Ceci est une ébauche d’article sur la période 1987-1997. Je compte l’enrichir prochainement avec plus d’anecdotes et des photographies.
> Revolution culturelle
Après Rendez-vous et les concerts géants de Houston, puis de Lyon, Jarre propose un disque moins conceptuel, moins planant et plus hétéroclite que les précédents, avec Revolutions. L’album intègre pour la première fois des sortes de paroles, même si la continuité instrumentale est assurée. Jarre revient sur les pas d’un Kraftwerk alors émoussé. Cet album fait la part belle au Roland D-50, très en vogue dans la planète pop, ce qui en fera un album rapidement assez daté, en dehors de quelques moments de grâce typiquement « jarrien ». Je fais référence à la belle suite de morceaux Revolution industrielle. La transposition des meilleurs morceaux de l’album sur la scène improbable des Docks de Londres sera l’occasion pour Jean-Michel de jouer aux côtés d’une des idoles de sa jeunesse, le guitariste des Shadows, Hank Marvin. Ces deux concerts, gravé dans le décevant album Jarre Live (alias Destination Docklands) qui se dérouleront sous la pluie, laisseront des souvenirs impérissables à ses spectateurs anglais, qui sont toujours d’immenses fans acquis à la cause du français au vocoder en forme de haut-parleur (voir le morceau Revolution, Révolutions).
> Jarre mené en bateau ?
En 1989, Jarre est retenu pour célébrer le bicentenaire de la révolution française, il bouillonne d’idées, mais, au terme de nombreux rebondissements, c’est au chorégraphe Jean-Paul Goude qu’échoira l’honneur de mettre en musique et en couleur les Champs Elysées avec, entre autre tableau, »la moisson des champs ». Mais Jarre mijote sans doute déjà une forme de « revanche ».Comme pour s’exiler après une déconvenue, Jean Michel Jarre et le claviériste Dominique Perrier partent enregistrer son futur album à Trinidad, dans les Caraïbes avec des joueurs de steel-drums. Son album au titre énigmatique (En attendant Cousteau), lancé en pleine mode de la danse de l’été, est aux couleurs de l’époque, avec son single et sa rythmique chaloupée, mais aussi avec un contenu écologiste. 1990 concrétise l’amitié que Jarre porte au commandant Cousteau, auquel il emprunte le patronyme pour En Attendant Cousteau, qui est aussi le morceau-titre, et reste un morceau « d’ambiance » complètement à part dans la discographie. C’est en partie grâce à ce côté très décalé du morceau (qui n efait pas très JMJ) que j’ai trouvé le titre du blog.
> Avenue de la grande armée des synthétiseurs
De « la Défense de l’environnement » à « La défense » tout court, il n’y a que quelques mois : Paris-La défense, c’est le concert le plus aimé des fans français et même au-delà, car sa scénographie et la réorchestration des morceaux, avec une foule de musiciens de tous les pays est un défi à l’imagination. 2.500.000 personnes (son propre record du monde battu) vivent l’évènement de près ou de loin. La scène, vue du bout de l’axe parisien, est un minuscule triangle, écrasé par la masse des tours du quartier d’affaires, sur lesquels Jarre projette ses images géantes. Les joueurs de steel-drums des Amoco renegades mettent le feu en martelant Calypso part 1.
> Deux années pour souffler…
En 1991 parait une compilation Images, qui comprend deux versions tronquées de Calypso, quelques nouveaux morceaux, notamment Eldorado (futur hymne de l’UNESCO) et Globe-trotter. La lecture du livret de ce best-of explicite le rapport que tente de faire Jarre entre impressions visuelles et sonores pendant le temps de la composition.Après le concert de Téotihuacan annulé l’année précédente pour des questions d’organisation, 1992 est l’année de deux concerts moins médiatisés, mais où Jarre va toucher pas mal de cachet (et pas d’aspirine, hein !). D’abord, à Zermatt en Suisse, un spectacle qui comprend des maquettes du futur album Chronologie (Dont le morceau Une alarme qui swingue, qui deviendra Chronologie, partie 4), et qui a été donné à la demande de la firme suisse Swatch. Enfin, le concert dans le complexe de Sun City en Afrique du Sud, seule incursion de Jarre sur ce continent à ce jour, vivement critiquée à l’époque (du fait du régime d’Apartheid qui y sévissait encore).
