Au départ d’Art of Noise (AON) se trouve un trio de musiciens réunies autour du producteur Trevor Horn, ex-buggles, auteur du tube Video killed the radio stars, comparse de Frankie goes to Hollywood. Ils enregistrent ensemble en 1981 l’album d’ABC « The Lexicon of love » et celui de Malcom Mac Laren « Duck Rock ». Anne Dudley est une pianiste classique qui s’est tourné vers la pop-music, Jonathan (J.J) Jeczalik est un claviériste et programmeur des débuts des Pet Shop Boys, et enfin Gary Langan est ingénieur du son, travaillant sur les premiers albums de Queen. Le journaliste Paul Morley complète le groupe, il faut le citer en dernier, car, à part avoir trouvé le nom du groupe en clin d’œil au livre célèbre du futuriste italien Luigi Russolo, et avoir encouragé la formation à garder l’anonymat à la manière de Devo, on ne sait pas à quoi il sert exactement.
Les premières compos d’Art of Noise correspondent à l’achat par Trevor Horn de l’ordinateur australien Fairlight CM-I, qui est le premier échantillonneur numérique de l’histoire. C’est grâce à cet instrument que le groupe va créer sa singularité, à commencer par le sample de la batterie d’Alan White (groupe Yes), lors des enregistrements de l’album produit par Horn, 90125.
> Le premier disque
Le morceau qui résulte de cet emprunt, noyé dans de l’écho, c’est Beatbox, le premier single d’AON, sur le label ZTT de Trevor Horn. Deux semaines durant, le titre va occuper la tête des musiques dansantes aux Etats-Unis. Fort de cet engouement, Art of Noise sort son premier Maxi, Into Battle with Art of Noise, en septembre 1983. Sur ce minidisque, on trouve aussi un de leurs instrumentaux aujourd’hui les plus célèbres, Moments in love, d’une durée de plus de dix minutes.
> La mayonnaise prend
L’année suivante, le groupe sort le disque pleine durée (Who’s afraid of ?) Art of noise. Ce premier véritable d’album reprend le contenu du deuxième plus des inédits pour atteindre 40 minutes, puis l’année suivante, pour atteindre une heure de musique, une nouvelle version, intitulée Daft sort en 1985.
Déjà de nombreux remixes entourent le phénomène Art of Noise, il serait trop long de tous les citer ici. Mais il y a aussi des emprunts qui sont restés célèbres. Signalons celui de The prodigy sur un fragment de Close to the edit, sur le titre Firestarter.
Suivant les préceptes de Morley, le groupe apparait le plus souvent derrière des masques et n’apparait jamais sur les pochettes.
Mais les trois musiciens originaux se rebellent contre les visées marketings corsettantes des deux businessmen du groupe, Horn et Morley, et ils (Dudley, Jeczalik et Langan), plantent les deux autres quelques heures avant un show important.
> Sortir de l’invisibilité
Séparé de fait de Trevor Horn et Paul Morley, le groupe sort Visible Silence en 1986, sur le label China. Ce sera le début de batailles de droits qui opposeront les deux camps pendant des années.
L’album Visible silence (1986) est loin du bruit médiatique, malgré le clip de Paranoimia en image de synthèse (la version remix de la chanson d’origine avec la tête de Max Headroom). Ceci dit, l’album, plus expérimental que le précédent (comprenez Who’s afraid of), place un joli succès, avec le remix du thème de Peter Gunn, avec la guitare (non samplée) de Duane Eddy, qui accèdera au top 10 britannique. Peter Gunn est une série réalisée par Blake Edwards très populaire à la fin des années 50, et la mélodie peut être ainsi une porte d’entrée pour l’auditeur. C’est cette chanson qui leur permet de décrocher leur premier Grammy Award dans la catégorie rock instrumental. En définitive, c’est la dernière année du sacre du trio, qui va bientôt se réduire à un duo.
Entre-temps, un album de remixes et de morceaux live « Re-works of Art of noise » sort. Le groupe se réduit alors à deux individus, Dudley et Jeczalik.
> La quête de sens
En 1987, In No Sense ? Nonsense ! sorti en 1987, Dudley imprime la touche classique en enregistrant des orchestres, parfois new-age, et Jeczalik apporte une sensibilité rock, avec des rythmiques carrées. Le groupe va intégrer dans ses collages des cordes, des chœurs, tout en gardant la recette du polar bien noir (ils composeront la musique de Dragnet) comme fil conducteur de l’album. C’est Bob Kraushaar qui prend en charge la console de mixage Kraushaar utilisera cette expérience à son profit en créant un groupe de dance music intitulé humoristiquement Art of silence, qui sévit sous le regard bienveillant de Jeczalik, entre 1995 et 1997.
