Avec China, Vangelis nous livre un album dont l’objet est d’illustrer les grands moments de l’histoire de la Chine (comme la Grande Marche) ainsi que quelques-uns des poèmes et préceptes de la religion taoïste. Ce concept-album a été créé dans les studios Nemo de Londres, et une vidéo permet d’ailleurs de voir ce qu’il s’y passe. Mais comme les aspects techniques des machines reste pour moi du chinois (Hi hi), le mieux est de prendre connaissance de la musique en elle-même, piste par piste :
Chung-Kuo (Le mot Chine, traduit en mandarin) est une pièce envoûtante, à l’orchestration dépouillée. Son intro façon On the Run de Pink Floyd suivie d’une pluie de notes erratiques est emblématique du génie brutal de Vangelis. Que dire de cette ligne de basse synthétique si ce n’est qu’elle brille par sa simplicité ? Magique. La mélodie du thème inaugural est reprise calmement dans le morceau suivant, The Long March. Le titre du morceau fait référence à la longue Marche de 1934, qui est le périple d’un an au cours duquel l’Armée Rouge poursuivie par l’armée nationaliste du Kuomintang, parcouru 12.000 kilomètres à travers la Chine. La dernière section de cet air, mouvementée comme un concerto, escalade les octaves comme on gravit une montagne.
The Dragoon est un mille-feuille électronique qui comprend de nombreuses strates superposés de claviers. Un large spectre de raves et d’aigus sont intégrés comme autant d’éléments écarlates de la parure du dragon. Il sonne un peu comme certaines compositions contemporaines de Mike Oldfield, avec des pêches d’orchestre et un thème obsédant. C’est l’instrumentation la plus éparpillée de l’album.
The Plum Blossom est un court dialogue entre le piano « calme » de Vangelis et les vifs traits de violon de Michel Ripoche. C’est un morceau un peu à part du concept général de l’album, échevelé et que je trouve assez peu cohérent dans l’emploi de ses sonorités au regard du reste de l’album.
Le deuxième air connu de China ets sans doute The Tao of Love. Mélodiquement très doux, le clapotis du Rhodes accompagne un savoureux entremêlement de thèmes, qui se rejoignent dans un final éloquent. Sensible et brillant.
The little fete est un texte chinois du 8e siècle lu (en anglais) par Yeung Hak-Fun et Koon Fook Man, sur de larges nappes de synthétiseurs. Ce texte ésotérique traite du rapport de soi avec son ombre. Ai-je besoin d’en dire plus ? Non, pas vraiment.
Avec Yin & Yang, on rentre dans quelque chose de musicalement plus consistant. Il y est mélangé des instruments chinois (probablement une sorte de gu zheng, les fameuses cordes à gratter) et des synthétiseurs. Quelque ressemblance avec les Jonques de Pêcheurs au Crépuscule avec le début de celui-ci ne peut être ignorée. L’atmosphère de la deuxième moitié est assez difficile à définir, avec des moments de flottaisons, entre percussions et quelques gimmicks pop au clavier, avant de se terminer dans un magma style Spiral (mon disque de référence pour les années 70 chez le grec).
Et voici que se dresse devant nous les presque onze minutes d’Himalaya. Cette hymne à l’immobilité (celle de la montagne) est un morceau « ambient », où les effets sonores se succèdent à un rythme continu. Le piano de Vangelis plaque une série d’accords bien sentis, et sort de son Yamaha quelques torsades plutôt appétissantes. C’est rêveur, aérien, sobre, mais sur ce disque, ce n’est pas le point culminant, loin de là.
Et voilà, nous sommes au Summit, qui prolonge et accentue l’effet obtenu sur Himalaya. Les nappes de Vangelis et quelques éléments des morceaux précédents se combinent pour former une composition aux contours flous et malléables. Un travail de sculpteur sonore.
Au final, ce disque est bon, surtout pour sa première moitié (je ne dis pas cela qu’à cause des deux singles que j’ai mentionnés), et me retrouve moins dans sa deuxième partie, désincarnée. Mais peut-être était-ce une volonté de son auteur sous influence orientaliste, qui met en exergue le dualisme en toute chose ?
> Track-list de China
- Chung Kuo (China) – 5:31
- The Long March – 2:01
- The Dragon – 4:13
- The Plum Blossom - 2:36
- The Tao Of Love - 2:44
- The Little Fete - 3:01
- Yin & Yang – 5:48
- Himalaya – 10:53
- Summit - 4:30
> Lire aussi : Vangelis et le synthétiseur.
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28 janvier 2008 à 0:59
j,ai adoré l,album ,un de mes 1er aussi que j,ai acheté avec opéra sauvage,j,adore SUMMIT car il dégage une » cértaine force » et une ambiace « étrange ». A ne pas oublier que vangélis adore la CHINE tout comme jmj.stephane
29 janvier 2008 à 13:20
info : il existe un 45T avec « the long march part1″ (version album) et « the long march part2″ (version chanté par des enfants)
29 janvier 2008 à 17:00
Ca je ne le savais pas!!. (VERIDIS expert VANGELIS!!) stephane
29 janvier 2008 à 20:32
plus d’infos par ici
http://www.vangelismovements.com/thelongmarch.htm
3 décembre 2009 à 12:06
Emotion… c’est le premier disque de Vangelis que j’ai eu, offert par mes parents en 1987 un peu par hasard parce qu’ils savaient que j’aimais la musique faite sur des synthétiseurs. Comme quoi, le hasard fait parfois bien les choses…
Ce disque est une merveille, un petit chef d’oeuvre. Toute la poésie du Vangelis des années 70 est là, avec son incroyable subtilité dans l’utilisation des synthés.
30 décembre 2012 à 20:01
Bonsoir,
C’est vrai, cet album est un petit chef-d’oeuvre comme d’autres de Vangelis !
Mais attention à l’orthographe pinyin : La Chine : zhong guo.
Au moment où j’écris ces quelques lignes, je l’écoute…
Votre site est très intéressant, je retrouve d’excellentes choses qui n’ont pas pris une ride.
Henri
20 mars 2014 à 16:04
Si, il faut en dire plus à propos de The Little Fete, il s’agit en fait d’un poème de l’immense Li-po, tiré du recueil bien nommé: »buvant seul sous la Lune ».