Vangelis – Heaven and Hell (1975)

Le coffret Albedo 0.39, Heaven and Hell et Spiral.J’ai eu la chance d’écouter ce disque que j’ai trouvé dans un coffret qui comprenait la quintessence ou presque de Vangelis dans les années 70, à savoir : Heaven and Hell, Albedo 0.39, et Spiral. Avoir écouté « So long, so clear » sur un des best-of de l’artiste ne permet pas de saisir l’esprit de ce disque, qui, s’il s’intitule « paradis et enfer », en contient certainement un sacré paquet. La pochette de l’album représente deux gants en caoutchouc ou vinyle munies d’ailes d’anges qui semblent descendre en piquet sur un clavier.

Composé de deux longues pistes (22’05 et 21’20), « Heaven and Hell » est le premier disque publié par le grec sous le label RCA. Il a été enregistré au studio Nemo de Londres en septembre 1975. Mais passons à la critique.



> Première piste : le paradis ? 

La pochette 'infernale' de 'Heaven and Hell'Les chœurs omniprésents sont assurés par l’English Chamber Choir. La première section de la piste 1 est une sorte de ping-pong de 4’40 renvoyant avec fracas un serpentin psychédélique de synthétiseurs contre un thème central assez céleste (pour autant que le chant des anges ait pu atteindre l’oreille de simples mortels) ponctuée d’envolées de clavier Rhodes. La deuxième section s’organise davantage comme une pièce classique, avec des accents baroques. Le piano de Vangelis martèle un thème à la Carmina Burana avec des traînées de synthétiseurs aériens. Le piano Celesta puis les cloches et cymbales entrent en scène, avant de ralentir sur une ébauche de Chariots of Fire, commandé par des chœurs, et de petites fugues pianistique qui accentuent la densité des parties orchestrées. À 12’50, le piano romantique de Vangelis nous berce jusqu’à un pic d’intensité qui débouche sur cinq accords lancinants merveilleusement enrobées des frimas électroniques. Cette délicieuse pièce de musique sera utilisé pour la série de vulgarisation scientifique de Carl Sagan intitulée Cosmos, en 1980, ainsi que d’autres titres de cette époque. La troisième section, qui sera édité ultérieurement en single, s’intitule « So long, so clear », et est interprété par l’ami de Vangelis Jon Anderson. Jon et Vangelis se sont rencontrés lors de l’audition de Vangelis pour le remplacement de Rick Wakeman derrière la pile de claviers de Yes. Le chanteur à la voix cristalline et son accompagnant au Rhodes tapissent de velours de longues minutes d’un air planant redoutablement efficace, et bien équilibré. 



> Deuxième piste : l’enfer ?

La deuxième piste débute d’une manière inquiétante voire glauque, avec une bande-son d’un film à suspense ponctuée de bruits fantomatiques. Cette brume synthétique (curieusement raccord mélodiquement avec le morceau précédent) illustre dans mon esprit… le purgatoire, tant elle est vierge des autres atmosphères du disque. En deuxième section, un air de « polka électronique » permet de faire le plein de sons décalés et divertissants. Caractéristique de cette composition : de courts silences sont insérés entre refrains et couplets. La troisième section est encore plus étrange : nous plongeant dans des chants religieux, elle déborde ensuite sur une trame bruitiste assez saisissante, ponctuée de percussions martiales. Les chants religieux se poursuivent plus loin, repris par une soliste avec tremolos et larges nappes de synthétiseur. L’avant-dernière section souffre de son orchestration alourdie d’une caisse claire et d’un triangle, et d’une mélodie malheureusement assez prévisible. La dernière section, elle, est un atterrissage en douceur dans de sucrées paysages de synthétiseurs. 



> Le critique n’est pas un ange…

Ce qui relie les différents éléments de ce disque « progressif » à bien des égards, c’est moins son thème qui me semble-t-il, s’est un peu égaré en cours d’album, que la grande richesse des emplois des synthétiseurs, et la facture classique de certains arrangements, que Vangelis va cultiver par la suite. Je parle de progressif en arguant de la présence de Jon Anderson pour cette première collaboration, pas tant de la virtuosité du maître, qui s’exprime surtout sur la première piste. >> La troisième section de la partie 1  en vidéo :Image de prévisualisation YouTube

Lire aussi : Vangelis et le synthétiseur

À propos de Jean-Baptiste

Né en 1977. je ne vis pas de l'écriture, je ne vis pas pour la musique, mais je suis en quelque sorte à mi-chemin des deux. Peut être. ou pas.

