Cet album est la parfaite application de la science mélodique de Vangelis : dépouillé, mélange de thèmes lumineux et de passages plus tourmentés. D’un aspect plus reposant que la moyenne des disques de Vangelis, Opera Sauvage a une palette large de couleurs musicales. Toujours enregistré aux studios Nemo, il illustre les émissions documentaires éponymes de Frédéric Rossif (22 films en tout, à ne pas confondre avec Sauvage et Beau). D’Opéra, Vangelis a les ressources électroniques pour faire, de sujet aussi (un voyage ethnographique et animalier à travers le monde), de sauvage enfin, il a la lutte forcené avec ses claviers, et dont il tire souvent des sons magnifiques. Prenons donc les pistes (en évitant les fausses) les unes après les autres :
L’hymne (qui n’est pas son hymne pour la Coupe du Monde de football de 2002) de Vangelis est une mélodie très simple et espacée qui se promène de longues trainées de synthétiseurs, conclue par une reprise en canon avec une orchestration appuyée sur les premières mesures. C’est une mise en bouche emphatique et universelle qui célèbre l’humanité. Rien à dire, c’est huilé, efficace. On trouve ce morceau sur de nombreux best-of, et il est facile à fredonner.
Le morceau Rêve est une longue improvisation au Fender Rhodes. D’une ambiance paisible, où les harmonies s’étagent avec la maestria habituelle, on accède à de petites cascades de notes, qui produisent sur l’auditeur un plaisir renouvelé. Vangelis un style limpide et au décor rythmique très épuré. Douze minutes de féerie électrique, qui cristallisent l’esprit de Blade Runner.
L’enfant est un autre standard du répertoire de Vangelis. Son martèlement de synthé basse dès les premières mesures seront également caractéristiques du thème des Chariots de Feu, dont il (le morceau) est une sorte de préfiguration. Les ornements autour de sa mélodie se charge d’égayer son implacable répétition. Pas le meilleur titre de cet album, donc, à mon avis.
Mouettes est un court morceau à la ligne mélodique pointilliste. Un arpège de Rhodes distille une atmosphère lunaire, tandis que le Yamaha gronde de notes sourdes. C’est original, l’idée de s’inspirer du cri d’une mouette permet de composer ce thème assez fantomatique.
Chromatique commence dans la veine principale des mouettes : une mélodie au son très retardé se perche au-dessus d’une guitare classique, mais soudain, les sons graves lui vole la vedette. Le tout se finit dans une éloquente fusion d’univers orientaux et occidentaux. Plutôt intéressant.
Irlande est une mélodie particulièrement déliée qui donne une couleur « celtique » à l’ensemble, avec une superposition de claviers qui se la renvoie comme la mer renvoie sans cesse l’écume.
Jon Anderson, le complice du duo Jon et Vangelis, intervient à la harpe sur l’introduction de Flamants Roses (un clin d’oeil aux Pink Floyd ?). Ce morceau est composé de deux mouvements aisément identifiable, le premier d’environ huit minutes, psychédélique, et le deuxième, moitié moins long, méditatif. La harpe et le clavier enjôleur de Vangelis se livre à un jeu de miroir l’un dans le sillage de l’autre. Dans tout disque de Vangelis, il y a des moments plus rythmés ou saccadés, et bien là, il faut attendre que les crashs de cymbales ne se calent sur la transe du clavier. D’un style néo-classique, Vangelis attaque alors de longues phrases improvisées assez proche du jazz-rock. Le disque se termine sur une partition de harpe très aérée et un synthétiseur aux « riffs » tranchants. Très agréable à écouter, dans l’esprit d’un harpiste comme Andreas Vollenweider.
> Mot de conclusion
Pour me résumer, ce disque est plutôt agréable, certains morceaux sont même un peu courts (émission de télé oblige) mais la dimension rythmique décisive qui caractérise ses œuvres antérieures me manquent beaucoup. C’est sans doute une question de goût personnel, mais je préfère les orchestrations plus musclées de Vangelis.
> Track-list de l’Opéra Sauvage
Lire aussi : Vangelis et le synthétiseur.
24 janvier 2008 à 0:50
Je possèdes l,album de opéra sauvage ,je le trouves tres beau et tres calme,je penses que ça a été un de mes 1er album que j,ai achetés en compact disc.Un « OPERA SAUVAGE » idéal pour se « détendre ». stephane
24 janvier 2008 à 18:42
Opéra Sauvage est un très bel album. Le morceau « l’enfant » a souvent été utilisé pour des pubs et si mes souvenirs sont bons la dernière fois s’était malheureusement pour la COGEMA.
La personne qui joue de la harpe sur Flamants Roses n’est autre que Jon Anderson et le guitariste de Chromatique Vangelis (comme quoi il ne maitrise pas que les claviers)
9 février 2008 à 20:47
Hymn lui aussi a été utilisé par la pub et décliné en plusieurs versions pour les pates Barilla