> »Chronologie » met de l’ordre dans la boutique
Chronologie sort en 1993. Instruments numériques (le JD-800) et synthés analogiques s’y marient harmonieusement. Malgré quelques baisses de régimes (les parties 5 et 7), cet album est souvent cité comme étant le meilleur de Jean Michel. Les anciens fans y voient une sorte de continuation d’Equinoxe, dont il reprend le principe des huit parties enchaînées. Les nouveaux à sa musique découvrent une musique accrocheuse, nerveuse, avec des singles vitaminés, comme la partie 4. Les gratteux ont un passage obligé à l’intérieur de la première face de l’album pour voir la guitare électrique de Patrick Rondat donne toute la mesure de sa vélocité (parties 2 et 3). L’interprétation numérique moderne d’un visuel classique à l’acrylique de Michel Granger (cinq corps de femmes nues) symbolise bien l’alchimie à laquelle se sont livré Jarre et Michel Geiss.
À la suite de Chronologie, Jean Michel et Francis Dreyfus montent une tournée européenne aux moyens logistiques énormes. La scène a la hauteur d’un petit immeuble ! Bassiste, percussioniste, soprano, claviéristes… Les musiciens sont tous des as dans leur domaine. La guitare de Rondat vient se greffer sans problème sur les morceaux les plus rodés de cette tournée. Ce sera la plus grosse production sur camion pour cette année 1993 avec 15 grandes villes européennes. Les étapes françaises de cet Europe en Concert seront devant le Mont Sant-Michel, à Montauban et sur la Place d’Armes du Château de Versailles. Le concert de Barcelone sera retransmis en France à la télévision, sous les caméras de Gérard Pullicino.
> Tribulations d’un lyonnais en Chine
En 1994, Jarre installe sa troupe à la demande des autorités chinoises dans le nouveau stade de Hong-Kong, passé sous contrôle de la République populaire de Chine au détriment de… Michael Jackson. Eh oui ! C’est un peu la guéguerre entre les deux figures dominantes de la « pop » du milieu des années 90, d’où le vocabulaire militaire. Voir aussi, pour les pros, la couverture de Keyboards Magazine à l’époque. Que dire à propos de ce concert ? Et bien c’est strictement un concert comme celui de la tournée de 1993, sauf que Jarre en profite pour réinterpréter le magnifique Jonques de pêcheurs au crépuscule avec un orchestre traditionnel chinois. Un disque éponyme est réalisé à partir de ce concert, mais l’essentiel de son contenu vient de la tournée de l’année précédente, avec un public de Wembley chauffé à blanc. Je pense que c’est le meilleur live de Jean Michel à ce jour.
> Jarre bissé à la Tour Eiffel
Le concert que Jarre donne l’année suivante, au pied de la Tour Eiffel, sous le patronage de l’UNESCO, est presque à l’égal de La Défense, un énorme raz-de-marée, le 14 juillet 1995. Le champ de Mars est pris d’assaut par les fans du monde entier, et le tout est retransmis à la radio et la télévision française. Jarre avait déjà joué London Kid devant la tour Eiffel, pour le centenaire de celle-ci. Malgré quelques incidents de scénographie, le spectacle et son message universel sont une belle réussite. Sur scène avec Jarre, le chanteur algérien Khaled interprète Revolutions, mais aussi Eldorado, que j’ai évoqué plus haut. Ils rééditeront leur duo avec quelques danseurs devant un parterre de chefs d’état, pour les cinquante ans de l’UNESCO.
1995 voit aussi sortir un album de remixes par des DJ sélectionné par le maître, intitulé « Jarremix », qui fait la part belle à Chronologie. Vous remarquerez que j’ai pris le parti de ne pas citer ce disque dans la partie albums de mon blog, c’est dire si j’y accorde peu d’importance. En 1995, parallèlement à la dream music commerciale de Robert Miles (ah oui, tout le monde l’a oublié aujourd’hui ?), la machine techno se met doucement en route, et les relations de Jarre avec ces artistes tout frais sont semés d’embûches.
> Oxygène, 20 ans après…
L’année 1996 est consacrée à l’écriture de la suite de l’album Oxygène de 1976. Celui-ci s’intitule Oxygène 7-13, et intègre brillamment les synthétiseurs analogiques et les climats vaporeux du premier opus (dans ce cas-là, ça se dit) à des rythmiques modernes. L’album est riche de singles en puissance, mais Oxygène 8, avec sa ligne de basse de tueur et sa mélodie lancinante, est naturellement le symbole (O2x2x2=8) de l’album tout entier.