> Tom Jones et son bisou
En 1988, le groupe s’écarte de l’instrumental pour s’offrir la voix de Tom Jones pour entonner une sympathique reprise de Kiss (1986) de Prince. Ce sera le plus grand tube d’Art of Noise, qui atteint la cinquième position des charts britanniques, au-delà de ce qu’avait réalisé le nain pourpre lui-même.
« Below the waste » fut la rencontre du groupe avec la musique d’afrique du sud, puisqu ‘il comprend des duos avec les groupes Zoulous Mahlathini et les Mahotella Queens. en 1990, et il reçut un accueil critique glacé. Le disque comprend dans un autre registre une version de James Bond, dont les producteurs (période Timothy Dalton) ne voudront pas. Un album de remixes supervisé par le membre de Killing Joke (en français : la blague qui tue), Youth, appelé « The Ambient collection » parait, avec le contenu des deux derniers albums, essentiellement d’influence d’Anne Dudley. La jeune femme, qui s’est rapproché du groupe Killing Joke signe un album inspiré par l’Egypte en 1990.
> Le groupe dans un coma artificiel
Le chant du cygne intervient en 1991. Art of Noise créé son propre remix techno, sous le nom de The FON mixes. Mais juste après, le duo se dissout, car Jeczalik se détache du monde de la musique pour s’intéresser à la finance. Le groupe est officiellement arrêté.
Anne Dudley poursuit son chemin solo en signant nombre de musiques de films, dont certaines auront un grand succés (et même un Oscar pour la B.O. de The Full Monty) en 1997. Elle a également été compositrice pour l’orchestre intégré de la BBC entre 2002 et 2005.
En 1999, ils recomposèrent le groupe, avec le guitariste Lol Creme et Kevin Godley, mais sans Jeczalik, pour un concept album, The seduction of Claude Debussy. Mais l’album est un four malgré sa qualité et son respect de l’esprit d’origine d’Art of Noise. Il y est question de la vie du grand compositeur français.Depuis l’an 2000, de nombreuses recollections de titres d’Art of Noise permettent au label ZTT de rester en vie. Ils ont notamment édité un super CD (SACD) nommé Reconstructed (2004). Pour les colectionneurs, un boitier quatre CD « And what have you done with my body, God » (2006) permet de retrouver une quarantaine d’inédits de la grande époque d’Art of Noise.
> Ressources sur le web
- Myspace officiel
- Le site de ZTT Records
- Beat Box :
2 décembre 2008 à 12:06
concernant la vidéo :
(source : http://jetel.free.fr/aon_menu.htm)
IN VISIBLE SILENCE – 1987
Uniquement en VHS, ce concert donné à Londres, au Hammersmith Odéon, est déroutant, mais résume assez bien ce que peut donner un groupe expérimental sur scène. Malgré un montage parfois lourd (un boucher au milieu de « beat box »…), on trouve un vrai groupe (clavier, batteur, basse, choristes…) et c’est plus sympa de mettre des visages sur les noms ! Certains passages au piano d’Anne Dudley valent vraiment le détour !
Un document unique, très difficile à dénicher !
INTO NOISE – 2002
Après la sortie de l’album « The Seduction of Claude Debussy » en 1999, Art of Noise a entrepris quelques rares concerts aux Etats Unis et à Londres.
Rien a voir avec la vidéo précédente, c’est Paul Morley qui commande ici !Ca sonne assez techno, on se demande un peu ce que font les musiciens… mais c’est l’occasion de VOIR Trevor Horn à la basse et Anne Dudley au piano. Sans être indispensable, on retrouve quelques bons moments (notamment avec la chanteuse lyrique Amanda Boyd) et extraits de clips vidéos des années 80 (beat box). Une interview du groupe par le groupe en bonus !
7 avril 2010 à 9:51
Aaah, Art Of Noise. J’ai adoré ce groupe, leur musique à base de samples bizarroïdes été un vrai choc, comme une version Dada de « Zoolook ». Leurs trois premiers albums, « Daft », « In visble Silence » et « In no sense ? Nonsense ! », sont indispensables et reflètent bien l’esprit « Monty Python » de leur musique foutraque mais bien fichue et recelle de grands moments, comme ce « Moments in love » totalement planant avec son introduction au piano, « Paranoimia » (version d’origine sans la voix de Max Headroom, somme tout indispensable) qui est d’un minimalisme à couper le souffle, ou bien « One earth », qui clôt « In no sense ? Nonsense ! » et qui qui me fiche des frissons rien que d’en parler. La suite est hélas totalement dispensable : « Below the waste » était raté (à part la reprise de James Bond) et « The Seduction of Debussy » était d’un tel ennui qu’on se demandait ce qu’Art Of Noise venait faire là dedans. Et je ne parlerai pas des albums de remix…
Pour se faire une bonne idée : l’album « The Best Of The Art Of Noise » qui existe en deux versions : couverture rose, à fuir absolument, et couverture bleue, à posséder obligatoirement!