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8 Réponses à “Vangelis – Heaven and Hell (1975)”

  1. ChatNoir Dit :

    Pour les puristes voici la trackliste de cet album

    Partie 1 :

    « Bacchanale » ? 4:40
    « Symphony to the Powers B » (Movements 1 and 2) ? 8:18
    « Movement 3 – Theme from Cosmos » (from « Symphony to the Powers B ») ? 4:03
    « So Long Ago, So Clear » ? 5:00

    Partie 2 :

    « Intestinal Bat » ? 3:18
    « Needles and Bones » ? 3:22
    « 12 O’Clock » (in two parts) ? 8:48
    « Aries » ? 2:05
    « A Way » ? 3:45

    ..::Webmaster::.. Excellente initiative. J’applaudis.

  2. Veridis Dit :

    Symphonie to the power B, un morceau d’anthologie, quel compositeur pouvait se vanter à cette époque là de composer un tel morceau, mélange de synthés, choral, un avant gout de se qu’il fera plus tard avec l’album Mask, Vangelis nous prouve déjà à l’époque qu’il est capable d’une maîtrise incomparable des instruments mais aussi des styles. Et puis il faut le dire « fallait y penser ! Mélanger les claviers et la choral homme/femme » :-)

    ..::Webmaster::.. Certains passages me collent le frisson… Je préfère moi aussi Mask (un disque assez peu commenté) à Heaven and Hell, et pourtant je les aient écoutés quasiment simultanément sans regarder la date au dos de la pochette.

  3. oupss Dit :

    « Les chants religieux se poursuivent plus loin, repris par une soliste avec tremolos et larges nappes de synthétiseur » c’est jon anderson qui chante !!!!

  4. veridis Dit :

    le morceau 12′o clock a été utilisé dans les années 80 pour une pub de l’unicef

  5. STEPHANE Dit :

    C,est quand meme beau cette fin d,année 2007, jarre fete les 30 années d,OXYGENE et vangelis les 25 années de BLADE RUNNER.J,ai écouté blade runner 25th ,le maitre n,a pas perdu se vérve et son mysticisme poetique ,c,est fabuleux d,avoir ajouté de nouvèlles compositions sur un tel film,j,adore cette nouvelle embiance ,cette force que « seul » VANGELIS » possède.On le voit PEU a la télé, mais il donne TOUT a ses fans,et ça c,est du grand ART!!!. stephane

  6. Mmarkus Dit :

    Merci pour la listes des titres approfondis, la pluparts des edition n’en font hélas pas justice, ni pour une séparation des plages.
    Heaven hell plus pompeux de 1975 avec 2 grande plage de plus de 20 minutes plein de changements, avec peut-être quelques faiblesses ça et là (la 1ère partie, à cause peut-être d’une grande insistence dans les redites et redondances surtout « Bacchanale ») très orchestral et plein de choeurs mélangé aux Claviers électroniques au sons parfois bien magique. Pourtant le theme from Cosmos et superbe, comme d’ailleurs la chanson avec Jon Anderson « So long ago, so clear ». Le début de la seconde partie me rappelle un peu les délires de « Beaubourg » 3 mn de soundtrack pour se faire peur, la petite perles séquencé « Needles and Bones » préfigure bien les chinoiseries qu’il fera par la suite, et reste un bel exemple de musique électronique pure du début des seventies. 12 O’Clock est magnifique par les mélodies et les voix (la partie calme, qui contraste singulièrement avec l’autre un peu trop exité a mon goût). « Aries » renoue un peu avec les excès typique du début de la première face, curieux un passage ressemble furieusement a un théme de Tangerine Dream, Statosfear! même époque, même combat? Le final « A way » en douceur magnifique très mystérieux noyé dans une sorte de nostalgie profonde.

  7. Pierre Dit :

    Beaucoup trop pompier à mon goût…sauf la chanson « So long Ago so clear » porté par la magnifique voix de Jon Anderson, la « Bacchanale » et la conclusion de la 2ème face, je trouve le reste très kitsch.

  8. Mario Dit :

    Dans la partie 2 d Heaven and Hell personne n aura reconnu les variations d un theme de paganini opus 35 de Brahms? C est pourtant flagrant.

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