Les 36 minutes de The Man-Machine sont un concentré d’huile de Kraftwerk. Le groupe, dans sa composition idéale (Hütter, Schneider, Bartos et Flur), va produire son disque le plus abouti et le plus radical autour du concept d’automation de la musique. La musique est pour moitié signée par le trio Ralf Hütter, Florian Schneider et Bartos, et pour moitié par Hütter et Bartos. Ralf et Florian assurent les parties chantées. La pochette de l’album mériterai un article à elle toute seule. Chapeauté d’un lettrage Noire et Rouge, elle renvoie au graphisme constructiviste des années 20-30 en Russie. L’interprétation de la posture des quatre musiciens au regard métallique, cravatés et lèvres peintes en rouge reste un mystère pour moi. Les premières images du clip (voir en bas de page) montre fugitivement le dos de la pochette, qui est signée Karl Klefish sur les idées du peintre et architecte El Lissitzky.
> Kraftwerk, la machine à tube
The « Man-Machine » fait quelques incursions sur le territoire de la pop-music (surtout The Model, qui deviendra un tube), mais sans se détourner trop de son concept originel, qui est une allégorie de la machine. Pour simplifier, la musique acquière des facultés et des fonctionnements automatiques, et Kraftwerk s’en fait le miroir. Les titres jumeaux The robots et The Man-Machine font force usage de vocoder et tentent de percer, l’un la psychologie des robots, l’autre, la fusion de l’homme dans la machine. Ces thèmes obsèdent les membres du groupe, qui sont tous férus de science-fiction. D’ailleurs, le titre Metropolis, est une référence directe au film-fleuve expressionniste de l’allemand (forcément allemand) Fritz Lang de 1927, qui met en scène un robot qui contrôle les humains.La posture déshumanisé du quatuor de Düsseldorf est complètement à rebrousse-poil de la vague hippie qui secoue la jeunesse en 1978. Cheveux courts et se mettant en scène dans une sorte d’administration, ils sont le contraire. Un jeu de mots (identique en anglais et en allemand) sur « Model » (mannequin) lui permet d’ironiser sur ses relations à la mode et à la beauté.Ceci bien avant que des publicitaires aient l’idée de mettre des femmes dans des vitrines. J’envisage The Model comme une préfiguration du style des années quatre-vingt, avec l’affleurement d’un zeste de romantisme.
> L’humour à la machine
Les mélodies de The Man Machine sont répétitives, souvent, tout le temps à vrai dire, avec une section rythmique omniprésente dont ces fameuses « motorik », boucles de basses et de percussions lancinantes. Cela va sans dire, il y a beaucoup de rejet de ce disque chez les non-initiés. La musique est allemande, mais son style précurseur deviendra rapidement mondial. L’apport décisif de la batterie synthétique sera largement reprise par le phénomène New Wave (On pense notamment à Depeche Mode), alors que les percussions électroniques se rependront à travers le monde de la musique comme une trainée de poudre. À noter que même le groupe de stade Simple Minds reprendra Neon Lights et en fera le titre de leur album de reprises.
> Nous sommes des robots…
…nous fonctionnons automatiquement. Pour les représentations du morceau The Robots, les membres du groupe sont remplacés sur scène par des automates à leur image. C’est, selon moi, le morceau emblématique du groupe, plus encore qu’Autobahn : titre compact, mélodie courte et nerveuse, pulsations synthétiques au carré, et pour couronner le tout, collages bruitistes.
Si Autobahn est la création d’une esthétique industrielle, The Man-Machine est l’affirmation d’un style. J’ai tendance à penser que Radio-Activity est le disque le plus accessible du groupe, et que celui-ci est à écouter dans la foulée.
