Irrlicht parait en 1972. Après avoir cosigné des disques avec Tangerine Dream et sa formation Ash Ra Tempel, c’est le premier d’une très longue série d’albums personnels de Klaus Schulze. Sa pochette est le reflet d’une des grandes passions de l’époque, à savoir celle de la communication humaine avec les civilisations extra-terrestre (une parabole tournée vers une planète qui ressemble à Saturne).
D’ailleurs, avec Irrlicht, la musique de Schulze semble très extra-terrestre, côté planant oblige !
Il est sous-titré « Quadrophonische Symphonie für Orchester und E-Maschinen », ce qu’on pourrait traduire par « Symphonie quadriphonique pour orchestre et machines électroniques ».
Le disque se compose d’une première face, majestueuse, « Ebene » (29 :00), qui comprend une sous-partie « Gewitter energy rise energy-collaps », et d’une deuxième face, qui s’intitule « Exil Sils Maria ». La musique cosmique voulue par le berlinois se dessine en transparence de cette pastorale électronique à plusieurs instruments. La version remasterisé sortie chez Revisited Records contient une piste bonus, Dongeon, que je n’ai pas pu écouter.
> Premier morceau
L’ouverture d’Ebene consiste dans le murmure de cordes frottés et de bruit fantomatiques. Elle débouche sur une singulière rencontre entre le bourdonnement continu d’un synthétiseur (à la Blade Runner) avec des manipulations de cordes romantiques. Au bout de dix minutes, le jeu de Klaus Schulze parait au premier plan avec l’orgue électrique qui étend ses longues nappes qui se promènent sur plusieurs octaves. Cette partie, méditative à souhait, possède tout le charme des expériences psychédéliques. Imperceptiblement, le son liquoreux de l’orgue finit par se moduler au travers d’un effet démultiplicateur qui instille de légères dissonances, tout en plaçant une note basse sous-jacente. Après le fracas kaléidoscopique, les cinq dernières minutes permettent à Schulze nous transporte vers un autre climat, plus vaporeux et plus épuré, qui est une transition vers la deuxième moitié de l’album.
> Deuxième morceau
Exils Sils Maria est un morceau qui contient des passages très sombres, légèrement glauques, et d’autres, contrastés, qui joignent plusieurs sons dans un seul, sans grammaire mélodique précise. Sculpteur de sons, partisan du jeu le plus spontané possible, Klaus fait oublier la faiblesse de ses moyens technologiques (le synthétiseur VCS 3) par la construction d’une trame générale de collages et de clusters. Pour être plus concret, je dirai que certains passages de cette deuxième parte sont dignes de figurer dans tel ou tel film d’horreur, palpitant entre le reptile et le râle du possédé, où l’on sent trainer quelque spectre malfaisant. Aucune percussion ne vient troubler le rythme possédant de va-et-vient que forment les vagues de sons de Klaus Schulze, subtil jeu d’équilibre entre graves et aigus.
> Conclusion
Ce disque de Klaus, s’il est le premier, n’est pas le plus abordable de l’artiste allemand légendaire. Comme le premier disque de Jarre, qui date aussi de 1972, il n’est vraiment intéressant que comme un jalon dans le parcours de l’artiste. À ne se procurer que si vous avez déjà admiré quelques-unes œuvres qui sont largement représentées sur le blog En Attendant Jarre.
> Track-list
- Satz Ebene 23:23– Satz Gewitter / Energy Rise Energy Collaps 05:39
- Satz Exil Sils Maria 21:25
> Ressources sur le web
- Lire aussi : La biographie de Klaus Schulze.
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12 juin 2008 à 15:24
Ce n’est pas le meilleur album pour découvrir le maître car très difficile d’accès mais à écouter pour se rendre compte que le génie n’à pas besoin de beaucoup de matériel
26 août 2008 à 7:25
D’accord avec Fabrice : dans « Exil Sils Maria », il y a de longues nappes un peu gémissantes qui sont en fait obtenues avec une Binson Echorec que l’on fait saturer. En 1972, une Binson, c’était basique de chez basique.
Perso, pour découvrir le compositeur, je recommanderais « Timewind ».