En 1992, pour les cinq-cent ans de la découverte de l’Amérique, Ridley Scott tourne le long-métrage 1492, Christophe Colomb, avec Gérard Depardieu et Sigourney Weaver. C’est donc Vangelis qui va une nouvelle fois être chargé de la mise en musique, eux, qui ont déjà collaboré sur Blade Runner. Il a été nominé aux Golden Globes de 1993 pour la meilleure musique de film. Le disque a été enregistré à Paris sous la houlette de Philippe Colonna (Mixage et enregistrement) et de Frederick Rousseau (coproducteur de l’album). Il faut également noter que deux autres collaborateurs de jarre sont de la partie. Il s’agit de Xavier Belanger, l’ethnologue qui a présidé aux sons ethniques de Zoolook, et Denis Vanzetto, l’ingénieur du son sur Rendez-vous et Revolutions.
Dans le livret, Ridley Scott déclare qu’il a d’office voulu une musique qui fasse le pont entre le quinzième siècle et l’époque d’aujourd’hui. Nombre d’instruments traditionnels viennent compléter les synthétiseurs fétiches de Vangelis : guitare andalouse (sur Deliverance et Moxica…), mandoline, flûtes et violons. Avec ce disque, Vangelis a signé son plus gros succès commercial, et son thème le plus universellement mémorisé (Conquest of Paradise).
> Le disque dans le détail
Les trois premières pistes enchainées mettent en valeur le dynamisme du morceau-titre de l’album, notamment la troisième, qui fait se croiser le son du Rhodes aux psalmodie de chanteurs (dits monastiques) en canon. Est-il besoin de parler du thème de 1492 ? Je place la vidéo de ce tube en bas de page, histoire de rafarichir la mémoire des uns des autres.
La quatrième partie, City of Isabel, très épuré, accroche sa mélodie de mandoline et violon. Puis, dans la continuité du précédent, vient la progression chromatique des chœurs de Light and Shadow, sans doute le morceau le plus orchestral de l’ensemble, qui semble dessiner le corps d’une coque de bateau soulevée de vagues. Le synthétiseur rehausse le tout d’une légère teinte lyrique assez habile. Juste le temps pour les voix de s’évanouir dans un dernier de caisse claire, et la guitare de Bruno Manjarrez et Pepe Martinez prennent le relais, sur fond de nappes de synthétiseurs aux sons denses et oppressants.
West across the ocean sea est une courte rhapsodie new-age qui superpose aux tremolos de flutes ses larges nappes synthétiques. Eternity démarre sur un thème amérindien (des bords du Lac Titicaca), avec d’être noyé dans des rouleaux de synthétiseurs emphatiques. Le morceau (paradoxalement nommé Eternity) est malheureusement un peu trop court, mais il donne un bon aperçu du potentiel romantique de la musique de Vangelis avec les effets cuivrés et chorusés qui font son charme et sa spécificité.
Hispanoala emprunte sa rythmique au morceau-titre, mais pour illustrer la partie la plus la plus sombre du film (le dernier tiers), les chœurs de Light & Shadow se font plus scandés et moins diffus. Les cris (en espagnol) qui accompagnent la montée dramatique du morceau accentuent encore la sensation de moiteur de l’ensemble. Du Vangelis symphonique pur cru, relevé par un solo de synthé aux couleurs orientales. Vangelis retrouve pour moi ici la vigueur de ses compositions d’antan (où le synthétiseur se faisait ou bien guilleret ou bien psychédélique), sans perdre de la majesté qu’il confère à ses mélodies souples et puissantes.
Moxica and the horse donne à entendre un Vangelis proche de l’ambiance de Blade Runner, surtout pour toute la partie chantée. Le format épique de ce titre lui laisse le temps de broder de délicieux arpèges en guise de conclusion.
Twenghty Eight Parallel est une reprise flamboyante au piano du thème de l’album. Jeu délié, cordes synthétiques en cascades, et l’adjonction de chœurs d’homme, l’auteur des Chariots de feu fait dans le sûr. Je me suis toujours demandé s’il n’eut pas été judicieux de la placer à la toute fin du disque plutôt qu’en avant-dernière position. Ce, d’autant que le dernier moment de cette expédition musicale souffre un peu de sa longueur, et de ce côté bibliothèque de sons qui m’a toujours gêné chez Vangelis. Ce sera un peu le sens de ma conclusion.
> Un mot de conclusion
1492 représente le style Vangelis d’une manière beaucoup plus accessible que Blade Runner, et contient pas mal de pépites. La couleur générale est globalement plus douce et plus planante que le film de science-fiction, bien que la deuxième moitié du disque soit plus sombre. À écouter à la suite de la B.O. d’Ennio Morricone, the Mission, qui est sorti six ans plus tôt.
> Track-list de 1492, Christophe Colomb
- Opening (1:22)
- Conquest of paradise (4:48), le tube absolu de Vangelis
- Monastery of La Rabida (3:38)
- City of Isabel (2:17)
- Light and Shadow (3:47)
- Deliverance (3:29)
- West across the ocean sea (2:53)
- Eternity (2:00)
- Hispanola (4:56)
- Moxica and the horse (7:07)
- Twenghty Eighth Parallel (5:14)
- Pinta, Nina, Santa Maria (Into Eternity) (13:20)
Note : Je fais une parenthèse sous forme de deux observations. Le choix de ce titre donne parfois le tournis aux gens qui cherchent la B.O., qui n’est pas classées à Christophe Colomb comme un certain nombre de mélomanes le pensent spontanément. Enfin, pourquoi les rayons des grands disquaires sont-ils si pauvres en disques de Vangelis ?
Lire aussi : Un article sur Vangelis.
28 décembre 2007 à 0:07
Cet album a pas mal bercé mon adolescence et reste toujours le disque de vangelis que je préfère j’aime beaucoup PINTA, NINA, SANTA MARIA.
31 décembre 2007 à 13:04
je me suis souviens de cette année ou j’ai couru chez mon disquaire adoré pour acheter en cassette cet album. Une fois chez moi la cassette dans la chaine j’ai pas descotché jusqu’à la fin… Fan total des morceaux « light and shadow », « hispaniola », « 28 parallel » et le sublime « pinta, nina, santa maria »… J’ai beaucoup aimé le thème « Conquest of paradise » mais à force de l’avoir écouter je le trouve pompeux à présent et je regrette que Vangelis ait utilisé cette sauce pour les « thèmes pricipaux » des albums « voices », « Mythodea » et « Alexandre »
9 janvier 2008 à 16:02
c,est un album « fantastique » et quand je stress un peu ,j;aimes bien me replonger dans son ambiance.Je vois encore la tete de Gerard Depardieu quand il a vu les « rushs » avec la musique dessus(emission:Musiques au coeur de VANGELIS 1996).Une émission « culte » pour moi!. stephane
9 novembre 2009 à 19:03
Quelqu’un a t’il une idee sur la presence de sifflement de train dans le morceau hispanola.