signaler enfin que Mike, selon des sources, prépart un futur album – en prenant son temps – initialement nommé TELECASTER mais qui se nommera peut etre PARADOXE. Espérons qu’il retrouvera la flamme perdu depuis la fin des 9O’s.