L’album Autobahn est le prototype d’un genre nouveau, qu’on appellera ultérieurement new wave ou électro-pop. Ce disque n’est pas un coup d’essai pour les allemands de Kraftwerk, puisqu’ils ont déjà réalisé trois disques sous leur nom, et un sous le nom d’Organisation, qui ne sonnait pas assez allemand, en quatre ans de temps. Le duo Ralf Hütter et Florian Schneider a réquisitionné deux autres musiciens, Klaus Roeder (guitare et violon) et Wolfgang Flur (percussions). Côté production et ingénierie du son, ce disque marque la dernière empreinte de Konrad Plank, qui est, entre autres, derrière le groupe de Krautrock Can. La musique de Kraftwerk doit beaucoup aux travaux de Terry Riley, et en moindre partie, à John Cage. La pochette de l’album, une vue subjective d’un lever de soleil depuis une autoroute, est signée Emil Schult. Le visuel intérieur est celui du sigle autoroutier barré, orné des mentions : Kraftwerk et Autobahn.
Ce concept-album de 1974 s’incarne dans une journée en automobile sur les autoroutes allemandes, grande passion de Ralf Hütter, qui adore écouter sa propre musique sur l’autoradio. Le morceau-titre est composé d’une chanson aux textes dépouillés « Nous roulons, roulons sur l’autoroute », à laquelle il a été réduit pour son passage en radio. Tout le reste du disque est sans paroles. Mais remontons en voiture… Après un claquement de portière, divers bruitages viennent ponctuer ce parcours imaginaire. Le titre-fleuve se prolonge dans deux longs tunnels de séquences répétitives, suivis d’une variation du début, avec la reprise en canon du célèbre Fahr’n, fahr’n, fahr’n on der Autobahn… et d’une montée hypnotique de synthétiseur Moog. Les effets stéréo pleuvent.
> Quatre morceaux assez inégaux
Le morceau suivant, Kometenmelodie 1, est une lente plongée dans les entrailles sombres du moog, assez monocorde. Kometenmelodie 2 propose une trame de boogie électronique (telle qu’on en retrouvera chez des grands groupes comme Depeche Mode dans les années 80), avec une basse synthétique (semblable à celle d’Equinoxe V), d’une rythmique à quatre temps implacable et une mélodie ondulante qui s’étoffe au fil du morceau.Vient ensuite deux morceaux qui ajoute l’insolite à la maîtrise technique. Mitternacht (en français, minuit), qui pose différents effets (souffle, bruits blanc, égouttements) comme autant d’éléments d’une musique très conceptuelles. De là il faut aussi rappeler la formation artistique de Ralf et Florian. Enfin, Morgenspazeirgang (Marche du matin), un morceau qui promène sa flûte pastorale sur des accords de piano léchés, très peu en accord avec le thème de l’album… Sans doute que la destination est atteinte, et que l’on a quitté son bolide pour poser ses yeux sur le spectacle serein d’un coin d’Allemagne relaxant.
> L’héritage fécond de Kraftwerk
En fait, cet album, s’il n’est pas 100% rempli d’électronique, se révèlera comme la promesse d’une intégration plus large du synthétiseur comme élément moteur de composition (l’analogie automobile, toujours !). C’est ce qui transparait du culte que lui voue un grand nombre d’artistes « techno ». D’ailleurs même des artistes pop comme Coldplay ont repris des compositions de Ralf et Florian.La forme qui fera la gloire de Kraftwerk s’est dessiné avec le succès de cet album « typiquement allemand » pour reprendre les termes du groupe. Il sera même classé cinquième des ventes aux Etats-Unis ! Même si la composition du groupe changera occasionnellement, le carré de musiciens deviendra le socle de tous les albums créatifs de la fin des années soixante-dix, à commencer par l’excellent Trans-Europe Express, considéré à juste titre comme le meilleur de la formation du Kling Klang Studio.
> Track-list de l’album
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Autobahn (22:30) et son vidéo-clip de Roger Mainwood de 1979, en image par image.
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Kometenmelodie 1 (6:20)
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Kometenmelodie 2 (5:44)
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Mitternacht (4:40)
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Morgenspaziergang (4:00)
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16 décembre 2007 à 21:04
au sujet de l,album « autobahn » kraftwerk écoutait toujours leur « maquette » dans leur grosse mersedes noir ,ils roulent,ils roulent puis a un moment la mersedes passe devant une « centrale electrique » et là tout les 4 cris!! kraftwerk (passage lu dans :le secret des hommes machines) stephane