Tourist est le deuxième album de Saint-Germain. Après Boulevard, publié en 1995 sur le label F Communication (fondé par Laurent Garnier et Eric Morand), Saint Germain récidive en s’invitant, cinq ans ( !) plus tard, sur le label de référence des amoureux de jazz, Blue Note.
Ces deux disques proposent une fusion entre les mondes du jazz et de l’électronique. Le nom Saint-Germain vient à la fois du quartier de Paris célèbre pour ses boites de jazz que pour la ville de naissance de Ludovic Navarre, Saint-Germain-en-Laye.
Le discret Ludovic Navarre, derrière ses platines, a réunit tel un chef de « big band », six musiciens. Pascal Ohze (trompette), Edouard Labor (Saxophone et flûte), Alexandre Destrez (claviers), Idrissa Diop (Batterie), Carneiro (Percussions), Claudio De Qeiroz (Chant) et le guitariste jamaïcain Ernest Ranglin. Le feeling de ce jazzman confirmé va se déployer autour de boucles rythmiques surgies toutes droit des Antilles ou de l’Amérique latine (Latin Note est explicite à ce sujet), matinées d’un arrière-plan house.
> Un melting-pot à l’ombre de la note bleue
Les percussions ont le rôle principal dans cette alchimie étrange : pour s’en convaincre, il faut avoir écouté La Goutte d’Or, et ses perles de décoction africaine.
En clair, en ayant les développements de soli propres au swing (piano et guitares), la structure de certains morceaux est étonnamment dansante, même si l’ensemble est low-tempo. Les spécialistes du jazz parlent de nu-jazz, sans que cette notion ne couvre totalement le style musical de Saint-Germain.
Le succès de l’album va être considérable, puisque de nombreux titres vont faire carrière aussi bien en soirées hype qu’en illustration de reportages télévisés. Les commentateurs les plus éclairés n’hésiteront pas à parler de Tourist comme de l’album de l’an 2000. Il a récolté en 2001 trois Victoires de la musique, celle de découverte jazz de l’année (avant que le jazz ne fasse sécession en 2003 pour créer son propre concours), découverte scène et enfin, meilleur album de musique électronique.
> Les tubes…
On peut citer comme morceau emblématique de l’album le « tubeque » Rose Rouge, premier single de l’album, que tout le monde a forcément entendu au moins une fois. Rose Rouge utilise des morceaux de la prestation de la diva noire Marlena Shaw au festival de jazz de Montreux. Difficile de passer à côté de l’entêtant So Flute, qui a quelques reminsicences de cet autre tube, Watermelon Man. D’ailleurs Herbie Hancock a commencé sa carrière discographique chez Blue Note records. Au détour de certains titres, comme What you think about, se révèle cette inspiration funk sous-jacente qui ajoute un ingrédient supplémentaire à l’ensemble.
> … et quelques faiblesses
Pas désagréable à la première écoute, Tourist possède toutefois un disque avec un visa limité dans ma discothèque. Les titres (Latin Note, Pont des Arts) plus franchement tournés vers la piste de danse me plongent paradoxalement à la longue dans l’indifférence. Quant à Sure thing, son hommage au grand bluesman John Lee Hooker est gâché par une instrumentation lourde et distrayante. Excellentes critiques de la part des nouveaux venus au genre, c’est un achat sans risque pour tout amateur de bonnes vibrations. Et malgré ces quelques réserves qui restent très personnelles, voilà un disque qui pourra amener des amateurs d’électro à écouter davantage de jazz et vice-versa !> Track-list
29 mai 2008
CD / Divers, CD et Vinyles, Disques 2000 et +, French touch