Moby – Play (1999)

Play de MobyPlay est l’album qui apportera le succès international à Moby. Il est classé numéro un en Angleterre. Son heure et quelque de pop ambigüe s’est vendu à deux millions d’exemplaires à travers le monde.

En guise de commentaire écrit à sa musique, Moby se contente de présenter une nouvelle fois sa cause végétalienne, déjà explicité dans Animal Rights, et son dégoût de la violence en général.  Il a la prévenance de s’excuser de cet aparté dans la même foulée, souhaitant qu’on adhère à son discours et à sa musique dans les mêmes proportions. En redoutable homme d’affaires, il met sa musique sous License commerciale pour de grandes marques à travers le monde, pour que la publicité amplifie sa propre notoriété. En France, ce sera une marque automobile qui s’emparera des droits de Porcelain, avant que le trouble venu des émissions de Gaz à effet de serre n’amène Moby à réviser ses positions. Pour les amateurs de sens, mieux vaut jeter un œil aux photos intérieures d’Yzabel Zu Innhausen, qui présente Richard en énergumène désarticulé. En 1999, Moby est le symbole de la jeunesse new-yorkaise (la ville qui ne dort jamais) branchée, aux deux sens du terme.


 

> Richesse mélodique

 


 

Richard Melville Hall appuie sa science mélodique sur le socle très moelleux de grandes voix soul et du gospel. Il en est ainsi dès le titre d’introduction, servi par la voix sèche de Bessie Jones, qui est adossée à un martèlement de piano et à la caisse claire incandescente caractéristique du bonhomme. Idem pour « Run on », avec une décalque de l’original canon brillant de Bill Landford and the Landfordaires.

Guitariste, Moby se tourne vers le piano pour accentuer les sonorités cristallines de l’album. Ainsi d’un morceau de remplissage au sens propre comme au sens figuré, comme Down slow. Malheureusement, ses broderies (les deux minutes trente d’arpèges languissantes de « Rushing ») finissent par lasser, même les plus indulgents. Les nappes de synthés sont larges et lisses comme du cirage.

Moby surnage, comme une baleine, à la fleur de l’eau, entre « dream music » (Inside) et « Punk-rock » (South side) gentillet, qui donne la couleur des futurs albums du mont chauve.

 


 

> Une pop matinée d’électro

 


 

Pour le reste, les tendances électro éprouvées sur sa reprise du thème de James Bond (« I like to score », font toujours recette dans « Bodyrock ». La guitare à cocottes et les années 70 sont ressortis du placard. L’influence du label Mute de Daniel Miller est ici prolongée à travers les intégrations de musique urbaines à l’univers cinématographique de Richard Melville Hall.

Moby se prend la têtePlay est un album majoritairement instrumental, mais Moby, qui a la voix capiteuse qui sied à son passé punk, intervient sur une demi-douzaine de titres. La plupart du temps, il utilise un vocoder ou une deuxième voix pour lisser cette image du passé. Les morceaux les plus dansants, outre Honey, Les plus célèbres thèmes, « Porcelain » et « Why does my heart feel so bad ? » (samplant le chœur gospel Shining light), se gonflent de cordes sirupeuses pour faire décoller les beats « freaky » du malicieux new-yorkais.

Par ailleurs, en dehors de tous les samples collectés dans le patrimoine du blues, il faut noter la présence de l’ex-chanteuse de No Doubt, Gwen Stefani.

L’album se clôt en douceur, mais non sans une certaine emphase, et une attirance certaine vers l’ambient de Brian Eno.

Une version B-Sides (les faces B) est également disponible.

 


> Track-listing  

 

  1. Honey  
  2. Find my baby  
  3. Porcelain  
  4. Why does my heart feel so bad ?  
  5. South side  
  6. Rushing  
  7. Bodyrock  
  8. Natural Blues  
  9. Machete  
  10. 7  
  11. Run on  
  12. Down slow  
  13. If things were perfect  
  14. Everloving  
  15. Inside  
  16. Guitar flute & string  
  17. The sky is broken  
  18. My weakness  

À propos de Jean-Baptiste

Né en 1977. je ne vis pas de l'écriture, je ne vis pas pour la musique, mais je suis en quelque sorte à mi-chemin des deux. Peut être. ou pas.

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