Cinq ans après Computer Welt, Kraftwerk nous livre Electric Café. Cet ensemble compact de six titres se compose d’une trilogie pour ses premiers titres, suivis de deux tentatives pour se rattacher à leur succès passés, je pense à The Model, et enfin, un morceau-titre assez expérimental (Electric Café). C’est dans ces années-là que l’on voit l’explosion de la scène techno de Detroit, chère à Laurent Garnier, et de la house de Détroit.
Ralf Hütter, Florian Schneider, Karl Bartos et Wolfgang Flur signe là leur dernier disque ensemble. La sortie de l’album a été repoussé plusieurs fois car le quatuor n’était pas satisfait de la qualité de ses premières maquettes et a pris le soin d’évacuer progressivement les sons analogiques. Le travail sur le morceau Techno-pop remonte à 1982. Or, en 1983, Rälf Hütter, victime d’une chute de vélo, passa six mois dans le coma, ce qui retarda d’autant la réflexion sur un nouvel album. L’un des indicateurs principaux sur le style d’Electric Café est de voir accolé pour les besoins du deuxième titre de l’album, les mots Techno et pop (même si Schneider préfère parler de Robot pop), qui décrit bien l’évolution musicale de ce milieu des années 80.
> Visuel
La pochette du disque et le clip de Musique Non-stop (1984) sont assurés par les animations 3D précurseurs de leurs visages modélisés. Ces images sont fabriquées par les informaticiens du New York Technology Institute. Ces doubles numériques sont une perpétuation parfaite de la mécanique de la musique, et une ode à l’éternité de leur concept.
> Arrêtons-nous sur la Musique
Boing boom Tshak est le nom de l’onomatopée qui ouvre le disque. Ce titre, qui pourrait aussi bien être « scratché », constitué de refrain-couplets, est entrecoupé de breaks de batterie. La mélodie fluette de ce titre nous place dans un bain minimaliste qui englobe le premier quart d’heure de musique.
Prolongement de Computer World, l’album déçoit les fans à sa sortie par son manque d’audace et son retrait relatif par rapport aux autres groupes électro-pop. La rythmique prend une autonomie grandissante par rapport aux paroles (musique non stop en est l’exemple le plus frappant). Le morceau Musique non stop est clairement à la pointe du mouvement techno naissant, avec ses sons aiguisés et sa rythmique lourde. Cet hymne sera d’ailleurs utilisé pour clore les concerts du groupe allemand, et remixé par le groupe lui-même au début des années 90. Mais la part des bruitages est également un élément prépondérant de l’album. Sur The telephone call sont reproduits divers aspects de communications téléphoniques (ou plus précisément, des non-communications) en plusieurs langues. Sex object restitue la dimension funky de Kraftwerk, avec une guitare slap qui rappelle à distance Zoolook. Les échantillonnages ont du grain à moudre dans cet Electric Café.
> Conclusion
À noter que l’album fut produit en allemand, en anglais et puis en version chantée en espagnol.
Les poètes de l’âge atomique nous entrainent sur leurs rythmes cybernétiques, mais l’album souffre d’un déséquilibre entre une première moitié plutôt convaincante et d’une deuxième plutôt faible. Moins conceptuel que l’a^ge d’or de Kraftwerk, Electric Café offre un intérêt moindre pour aborder le groupe. À ne se procurer que pour les inconditionnels du groupe de Düsseldorf.
> Track-list
- Boing Boom Tschak (2:57)
- Techno Pop (7:42)
- Musique Non-Stop (5:45)
- Der Telefon-Anruf (8:03) – The Telephone Call (version anglaise)
- Sex Objekt (6:51) – Sex Object (version anglaise)
- Electric Café (4:20)
- Lire aussi : La biographie de Kraftwerk.
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4 juin 2008 à 19:43
Pour remercier la personne qui a créé les visages en 3d, Florian Schneider a dit « Tu as reproduit nos visages, alors nous allons reproduire ta voix » et c’est ainsi que pour la première fois qu’on entendait des voix de femmes sur un album de Kraftwerk.
Il est à noté qu’il existe un maxi avec un inédit « housephone »