Né en 1927, Pierre Henry est l’élève d’Olivier Messiaen (prof d’harmonie), de Félix Passeronne et de Nadia Boulanger (prof de composition) au Conservatoire de Paris.
Il sera timbalier au sein de l’Opéra de Paris, et c’est à ce titre qu’il fait la rencontre qui décidera de sa vie…
Il rencontre Pierre Schaeffer au sein des studios de Radio et Télévision Française (RTF, l’ancêtre de Radio France), et les deux hommes travaillent ensemble à la Symphonie pour un homme seul (1949 à 1950), première oeuvre longue durée de musique concrète gravée sur vinyle. Entre 1951 et 1953, ils créent ensemble Orphée qui sera le premier opéra électro-acoustique au monde, reprise par Béjart. Béjart et Henry collaboreront ensemble d’une manière assez suivie à partir de là.Henry et Schaeffer ne partageait pas les même finalité des expérimentations sur bandes magnétiques, et ainsi, il se séparèrent musicalement, en 1959.
> Parcours solo ou sono ?
« Détruire toute musique. »
Il lance son propre home studio (mot qui est curieusement anglais alors que le concept est français), financé par l’Etat, Apsome, rempli d’enceintes jusqu’au plafond. Avec des pièces au titre si explicie que celui du ballet des Variations pour une porte et un soupir (1963), Henry, appliquant les théories de Schaeffer à la lettre, fait du bruit des notes de musiques. Il joue de la porte pour en faire des « arpèges, des gammes, des trémolos et des soupirs ». Dans la lancée des éruptions révolutionnaires de 1968, Henry lance un manifeste encourageant la « destruction de toute musique ». Plus tard, mais bien plus tard, il tentera de préciser sa pensée et parlera plutôt de « mettre à jour une nouvelle musique ».
ll a signé des classiques de la musique concrète, assez vite en stéréophonie, comme L’homme à la caméra, Fragments pour Artaud, Voyage(d’après le livre des morts des tibétains) ou La Tour de Babel. Il a également réalisé des copier-coller de moments de symphonie de Beethoven (1979), pour produire sous nom sa dixième symphonie, qu’il remixera ultérieurement (la Xe remix, qui s’ouvre sur un beat électro !).Visionnaire dans l’âme, adepte des images aussi bien pour soigner ses pochettes de disques que pour illustrer ses propos, il déclare que « La musique concrète vient de la photographie et du cinéma ».
> That’s my DJ !
Connu pour la Messe pour un temps présent, publié en 1967 en collaboration avec Michel Colombier (injustement reconnu à ce titre d’ailleurs) pour un ballet de Maurice Béjart en Avignon. Henry s’occupait de la partie strictement électro-acoustique, tandis que Colombier assurai la partie orchestrale.C’est le titre Psyché Rock, repris par une génération de remixeurs à la fin des années 90, qui lui donne une notoriété nouvelle. William Orbit, Coldcut, Fatboyslim et Dimitri from Paris sont autant de pointures dancea avoir détourné ses carillons fracassants. Pourtant, ce titre e dehors de son potentiel vibrionnant n’est pas le plus représentatif de la messe.
À l’instar de nombreux héritiers des formes contemporaines (musique sérielles, atonale) Pierre Henry est très critique vis-à-vis de la musique actuelle, particulièrement sur la techno. Les journalistes reviennent à la charge comme les mouettes derrière le chalut (merci Eric Cantona pour l’idée) : « Etes vous le père (quand ce n’est pas le grand-père) de la techno ? » Réponse invariable du barbu frondeur : « La musique techno n’a aucune sensibilité, elle n’est pas assez surprenante et manque de poésie ».
Il fait des archives de sons sa porofession de foi, mariant des sons d’une manière qui désorienterai plus d’un étudiant en musicologie. Le numérique, il l’a adopté depuis bien longtemps : On peut faire beaucoup de choses avec le numérique », mas il n’a pas délaissé les bandes magnétiques pour autant. En mars 2008, la Cité de la musique lui donnait deux dates pour célébrer ses 80 ans derrière sa table de mixage qu’i semble n’avoir jamais quitté.
> Lire aussi : Pierre Henry chez lui
1 juillet 2008
Avant-gardes, Musiciens français, Musique concrète, Portraits