Boards of Canada – Music has the right to children (1998)

Music has the right to Children - disque de Boards of CanadaLes frères écossais Michael (né en 1970) et Marcus Eoin (né en 1971) Sandison a fait une entrée en fanfare avec ce premier album complet (si l’on met de côté l’obscur album Boc Maxima) de toute beauté. Même si la moitié des titres de l’album sont issus de titres précédemment publiés, la cohésion et de cette oeuvre est frappante.

Ces deux spécialistes de la découpe musicale ont eu le temps de perfectionner leur style, depuis leurs débuts à la fin des années 80, avec leur arrière catalogue, un peu comme Jarre avant Oxygène, a été laissé dans l’ombre par le duo. L’acclamation critique dont ils furent l’objet, aux côtés des Selected ambient Works d’Aphex Twin, à une époque où le trip-hop prenait une dimension considérable, n’est pas usurpée. Le nom Boards of Canada est dérivé du nom anglophone de la branche de la télévision publique de Montréal, le National Film Board of Canada.Le Canada est le pays dans lequel les jeunes musiciens ont passé une partie de leur enfance dans les années 70. Des extraits d’émissions de cet organisme servent de fil conducteur à leurs albums avec des samples de films documentaires éducatifs, en plus de prises de son sur du matériel « cheap ».


> Aperçu d’ensemble 

Boards of CanadaL’aspect rural de la musique de Music has right to children, comme des travaux ultérieurs, est une recherche esthétique continue, avec une tonalité plutôt joyeuse. Les rires d’enfants et les évocations de l’enfance (dans les années 70 est également un arrière-plan constant chez ces artistes singuliers. C’est la voix d’enfant que l’on entend, dans le très kaléidoscopique The Color of Fire, ainsi que sur Aquarius, de pair avec des chiffres et la couleur orange. Le disque a été publié parallèlement sur le label Scam, et la bannière Warp records. La pochette de l’album, représentant la photo jaunie d’une famille dont les visages ont été effacés, est particulièrement frappante, surtout quand on sait que ce sont les artistes qui assurent leur propre direction artistique. Cette image caractéristique rejoint la préoccupation d’alors des deux musiciens de masquer leur filiation réelle, par l’utilisation de noms de famille différents (Sandison et Eoin) sur le verso, tout en interpellant chacun sur sa propre identité. L’album se constitue d’un péle-mèle de morceaux courts (de type introduction) et de morceaux plus longs, généralement plus rythmés. Les morceaux courts sont plus originaux que les morceaux longs, servant de transition entre ceux-ci. Il est difficile de faire un compte-rendu précis de chaque piste, mais on pourrait lire l’album à deux niveaux – un technique, les collages et les superpositions glitch (belle illustration avec An Eagle in your Mind) - et un autre, mélodique, avec des titres qui alternent des tenues de notes et des notes intervalles (Sixtyten). L’album est enregistré dans leur studio, Hexagon Sun, auquel le titre de la piste 7 fait référence.


> Composition de la musique

Michael Sandison de Boards of CanadaLe travail de Michael et Marcus se fait en couches de musique successives, qui rentrent en scène comme dans une pièce de théâtre. L’album contient néanmoins quelques deux titres lassants à mon goût, Rue the whirl et Smokes Quantity, dont la dentelle de sons assourdis est sacrifié sur l’autel d’un beat basique envahissant. Telephasic Workshop, qui fait d’une accumulation de « phonèmes » un matériau sonore épais comme de la brique, renoue avec l’esprit dub de Zoolook. Les amateurs de sons analogiques trouveront leur compte dans Bocuma, sur le registre virevoltant et le brass mutant de Roygbiv, ou encore sur l’excellent intermède Olson. Des bribes de rythmes hip-hop ponctuent la fin de l’album. Music has the right to Childrenest agréable à écouter de bout en bout, même si la première écoute est déconcertante pour qui n’est pas familier avec l’IDM (Intelligent Dance Music). Serai-ce la musique que ferait Pink Floyd aujourd’hui ? Nul ne sait. Ce qu’on sait, c’est que ce disque vieilli aussi bien qu’un Meddle dans les années 80. En tout cas, pour revenir à aujourd’hui, Boards of Canada devra attendre son album suivant, Geogaddi, et le temps d’une tournée de longue haleine, pour accéder aux premiers rangs des ventes en musique électronique, avec leur label, music70. Si vous adoptez cet album (qui est le meilleur du groupe à ce jour), plongez-vous dans les oeuvres complètes de leurs deux alter-egos et mentors, Plaid et surtout AutechreNoter que le morceau final – Happy cycling et son tempo instable – ne figurait pas sur la première édition européenne de l’album, mais seulement à partir la version américaine de Matador Records (éditée en Digipack), et que l’album se concluait donc par le message à caractère informatif. C’est le versant politique d’une oeuvre nostalgique et poétique, décrit par certains comme de la « mélancolie électronique ».

> Track-listing

  1. Wildlife Analysis (1:15)
  2. An Eagle In Your Mind (6:25)
  3. The Color Of The Fire (1:45)
  4. Telephasic Workshop (6:35)
  5. Triangles And Rhombuses (1:50)
  6. Sixtyten (5:48)
  7. Turquoise Hexagon Sun (5:07)
  8. Kaini Industries (0:59)
  9. Bocuma (1:35)
  10. Roygbiv (2:31)
  11. Rue The Whirl (6:39)
  12. Aquarius (5:58)
  13. Olson (1:31)
  14. Pete Standing Alone (6:07)
  15. Smokes Quantity (3:07)
  16. Open The Light (4:25)
  17. One Very Important Thought (1:25)
  18. Happy Cycling (Bonus track – 7:52)

> Ressources sur le web

À propos de Jean-Baptiste

Né en 1977. je ne vis pas de l'écriture, je ne vis pas pour la musique, mais je suis en quelque sorte à mi-chemin des deux. Peut être. ou pas.

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