Pocket Symphony aurait pu être un album entièrement piano-basse-voix si Nicolas Godin ne s’était pas mis à pratiquer les instruments traditionnels japonais (koto et shamisen). Si le style air de leur premier album s’épanouit sur cette nouvelle production soignée avec « Space maker » et « Mer du Japon », une couleur plus « ambient » se fait sentir. La couleur générale du disque, construit autour de chansons courts (cinq minutes pour le lancinant Once upon a time) est très douce, avec quatre instrumentaux.
Après un disque solo pour Jean-Benoît et une collaboration avec Charlotte Gainsbourg (5 :55), Air revient à un disque aux effets électroniques discrets et aux guitares groovy. La pochette de l’album représente nos deux médaillés de la république en sorte de statues de cire translucide, à mi-chemin entre le Musée Grévin (pour le côté French) et le Palais de Tokyo (pour le côté Touch). C’est le travail de Xavier Veilhan.
Passons en revue les temps forts de cette nouvelle production aérienne.
« Once upon a time », avec la flûte de Magic Malik, est un titre efficace, qui nous fait voyager sur les touches noires du piano.
> Des « guests » de choix
Les participations de Jarvis Cocker (Pulp) et Neil Hannon (Divine Comedy) agrémentent ce voyage où les sons acidulés du duo forme une musique lisse et contemplative. Jarvis signe les deux textes de ces « guest songs ». « One hell of a party » est une transposition du « Little China Chirl » de Bowie, avec un tempo moindre et ses textures asiatiques, obtenues avec le koto et le shamisen.
Sur « Somewhere between waking and sleeping », Hannon se drape dans des cordes amples, dirigées par David Campbell, qui dessinent un filet idéal pour retenir ses envolées de bayton magnifique. Le piano de Dunckel explore modes majeurs et mineurs pour confirmer son travail d’orfèvre pour le crooner. Parfait pour moi qui aime beaucoup les albums de Divine Comedy.«Napalm love» est une chanson pop tournant sur quatre accords qu’on confondrait innocemment d’un cours d’orthophonie. Autre morceau malheureusement raté, à mon goût, « Photograph », où glockenspiel et guitare se superpose plus qu’ils ne se marient. La flûte de Magic Malik surgit tout à la fin, malheureusement trop tard pour sauver ce « mauvais tirage ».
« Left Bank » est une balade conventionnelle, où les français donne un texte qui n’est pas du niveau de Neil Young, mais font amende honorable avec une mélodie délicate. « Redhead girl » fait beaucoup penser à l’album 10.000 Hz Legend, l’apport zen des instruments à cordes japonais en plus. Redhead girl s’ouvre sur le tintement de carillons à vent. C’est pour moi le morceau qui caractérise le mieux l’album. Curieux à cet égard qu’il vienne si tard dans l’album.
> Les valeurs sûres
Comme pour assurer le succès du disque auprès des fans de la première heure, Mer du Japon renoue avec l’esprit des hits « Kelly watch the stars », et « Sexy Boy ». Aucune surprise à ce niveau-là de l’album, puisque c’est aussi le premier single de l’album. C’est la seule chanson en français de Pocket Symphony. Mais les anglais n’auront pas trop de mal avec sa phrase unique : « Je perds le raison dans la mer du Japon ».
« Mayfair Song » est un morceau dont les sons délayés rappellent Brian Eno. Les percussions sont les moteurs d’un paysage sonore déconstruit. Lost message, autre instrumental, possède une mélodie subtile, mais le morceau, qui prend des respirations entre deux lavis de synthé vintage, laisse un curieux sentiment d’inaboutissement. L’allusion à « Lost in translation » est contenue dans le titre.
Dunckel conclue l’album avec un morceau solo avec un morceau nécessairement crépusculaire, comme son nom l’indique, Rhodes oblige. C’est une compoition où la texture prime sur la mélodie, avec des cordes synthétiques proliférantes.
Pour me résumer, cette collection de douze titres est une sorte de point d’étape dans la carrière des deux versaillais. Ni expérimental ni pop, entre Yin et Yang, l’album est à l’image de ses illustrations chics et futuriste, mais figé. Ainsi, le milieu de l’album (pistes 4, 6, 7) ressemble à du déjà entendu. Le disque contient une interface Opendisc, qui permet d’accéder à des contenus exclusifs.
> Track-listing
- Space maker
- Once upon a time
- One hell of a party (chant : Jarvis Cocker)
- Napalm love
- Mayfair song
- Left bank
- Photograph
- Mer du Japon
- Lost message
- Somewhere between waking and sleeping (chant : Neil Hannon)
- Redhead girl
- Night Sight
Site web : www.pocket-symphony.com
18 août 2008
Air, CD / Air, CD et Vinyles, Disques 2000 et +, French touch