> Titres de The Man-machine
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The robots
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Spacelab
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Metropolis
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The Model
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Neon Lights
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The Man-machine
6 janvier 2008 à 16:37
enfin un album ou je pourrais « dévoiler » quelques secrets. Soyez passiants!!! stephane
6 janvier 2008 à 18:07
C’est un album « clé » du groupe et il a ouvert une brèche a pas mal de débutants comme: depeche mode, human-league, soft cell, blanc mange, visage, erasure, gary numan, ultravox, thomas dolby, télèx (un groupe belge), Frankie goes to Hollywood, et j’en passe…. La pochette rend hommage a l’art constructiviste russe du début des années 20’ Kraftwerk ne voulait pas « plagier » LISSITZKY et c’est pourquoi il y a « mention » au dos de la pochette du disque. La pochette de « the man machine » est pleine de contradictions ‘la dominante de « rouge » montre clairement que Kraftwerk a été influencé par l’Europe de l’est, il y a une allusion « politique » sous jacente. Ironiquement le titre de cet album devait se nommer » DYNAMO ‘mais se titre vit s’éloigner les « origines » du groupe allemand. Le groupe (pour vous dire la perfection) mit un temps considérable à « choisir » l’escalier ou ils se trouvent, ainsi que l’ordre de présentation.
En fait c’est Ralf qui fera se « choix». Dans l’album ‘METROPOLIS fait une « référence » au film de FRITZ LANG dont RALF et FLORIAN sont « passionnés » de ce film. Lors d’une promo à Paris sur le toit de la tour Montparnasse tout les « invités » devaient porter du rouge. Les 4 nouveau mannequins (fraichement fabriqués!) ont été dépouillés de leurs costumes rouge a la fin de cette soirée « mémorable »(pour vous dire: les souvenirs!!).La pochette de « Man machine » a été refusée aux états unis, pour son imagerie « rouge ». Lors de la tournée de l’album le groupe n’aimaient pas trop les va et viens surtout RALF: Vous vous levez le matin ‘vers 7’8 heures vous allez a l’aéroport ou dans le bus, et vous voyagez pendant des heures. Quand vous arrivez ‘vous allez a l’hôtel puis a la salle de concert et vous jouez pendant une heure et demie. Tout le reste c’est de la merde. Parce qu’avec tous ces voyages vous êtes crevé tout le temps. Après cet album Kraftwerk s’est « terré » pendant 3 années à chercher de nouvelles « idées » se cachant derrière les murs « infranchissable du studio KLING KLANG comme si le groupe « attendait » que la tempête se calme. SPACELAB sera « l’unique » morceau à parler de « l’espace. (tiré du livre :KRAFTWERK/LE MYSTERE DES HOMMES MACHINES. STEPHANE
31 août 2010 à 23:40
Bien que mes préférence en EM vont généralement vers Tangerine Dream, klaus schulze, Jarre ou Vangelis, cet album de Kraftwerk etait clairement exceptionnel dans son genre, et ne ressemble pas a aucun des autres pionniers, Kraftwerk reste unique en son genre, on entend bien ici a quel point les sonorités et les timbres était bien géré et organisé, le tout dans un beat implacable (qui reste cependant beaucoup plus doux que ce nous aurons plus tard, et surtout dans les année 90′). Celui-ci est mon préféré dans une sorte de dépouillement et simplicité et aussi « computer Welt ». L’homme et la machine, la musique industrielle, l’electro-pop, puis la techno, tous les suiveur devrait porter leurs hommage a ceux-ci, d’ailleurs Coldplay l’on fait d’une certaine façon.
C’est bien vrai que les année 80′ ont presque plus été influencé par eux et aussi par Jarre en partie, plutôt que les autres pionniers, même si tout les mouvements ce sont fait aussi sous-jacents, et ont crée d’autre musiques, des styles plus ambiant, certain lounge, chill out ou new-age serait plutôt issu du Krautrock et l’école de Berlin, et moins celle de Düsseldorf de Kraftwerk. C’est mon idée, mais cela se discute. En tout cas personne ne peut nier que la musique électronique « populaire » fût fortement issu de l’Allemagne, même si les vrais pionniers (Morton Subotnick, Bernie krause, etc…) d’avant-garde commencèrent au états-unis mais malheureusement dans une certaines ignorance populaire, et leurs premiers délires électronique aussi avancés était-ils n’était hélas pas si musicaux dans les sixties avant l’avénement de Wendy Carlos et son Switch on Bach, puis keith Emerson sur scène au tout début des seventies.
8 septembre 2010 à 16:13
@Mmarkus : ravi de découvrir un autre amateur de l’immense Morton Subotnick, le roi du synthétiseur Buchla, trop avant-gardiste pour être connu du grand public mais dont tout amateur d’EM devrait posséder le « Silver Apples of the Moon »