Le 28 juin 2001, Vangelis se produit au sein de l’antique temple de Zeus à Athènes. Ce concert a eu lieu dans le cadre prestigieux des Olympiades grecques, où Jarre était aussi invité pour un autre événement. Il avait pour point de départ le projet d’exploration martienne de la NASA (mission de recherche d’eau et de volcanisme sur la planète rouge), qui avait quitté la terre le 7 avril 2001. Durant la représentation, nimbée dans une sublime lumière bleue-violette, des images de la planète Mars et du cosmos alternaient avec des sculptures grecques.
Le nom du concert est donc : Musique pour la mission 2001 de la NASA : Mars Odyssey (Odyssey, qui est au passage le nom d’un de ses nombreux best-of). La configuration du concert était ambitieuse, puisque le claviériste grec, entouré par des dizaines de claviers, était au centre d’une scène fournie en musiciens. Il était accompagné de deux chanteuses sopranos Kathleen Battle et Jessye Norman (celle qui chanta drapé dans le drapeau français lors du bicentenaire de la révolution française), de l’Orchestre du London Metropolitan, sous la direction de Blake Neely, ainsi que des 120 chanteurs du chœur de l’Opéra national de Grèce.
> Les choeurs, un art martial
D’ailleurs, la nature du concert, avec une large place accordée aux parties vocales, a justifié sa sortie sous le label Sony Classical. Il est également édité en DVD et une VHS comprenant ses dix mouvements, plus une reprise de son célèbre thème des Chariots de feu. Le tout a été enregistré par les français Philippe Colonna et Frederick Rousseau.
Vangelis a particulièrement renforcé le rôle des percussions pour cet enregistrement (par exemple, écoutez le Mouvement 2). On retrouve les sons de prédilection de Vangelis : nappes soyeuses, mandoline, flûtes et cuivres. L’album s’ouvre sur quelques bruits fantasmagoriques de l’espace (qui rappelle incidemment Blade Runner). La proximité du premier mouvement de Mythodea avec 1492 est assez troublante, avec cette rythmique particulière. Les compositions de Mythodea sont amples et enchanteresses : la harpe et les chœurs féminins produisent leur effet. Les deux solistes se confrontent à des escalades dans les aigus.
> Structure des morceaux
Chaque mouvement prend la forme d’une procession harmonique qui débouche de deux manières. Mélodies suspendues, tournoyantes, l’art de Vangelis est incontournable. Soit sur des plages quasiment new-age à la Karl Jennings (Mouvement 7, où l’on reconnaîtra tout ou partie de l’ouverture d’Oceanic), soit sur des harmonies cathartiques où tonnent des refrains guerriers (Mars étant le Dieu romain de guerre). Vangelis fait surgir des contrastes puissants entre frimas de notes et constructions baroques. Le dernier mouvement est une reprise tumultueuse du premier.
Même s’il n’est pas une bande-originale à proprement parler, Mythodea possède le côté cinématographique de Vangelis. L’exaltation des voix dissout la subtilité des effets synthétiques dans de grands fracas. Le livret comprend quelques mots du chef de la mission de la NASA, le docteur Jim Garvin. Vangelis relativise le rôle du savoir (de la musique) par rapport à l’inspiration (que Vangelis nomme memory, la mémoire), en faisant le lien entre l’univers (et donc la planète Mars) et la création artistique. Ce disque est un pendant orchestral à 1492, Christophe Colomb, mais il présente surtout pour Vangelis une tentative de s’extraire de l’étiquette new-age pour aller plus avant vers la musique classique.
> Track-list
-
Introduction (2:43)
-
Mouvement 1 (5:41)
-
Mouvement 2 (5:39)
-
Mouvement 3 (5:51)
-
Mouvement 4 (13:42)
-
Mouvement 5 (6:35)
-
Mouvement 6 (6:27)
-
Mouvement 7 (4:58)
-
Mouvement 8 (3:07)
-
Mouvement 9 (5:00)
-
Mouvement 10 (3:03)
> Lire aussi : Vangelis et le synthétiseur.
> Site officiel du projet Mythodea, qui propose des extraits gratuits.
> Voir la fiche produit ou acheter l’album sur Amazon.fr
1 mars 2010 à 1:36
Pour mois l’acmé (enfin j’espère) de la fin : panne d’inspiration ? On tourne en rond avec disparition complète de l’expérimentation. Il veut faire oeuvre classisante en restant lui même sans faire une oeuvre classique pour autant !!!
7 mars 2010 à 1:31
Mythodéa a été présenté pour la première fois en 1993 lors d’un concert de charité au « Herodes Aticus Theater »(tiens ça ne vous rappelle pas quelque chose ?). A la base il n’y avait que 7 mouvements et Vangelis était accompagné de 2 harpistes et de la mezzo soprano Markela Haziana (déjà présente sur l’album Direct). Vangelis avait gardé un enregistrement de son concert qui lui donna la possibilité plus tard de signer avec Sony Classique et de ré-enregistrer cette composition avec un orchestre classique etc.