Comme pour Chronologie, Oxygène 7-13 est suivi d’une tournée. Sans doute tirant des conclusions des problèmes financiers de la précédente aventure, et à contre-courant de ses grands préceptes sur la musique électronique meilleure en plein air, Jean-Michel opte pour une tournée en salles, plus intime, et plus de dates (35 en tout). Après le retrait de Michel Geiss après le mastering de Hong Kong, Jarre a renouvelé son équipe de musiciens, où Francis Rimbert reste l’élément moteur aussi bien sur scène qu’en dehors de la scène. La tournée Oxygène Indoor Tour commence à Toulon, passera par le nord et l’est de l’Europe, et se terminera à Orléans. Oxygène y est interprété en intégralité, mais avec quelques morceaux bonus parmi les meilleurs de l’artiste. Sur scène, Jarre établi une connivence avec le public sans précédent, a une harpe laser qui tombe parfois en panne (ce qui prouve qu’elle est jouée live) et fascine les foules par l’emploi de cet instrument bizarre qu’est le Theremin.
> Jarre à Moscou Le 6 septembre, le concert qu’il donne à Moscou pour les 850 ans de la ville bat tous ses records d’affluence : trois millions de personnes assistent à ce show, depuis les collines environnantes. Malheureusement pour lui, le record en question n’est pas homologué. Ce show gigantesque est le dernier méga-concert au sens qu’il a pris avec le temps. Une bonne partie de la musique est jouée sans playback, ce qui fait plaisir, et Jarre a délaissé son grand clavier circulaire pour s’asseoir aux commandes de son antique Eminent 310 (Celui du son large et enveloppant d’Oxygène 1) en hommage à son amie la Princesse Diana.
> Conclusion de cette partie
Voilà, dans la quatrième partie de la biographie sommaire de Jean-Michel, vous en saurez plus sur la fin de la période de collaboration avec son producteur Francis Dreyfus, et bien évidement sur ses albums moins connus d’après l’an 2000 car moins commercialisés.
- Lire la suite de le biographie (1998 à 2000)
Retour > Index de la biographie.
- Lire aussi : Les citations de Jarre
1 février 2008 à 10:26
quelques infos en plus :
« Révolution » anciennement « Destination » voila le titre que devait porter cet album qui était au départ lié au concert « destination docklands » mais aussi à un autre concert « destination Tokyo » et c’est certainement aussi pour cette raison que l’on retrouve Tokyo Kid et London Kid sur l’album. Destination Tokyo devait être un concert réalisé en partenariat avec Enki Bilal qui avait dessiné des Robots qui viendraient remplacer au fur et à mesure les musiciens sur scène (ce concept me rappel étrangement un groupe allemand pas vous ?). Malheureusement ce concert ne s’est pas fait car l’empereur du Japon était décédé quelques temps plus tôt.
Bicentenaire de la révolution : le compositeur choisi pour la musique du spectacle de JPG est Wally Badarou (membre du groupe « level42″) mais aussi synthétiste du groupe « M » qui avait cartonné en 1979 avec le single « Pop Muzik ». Je ne peux que vous conseiller l’album « words of a mountain » qui contient le très beau morceau « the dachstein angels » qui avait servi comme thème à l’emission de Claude Serillon « Geopolis » sur France2 dans les années 90.
Sun City et Zermatt : pas vraiment des concerts mais des spectacles au rabais sur bande enregistré aucun moment live sauf à sun city ou Jarre présente un inédit « volcanic dance » heureusement que Jarre n’a pas continué cette aventure et qu’il est revenu à son concept « ville en concert » plus tard.
Concert pour la tolérance : j’ai vu le concert à la télé et je me demandais pourquoi au début du concert Jarre a fait passer des avions de chasses au dessus de la foule et fait chanter sur « revolution industriel » des officiers de l’armée ? (pas vraiment un symbole de paix et de tolérance tout ça non ?)
Petite infos concernant Robert Miles :
après avoir sortit deux albums bien commerciaux (Children et 23am) Robert Miles a quitté sa boite de production qui voulait le cloisonné dans le style « dream music » pour créer son propre label et sortir un très bon album « Organik » qui tranche complètement avec se qu’il a pu faire avant. Après « Organik » il a composé un album avec Trilok Gurtu le percutionniste indien. En ce moment il enregistre deux albums le premier avec Robert Fripp (fondateur de King Crimson) et le second en solo. Deux albums aux styles différents l’un plutôt « éléctro-rock alternatif » et l’autre « éléctro-nu jazz »
..::Webmaster::.. Les infos sont si pertinentes et développés que j’ai décidé de les intégrer au fur et à mesure dans les articles concernés.
1 février 2008 à 12:07
L?interprétation numérique moderne d?un visuel classique à l?acrylique de Michel Granger (quatre corps de femmes nues) symbolise bien l?alchimie à laquelle se sont livré Jarre et Michel Geiss.
euh 5 je crois non ?
1 février 2008 à 18:44
QUE DIRE APRES DE TELLES EXPLIQUATIONS DE VERIDIS!! CHAPEAU!!!. stephane