Le Moog Liberation (production de 1980 jusqu’à 1984) est le premier keytar (néologisme qui mélange keyboard et guitar) ou clavier portatif en bandouillière pour droitier. Il s’agissait d’une bandouillière de guitariste, pas superflu quand on sait que le monstre pèse environ 7 kilos, avec un cadre de bois verni. Son câble, qui a permis en premier aux instrumentistes de se promener de long en large de la scène, mesure 10-12 mètres de long. Le Liberation compte 61 notes.
Robert Moog n’a pas participé directement à la conception de celui-ci. Le clavier (trans)portable était censé procurer les mêmes émotions que celles que peut ressentir un guitariste qui est libre de ses déplacer sur scène. Voici ce qu’en dit la publicité de Moog en 1980, présentée par Tom Schuman du groupe jazz-rock Spyro Gyra :
Le Liberation vous donne la liberté de vous produire à l’avant-scène ! Chantez, rappez, divertissez… plongez-vous dans l’action avec le synthétiseur qui n’est pas plus lourd qu’une guitare Les Paul !
La liberté de vous exprimer votre don musical avec le célèbre ribbon controler de Moog, la modulation, les filtres et le contrôle de volume sous votre main gauche pendant que vous introduisez des nuances musicales grâce à ce clavier « sensible au toucher ».
> Caractéristiques techniques
C’est un synthétiseur monophonique à synthèse soustractive avec deux VCO à trois formes d’ondes, dont l’un peut contrôler l’autre, et correspondent à trois octaves chacun. Il dispose de deux enveloppes ADS et d’un générateur de noise. Le Liberation est également doté l’une des premières sections polyphoniques qui peut passer par le filtre, et produit des sons d’orgue. Il est relié à un module externe positionable sur un rack, interfacé en sortie CV Gate. Le Liberation a sur son manche une série de commandes. Il s’agit du ribbon controler (affecté au pitch) et quatre molettes qui règlent respectivement le LFO, l’ouverture/fermeture du filtre 24 db, similaire au Minimoog, le volume, et le force sensor (l’intensité de la résistance de la « force retour » du clavier par ressort est mesuré par un potentiomètre) qui est spécifique à ce clavier. Grâce au force sensor, on obtient un toucher différent selon l’inclinaison du clavier si on le tient en l’air (pas contre son corps). C’est sans doute cette caractéristique qui a fait une grande partie de son succès en dépit de son son assez « maigre », surtout dans les basses.
> Liste des utilisateurs principaux
Jean Michel Jarre a utilisé cet instrument sur scène lors de ses prestations live sur le morceau Oxygène 5 en 2007 (voir vidéo ci-dessous) et 2008. Il présente l’engin dans les bonus du DVD Oxygène live in your living room. Didier Marouani (photo ci-contre), de Space, fût l’un des utilisateurs les plus extensive de cet instrument, tout au long des années 80. Le groupe Devo a aussi développé un culte autour du Liberation. C’est aussi l’instrument de Dominique Perrier dans les Concerts en Chine (1981) pour exécuter les solos. Parmi les autres musiciens qui l’ont utilisé, citons : Tom Coster avec Santana, Tommy Cyborg et Damon Edge de Chrome (pré-rock industriel), Roy Goudie, Herbie Hancock, Joy Electric, Mark Jenkins, Bryce Kushnier du groupe The Fancy Few, Kool and the Gang, Appolo 440, Light of the World, John Malloy, Danny Peyronel du groupe UFO, Michael Sadler de Saga, 808 State, Tom Schuman de Spyro Gyra, Six Finger Satellite, Stereolab et bien sûr les gargantuesques membres de The Moog Cookbook.
> Ressources sur le web
- La page du Liberation sur Vintage Synth Explorer.
- Plus d’infos sur oldschool-sound (en français).
- Le site de Moog Music
- Jarre fait sortir des sons incroyables de son Liberation (Marigny, 2007) :
21 janvier 2009
Instruments électroniques