Thierry Rouault a très aimablement accepté de répondre à mes questions concernant le magazine et association Globe-trotter qu’ils a créé avec d’autres pasionnés de Jarre et de musique électronique : Brigitte Rohard, Jean-Michel Daniel, Jean-Bernard Emon, en 1992. Globe-Trotter, cette publication francophone en couleur, d’abord nommé Cartolina, a duré six ans, soit un total d’un millier de pages environ, et ses contenus étaient exclusifs.
Une réunion mensuelle devant le centre Beaubourg permettait aux fans d’échanger autour de leurs artistes préférés : Jarre et Vangelis. Des extraits rares de leur travaux étaient même proposés gratuitement. L’association Globe Trotter comptait une trentaine de fidèles depuis les débuts.
Un ton loin de l’idôlatrie ou de la jarrôlatrie, pour faire un néologisme, qui a pu déplaire à certains fans hardcore, qui ne supportait pas que l’on ternisse l’image glorieuse de leur champion. Et puis, des thèmes jamais abordés dans l’analyse des morceaux (voir la deuxième partie de l’interview de Thierry Rouault ci-dessous).
Le rédacteur en chef de la revue grand public Keyboards Alain Mangenot a fait la promotion du travail sérieux et original de l’équipe de rédacteurs de Globe Trotter. Parmi ces rédacteurs, il y a des lecteurs assidus de mon modeste blog, dont Patrick, qui a également accepté de se soumettre au jeu des questions-réponses. Leurs propos ses croisent pour tisser une image assez précise de « l’esprit Globe-Trotter ». (Informations et photo issues du Globe Trotter n°31)

Depuis quand vous intéressez-vous au travail de Jarre et de Vangelis ?
Patrick : Mon père écoutait souvent Oxygène, Equinoxe et les concerts en Chine. Mes premiers souvenirs datent de mes 4-5 ans concernant Jarre. J’ai découvert Vangelis un peu plus tard vers mes 8-9 ans avec l’album « Odes ».
Thierry : Jarre depuis le concert de La Concorde et Vangelis depuis 1979.
Avant Globe-Trotter, il y a eu l’expérience Cartolina. Patrick, peux-tu en dire un mot ?
Patrick : Cartolina était le premier nom de Globe Trotter, (il n’y a eu qu’un numéro) mais Thierry Rouault avait rencontré Jarre et ce dernier lui avait dit que cela ne correspondait plus avec son travail, pour cette raison Thierry changea le nom en Globe Trotter.
Et pourquoi ce nom, Globe Trotter ?
Thierry : L’aspect international de la carrière de Jarre était symbolisé par le titre de cette musique. (…) Globe-trotter semblait approprié, ce morceau [de Jarre, NDLR] était tout récent à l’époque. De plus c’était également un qualificatif assez proche des personnalités de Jarre et de Vangelis.
Que pensez-vous de feu-la revue anglaise Conductor of the masses (stoppée en 2000) ?
Patrick : Je n’ai pas été adhérent de cette revue, Globe Trotter me suffisait largement même si c’était une présentation amateur, mais pour moi cela avait son charme.
Thierry : Techniquement irréprochable, mais intellectuellement très polémique (panégyrique du concert en Afrique du Sud avant la fin de l’Apartheid, promotion très subjective de tout ce que faisait Jarre) et prix de la revue prohibitif.
Qu’est-ce que vous avez cherché à faire de différent avec Globe Trotter par rapport aux fanzines existants ?
Patrick : Globe Trotter était une association de loi 1901 et n’avait rien en commun avec les fans clubs, les adhérents de globe trotter faisait la différence entre Jarre l’artiste mais aussi l’homme. La parole était libre et chacun pouvait s’exprimer librement sur Jarre mais aussi d’autres artistes.
Thierry : Rédiger une biographie exhaustive et inédite sur JMJ, évoquer les autres musiciens comme Vangelis, Marouani, Tangerine Dream, critiquer les musiques sans concession (Jarremix, Odyssey Through 0²) présenter les aspects méconnus de l’œuvre de Jarre.
Quelle musique écoutez-vous à l’heure actuelle ?
