« Two Brains for feet » est le premier album du duo normand composé de David Leloup et de Fabrice Hubert. C’est un hasard curieux qui a voulu que je le découvre, étant à l’origine venu acheter le nouveau New Order. Le visuel de la pochette, signée Alfredo «G» Garcia, superpose une bande FM avec les silhouettes de jeunes danseuses aux robes des années 60.
Avant de se concrétiser sur l’album sur l’étiquette Platinum records, différents extraits de « Two brains for feet» sont parus, notamment sur la compilation « Made in Normandie ». Ceux qui avaient signés la bande-son de l’exposition « Les années pop » à Beaubourg se délectent ici d’emprunts à toute la batterie d’effets sixties (claviers antédiluviens, « ride bells » à la pellée).
L’album ouvre avec un titre-manifeste, pétaradant, Yé-yé style, où l’on pourrait presque voir Peter Sellers fumer des cigarettes qui font rire. Un riff de guitare se pose sur des gimmicks sonores kitschissimes.
> Les mélodistes
L’art de la mélodie des très affirmatifs Yé-yé n’est jamais pris en défaut, même lorsque leurs titres passent brusquement de l’ambiance électrifiée des dance-floor aux instruments acoustiques (A summer in Saint-Valéry) sans coup férir.De nombreux invités prennent place à bord de ce disque à remonter le temps. Shivika Asthana de Papa’s Fritas et Noémie de Zimpala prêtent leurs phrasés moelleux respectivement à « Eurostar » et « We’ve climbed mountains ».
Noémie joue les ingénues avec un grain de Bardot dans la voix, et elle est enveloppée d’une spirale de séquences psychés.
Mouloud (pas le mec de la télé, hein.) utilise sa voix de blouson noir pour contraster sur un glissando lumineux d’orgue électrique. « Strong enough » a l’efficacité d’une production pop conventionnelle, avec en sus un vernis vintage et ses réverbérations grandiloquentes.
Les références aux bandes sons des séries des années 60 et 70 sont nombreuses (le très funky « Burt Taylor »). Il en va de même pour le classique du film d’horreur affilié au syndicat international de la coutellerie Vendredi 13 (Extra-ball), dont le protagoniste Freddy Kruger remonte de nos souvenirs d’adolescent. Idéal pour flipper, si vous me passez le jeu de mots. Un sample de Sixty Nine, Brooklyn Express, complète le tableau.
> Le coup de main des copains
Les amis du groupe Tahiti 80 du claviériste Fabrice Hubert interviennent sur « The end of the beginning » et son bouquet final de cuivres flamboyant, coordonné par Xavier Boyer. Hautement recommandé. « Bachelor Party », introduit par une « human beat box » (peu de temps avant qu’elle devienne à la mode en France), est un joyeux collage soutenu par un module de basse fret redoutable. L’essentiel de la structure du morceau tient dans le sample de « Spank » de Jimmy Bo Horne, qui finit par s’oublier au milieu de multiples effets électroniques et du refrain aguicheur : « Bad is bad, it is, it’s very, very bad ».
Morceau peut-être le plus faible de cet ensemble remarquablement homogène, « Ma tendre amie ». Cet instrumental sans réel surprise ni son nouveau par rapport au reste de l’album se finit en queue de poisson.La première moitié de l’album est mixée par Tony Lash (Dandy Warhols), la deuxième moitié par le multi-instrumentiste Dominique Lafontaine.
Un disque festif de 39 minutes, idéal pour faire danser (surtout les titres impairs : 1, 3, 5, 7, 9 et 11), sur des pattes d’éph.
> Track-listing
1. Yé-yé style
2. Eurostar (avec Shivika)
3. Bachelor Party
4. The end of the beginning (avec Tahiti 80)
5. Burt Taylor
6. A summer in Saint-Valéry
7. We’ve climbed mountains (avec Noémie)
8. Ma tendre amie
9. Strong enough (avec Mouloud)
10. Dancing stubbing
11. Extra-ballPlus d’infos sur Platinum records
21 octobre 2008
CD / Divers, CD et Vinyles, Disques 2000 et +