Vangelis – Voices (1995)

Voices de VangelisL’album Voices de Vangelis renvoie au désir de son créateur d’incorporer les voix au synthétiseur. Pour ce faire, il a convoqué les chanteurs Caroline Lavelle, Stina Nordenstam, Paul Young, pour qu’ils écrivent les paroles et interprètent leurs propres titres. Sur cet album, il y a deux français pour épauler le grec : Philippe Colonna, au mixage, et Frederick Rousseau, qui coproduit, plus un coup de pouce de John Martin. C’est un des albums les plus doux de Vangelis. Le morceau-titre, Voices, est un puissant « hymne », qui rappelle beaucoup la recette de l’ouverture de 1492, Christophe Colomb. Pour ce titre de sept minutes, Vangelis a demandé à la troupe de l’Opéra d’Athènes de lui donner une piste d’envol idéal pour ses élans cuivrés. Sa mélodie immédiatement mémorisable et son tempo militaire donne au disque une ouverture martiale.



> Echoes et come to me   

Le morceau se termine (finalement) pour laisser place à une pièce atmosphérique Echoes qui reprend la mélodie citée ci-dessus. Trois notes lancinantes tapissent ce titre, qui reprend l’essentiel de l’écriture musical de Vangelis. Nous voici entrainés dans un développement au piano du thème principal, qui n’est pas sans rappeler celui de Mark Snow, X Files.  Après ces deux titres plaisants mais sans fraîcheur ni nouveauté, nous entrons dans le monde enjôleur de Come to me, et sa ritournelle d’inspiration occitane ou celtique. La voix grave et chaude de Caroline Lavelle, qui joue également du violoncelle sur la chanson, se marie admirablement à l’instrumentation pointilliste de Vangelis.

> PS et Ask the mountains

P.S. est une rapsodie interloquante pour clavier de Vangelis, qui prend une tournure un peu particulière, puisqu’elle reprend le thème de Voices. Je vois ce morceau comme une respiration entre les plateaux irlandais de Come to me et la jungle profonde d’Ask the Mountains. Ce titre mérite que l’on s’y attarde un peu, car il est le plus emblématique de l’album. L’introduction utilise à peu près le même vocabulaire abstrait des manipulations de Zoolook. Ici, Stina Nordenstam chante à travers un filtre, pour obtenir un effet flanger assez déroutant (Ecoutez Emilie Simon si mes considérations ne vous paraissent pas claires). De longues notes tenues forment la trame sur laquelle vient se greffer les fragments de voix langoureuses. La rythmique, chaloupée, perd un peu plus l’auditeur dans un flou artistique du plus bel effet. 

> Prelude et Losing sleep


Prelude emprunte ses premières secondes au premier titre. Le disque a-t-il sauté ? Non, non, rassurez vous, Vangelis avait juste le temps de repasser derrière son piano pour vous concocter une balade comme d’habitude, finement articulée. J’ai toujours eu du mal à comprendre l’irruption de ce thème magnifique néoromantique, avec ce nom de Prelude, dans un disque aussi pop, même s’il y a toujours de l’art dans le pop. Cordes sirupeuses, voix d’amérindien (c’était à la mode cette année-là), tout est là pour nous indiquer qu’on va passer au morceau suivant. Et c’est un peu brusque, comme l’est proportionnellement le génie de Monsieur Papathanassíou. Paul Young, le chanteur pop britanniqueLe chanteur anglais Paul Young (qu’on entend malheureusement pas suffisament) met sa timide empreinte sur Losing sleep, une sucrerie (je glisse cela par rapport à leur admirateur commun, Zucchero) électronique qui tire sur les aigus comme des navires tirent sur la grand voile. En fait, sa voix se superpose à celle de Caroline. Son piano réverbé égrène ses cinq notes avec toute la solennité de l’instant. La fin du morceau est une superposition baroque d’orgue, de chœurs, de basse fretless et de piano avec élégance et détachement. Cet autre temps-fort de l’album mérite d’être écouté plusieurs fois, comme souvent avec Vangelis, qui cache des détails dans ses orchestrations comme certains peintres le font dans les décors de ses toiles.

> Messages et Dream in an open space

Messages possède l’emphase des grandes compositions de Vangelis : une phrase mélodique instinctive, une tonique tous les deux temps, l’instrument à effet italien – une sorte de mandoline électronique -, une partie vocale solide qui sert de contrepoint mélodique, plus des nappes de synthés bien placées. Bref, c’est parfait.
Le disque se finit sur les bases de Prelude, c’est-à-dire avec un piano à l’avant-scène et une sourde nappe de synthé. C’est sur ses notes paisibles de Dream in an open place que se termine ce chapitre magistral et relaxant sur la voix.


 > Les voix du salut

Voices est un disque reconnu par les fans sans être adoubé. Vangelis ne révolutionne pas son propre univers, mais confirme la ténacité de son style, et ce disque est relativement abordable en complément de 1492 pour des nouveaux arrivants sur son île de musique. 

> Track-list 

  1. Voices
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  2. Echoes
  3. Come to me
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  4. P.S.   
  5. Ask the mountains
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  6. Prelude   
  7. Losing Sleep (Still, my heart)   
  8. Messages   
  9. Dream in an open place 

    > Ressources sur le web

      Présentation de Vangelis > Lire aussi : Vangelis et le synthétiseur.
      > Vangelis sur Wikipedia.
      > Voir la fiche produit ou acheter l’album sur Amazon.fr

À propos de Jean-Baptiste

Né en 1977. je ne vis pas de l'écriture, je ne vis pas pour la musique, mais je suis en quelque sorte à mi-chemin des deux. Peut être. ou pas.

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2 Réponses à “Vangelis – Voices (1995)”

  1. kevin page Dit :

    Une erreur qui ne manque pas de piments !!!

    car en lisant votre article sur l’album « Voices » de Vangelis je lis : « avec un coup de pouce de l’ingénieur du son des Beatles John Martyn ».

    Et là ça me fait vraiment mal aux oreilles et mal au coeur de voir ce genre de choses sur un site censé être « Musical » (hum alors très « Express », jeu de mots bien sûr).

    Car le Monsieur en question dont vous parlez c’est GEORGE MARTIN qui était LEUR PRODUCTEUR et pas Ingénieur du Son (et leur Manager Brain Epstein). Mon Dieu j’espère que les murs d’Abbey Road ne se sont pas écroulés.

    Mais le plus drôle n’est pas là car en effet John Martyn (pas Dean bien sûr) existe vraiment et il a travaillé avec Eric Clapton (pas le Rouge) bien sûr. Le même Eric Meilleur Pôte de George Harrison qu’il lui a piqué sa Femme (mais cela ne nous regarde pas et c’est une autre histoire).

    Conclusion les années passent et la Kulture (avec un K si si) tombe dans l’oubli(ette) mais tout de même.

    Et c’est signé un Beatles Fan bien sûr !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    ..::Webmaster::.. Nous aurons fait le plein de culture Beatles avec ce rectificatif… Merci pour tout cela et le reste. J’ai confondu « John Martyn » et « John Martin » !
    Source. Au temps pour moi, ce sera corrigé prochainement.

  2. carl Dit :

    Il s’ agit bien de John Martin, pendant quelques années pianiste chez Alex Harvey et assistant des ingenieurs dus son chez Jon Anderson et Vangelis.
    Votre erreur ne manque pas de piments!!!

    Un fan des Beatles et de Vangelis

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