Patrick : Jarre, Vangelis, Archive, Pink Floyd, Art of noise, Dead can dance, Sakamoto, Craig Armstrong, etc.
Thierry : Vangelis, Peter Gabriel, Kate Bush, Tears For Fears pour les anglo-saxons et toujours Jarre et Daniel Balavoine pour les Français.

Combien de temps pouvait prendre la conception des numéros de Globe-Trotter ?
Thierry : Une demi-heure par exemplaire pour la fabrication [Les photos étaient collés sur chaque numéro, NDLR] et des semaines de recherches pour les articles.
Peux-tu nous donner tout ou partie des noms des dossiers qu’on trouvait dans le magazine ?
Thierry : Tout la bio de JMJ de 1948 à 1998, toute la discographie en images et en références, l’analyse détaillée de chaque disque et de chaque concert, les projets inachevés, la symbolique maçonnique dans l’œuvre de JMJ plus des articles sur Vangelis, Kraftwerk, Tangerine Dream, Mike Oldfield, Marouani.
Thierry, pourquoi te parait-il si important d’inclure les champs symboliques et politiques dans tes analyses de Jarre ?
Thierry : Chaque artiste est un citoyen et de plus JMJ s’est toujours engagé politiquement sans jamais s’en cacher, ses convictions font partie de sa carrière.
En quelle année eut lieu la rencontre des lecteurs et des rédacteurs du fanzine avec Michel Geiss ?
Thierry : En 1995 à Beaubourg. Nous avions offert un cadre représentant les pochettes de disques de Jean-Michel. Nous avions surtout évoqué le concert pour la Tolérance. L’interview a été retracée dans le numéro 10 de Globe Trotter.
Est-ce que tu as reçu des commentaires (positifs ou négatifs) de l’entourage de Jean-Michel Jarre ou de Vangelis à propos de votre fanzine ?
Thierry : Non, aucun commentaire.
Quel est ton meilleur souvenir des six années d’existence de Globe-Trotter ? Et le pire moment ?
Thierry : Le meilleur moment ? La correspondance avec les adhérents et les réunions à Beaubourg. Les pires moments : les fanatiques injurieux qui ne supportaient pas certaines critiques et enfin la haine de certains fan-clubs (notamment Transjarre et Oxygenie qui avaient plagié mot pour mot certains articles et appelé les autres fan-clubs à ne pas nous aider).
Que penses-tu des fans-clubs actuels de Jarre et quelles reproches et mérites leur décernent-tu ?
Thierry : Je ne suis plus le travail des fan-clubs mais je pense que les querelles de clocher ne se sont pas arrêtées.
Souhaites-tu un jour mettre davantage d’articles de Globe-Trotter sur ton site web ? Ou préfères-tu les inclure dans ton projet de livre ?
Thierry : Mon projet de livre est enterré. L’édition est un milieu trop fermé ou peut-être que mon travail n’intéresse personne. Je souhaite garder un aspect collector en ce qui concerne Globe-Trotter donc les articles resteront sur papier et jamais sur Internet.
Le numéro 32 de Globe-trotter est disponible depuis juin 2010.
17 janvier 2009 à 20:30
Je voulais dire ,que je réspectes énormement Thierry car il a fait un travail titanèsque au sujet de globe trotter ,j,ai eu la chance de le rencontrer à Bruxelles pour une convention de colléctionneur et son expo sur tout les disques de JMJ étaient présent.Je lui ais envoyé bon nombres de déssins ainsi qu,un grand cadre de »chronologie » qu,il a remis en main propres a Jean Michel Jarre.J,ai coupé les ponts car j,ai eu de graves problèmes de santé,mais je n,oublie pas sa grande sympathie.Le « personnage » est tres « ouvert ».Stephane
22 décembre 2011 à 3:30
Bonjour,
J’aimerais avoir des commentaire à la fois sur Globe-Trotter et sur mon site car je ne sais pas ce que mon travail vaut aujourd’hui avec le temps. Mon projet de biographie est relancé car j’ai publié un livre d’après mon mémoire de master et mon livre sur Daniel Balavoine est prévu pour janvier 2012. Ma biographie de Jarre rassemblera tout ce que j’ai rédigé dans GT plus ce que j’ai écrit depuis soit 400 pages.