Deux ans après le succès du Grand Bleu, Eric Serra et Luc Besson consolident leur fructueuse collaboration avec la bande originale du film Nikita. Le film, qui met en scène Anne Parillaud (qui épousera Jean Michel Jarre en 2005) dans le rôle d’une femme tueuse à gages, est propice à de nombreuses illustrations sonores. Avec la reconnaissance du Grand Bleu (trois millions d’albums bleus écoulés), Serra fonde son studio d’enregistrement, X-plore, et sa propre compagnie de production, the X-Plorians. Cette B.O. récoltera un César de meilleure musique de film en 1989, et une nomination aux Victoire de la musique variétés. Le style, même si la partie rythmique et basse a beaucoup de similitudes avec le Grand Bleu, est plus sombre. L’aspect synthétique est nettement plus poussé que dans les travaux précédents. Les titres en exergue de cet album sont Learning Time, ЛPOKMOP et The Dark Side of Time.
Malgré quelques longueurs, l’intérêt de l’album réside dans les contrastes entre larges nappes de synthés et notes martelées. La basse fret caractéristique de Serra se dandine dans une grammaire musicale urbaine, chic et soyeuse. L’influence d’albums comme Revolutions sur certains morceaux est incontournable (ЛPOKMOP ) Curieusement, l’aspect orchestral a été mis de côté pour la composition de Nikita, préférant alterner des climats jazzy (A smile) ou purement synthétiques et atmosphériques. Le Serra symphonique viendra plus tard…
Serra déclare au journaliste de Cinezik, Benoit Basirico, le 18 décembre 2006 :
Même si l’univers du film est différent, je trouve que la musique est dans la lignée de celle du Grand Bleu, c’est essentiellement du synthétique. Je me suis tellement amusé avec les ordinateurs, que j’ai programmé des parties de basses alors que je suis bassiste. Je programmais même le bruit des doigts. Cet hyper-réalisme me faisait rire, comme un peintre alors que la photographie existe. C’est une passion. Car cela me prenait plus de temps que si je faisais la même chose avec ma basse. Je venais en plus (grâce au succès du Grand Bleu) de m’offrir mon premier studio. Nikita était donc pour moi le summum de la programmation synthétique.
Pas le meilleur disque pour commencer à apprécier le travail de ce français brillant.
21 décembre 2007 à 19:57
« L?influence d?albums comme Revolutions sur certains morceaux »
Et l’influence du même synthé hyper populaire à l’époque : le D-50 de chez Roland