En cette année 1976, Vangelis se pose en astronome des sons synthétiques en proposant comme titre d’album l’indice de réflexion de la Terre (Albedo 39%). Le morceau-titre est plage planante, nécessairement planante, qui comprend une voix monocorde qui édicte les mesures spatiales de la planète bleue. « Freefall » est une promenade pastorale à travers différents timbres de synthétiseurs, qui se déroule sur une routine de percussions déglinguée. Le titre suivant, « Mare Tranquilitatis », est une courte bande-annonce digne de « 2001, l’Odysée de l’Espace », avec voix d’astronautes et sons circulaires qui forment une voute céleste imaginaire. La « Main Sequence » est une sorte de transposition du synthé dans le contexte du free-jazz, avec des grappes d’accords complexes qui se résolvent dans des leads survoltés. Le tempo du morceau baisse progressivement autour de la sixième minute de fracas de toms de batterie, jusqu’à se déliter dans un long thème majestueux, au son cuivré si caractéristique des classiques de Vangelis, qui augure du court morceau suivant, « Sword of Orion », et son romantisme échevelé.
> Les deux « tubes »
« Pulstar » et « Alpha » comprennent tous deux des séquences enregistrées d’horloge parlante, respectivement en sa fin et en son début. Pulstar inaugure l’album avec vélocité, ses pêches d’orchestre et la pulsation rapide de sa basse. Vangelis orne ses jolies boucles mélodiques d’effets stéréo bluffants, notamment un son assez proche de la pédale wawa, plus de bruitages divers, dont un élément de soufflerie qui donne un aspect de chute verticale. C’est une belle entrée en matière pour l’album. Alpha consiste en une mélodie posée sobrement sur un chapelet de notes qui s’égrènent comme un goutte-à-goutte. À partir des deux minutes trente, la mélodie lancinante enfle en grondements de synthés et de cuivres, avant de se muer vers sa toute fin en pièce pop-orchestrale.
> 12 minutes très progressives
« Nucleogenesis », morceau exquis, commence par quelques accords d’orgue d’église, avant de se caler dans le sillage d’une basse proche de celle de Pulstar. Ce sont dès lors des variations d’une créativité vertigineuses par le biais de sveltes descentes d’octaves. Le génie de ce premier Nucleogonesis vient du changement constant de style qu’il impose à l’oreille : tour à tour vif et apaisé, Vangelis se livre ici dans un registre plus prog-rock (je fais référence au casting de remplacement de Rick Wakeman, lequel vient de livrer, à l’époque d’Albedo 0.39, ses deux meilleurs albums solo) que néo-classique. « Nucleogenesis part 2 » ajoute aux recettes de la partie 1 un rapport un peu plus « groovy » et un peu moins mathématique à son interprétation. La deuxième moitié du morceau surprend : tout d’abord par l’adjonction d’un thème de cantique de Noël, ensuite par le son d’un téléphone à cadran, qui interrompt abruptement tous ces développements intéressants. Le final grandiloquent de ce Nucleogenesis semble finalement accolé au reste, ce qui m’a toujours gêné, et m’amène à mon mot de conclusion.
Ce disque manque vraiment d’homogénéité selon moi. S’il explore de nombreux styles, il n’en tire pas toutes les substances, et la durée même des morceaux n’aide pas à circonscrire le propos avant-gardiste du prométhéen Vangelis tel qu’il le réalisera l’album suivant avec Spiral.
> Track-list complète d’Albedo 0.39
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Pulstar – 5:45
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Freefall – 2:20
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Mare Tranquilitatis – 1:45
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Main Sequence – 8:15
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Sword of Orion – 2:05
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Alpha – 5:45
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Nucleogenesis (Part 1) – 6:15
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Nucleogenesis (Part 2) – 5:50
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Albedo 0.39 – 4:30
Lire aussi : Vangelis et le synthétiseur.
20 novembre 2007 à 13:03
Avez vous remarqué la ressemblance flagrante qu’il y a entre « main sequence » et « la cage » de Jarre qui est quand même sortit quelques années plus tôt ?
Concernant le reste de l’album je trouve que certains morceaux ont très mal vieillit comme « Alpha » qui est un très beau morceau mais qui meriterait d’être retravaillé.
Qu’en pensez vous ?
..::Webmaster::.. C’est vrai que la similitude avec »La Cage » est assez troublante. La rythmique est quasiment identique. Quand au reste de l’album, je suis bien de votre avis, le son est très « daté ». À mon tour de poser une question. Je me demande si la pochette de l’album est un client d’oeil, conscient ou inconscient au ‘Dark Side of the moon’ de Pink Floyd, sorti deux ans plus tôt ?
23 novembre 2007 à 11:30
Je n’ai jamais identifier l’objet que l on voit sur la pochette de cet album (un verre avec une sphère, peut être notre planète à ses débuts ?) en tous cas elle reste bien mystérieuse cette pochette… Où voyez vous le clin d’oeil à « the dark side of the moon » ?