Et un, et deux… Le concert de la nuit électronique marque les retrouvailles de Jean Michel Jarre avec le site du Champ-de-Mars, trois ans après le concert pour la Tolérance. Cette fois-ci, le musicien français partage l’affiche avec le japonais Tetsuya (TK) Komuro, avec qui il avait composé quelques mois plus tôt le titre Together Now, à l’occasion du festival de France au Japon. Le concert gratuit est présenté en conférence de presse par les deux hommes aux côtés du maire de Paris, Jean Tibéri, sous l’angle multiculturelle en expliquant que c’est le Japon qui co-organisera la Coupe du Monde 2002. Détail amusant, au moment de l’annonce du concert, le ministère de l’intérieur (de gauche) n’a pas encore donné le feu vert au maire (de droite) pour l’organisation effective du rassemblement. Jarre s’était vu refusé par Jean-Pierre Chevènement la tenue d’un concert le 12 juin, date de la Fête de la musique, sans doute pour cause de débordements possible de supporters venus de toute l’Europe.Le concert a lieu deux jours après la victoire inattendue de l’équipe de France sur le Brésil 3-0 au Stade de France en finale de la Coupe du Monde, et la ferveur des supporters est toujours au plus haut. La fête nationale et ses symboliques révolutionnaires est rattrapée par les sirènes des stades d’une troisième mi-temps interminable.
> Installation technique
Pour faciliter la mise en place technique du concert, les techniciens de Jean Michel réutilisent la scène du concert donné au même endroit le 11 juillet par le concert classique « Les trois ténors« , à savoir Luciano Pavarotti, Placido Domingo et Jose Carreras. La scène est un peu moins près du pied des tours que pour le Concert pour la tolérance. Sur les côtés des 24 hectares du parc du Champ de Mars, une multitude d’écrans géants sont installés qui diffusent des images de Paris retraités numériquement par Jessie Deep. Jarre faisait aussi du mixage vidéo avec le logiciel JarKaos. À noter que quelques photos des spectateurs seront inopinément glissées au cours de la soirée.600.000 personnes attendant donc l’artiste lyonnais au son d’En attendant Cousteau, avec pour beaucoup d’entre eux le souvenir du concert de 1995, qui était 100% Jean Michel. Inutile de préciser qu’ils tomberont de haut. Seul ceux qui ont entendus l’avertissement de Jean Michel quelques semaines plus tôt anticiperont le décalage : « Ce sera une nuit complète, complètement différente de tout ce que j’ai pu faire auparavant. »En tout cas, cela donne d’emblée un spectacle insolite avec un rappeur en première partie qui se fait couvrir de huées suivi du refrain « On est champions-On est champions » et autres revivals d’I will survive « La–la-la–la–la—la, etc. »Sur scène aux côtés de Jean Michel, peu de musiciens réels, sauf le rescapé de l’Oxygène Tour Christopher Papendick à la basse, Cliff Hewitt et Paul Kodish aux percussions, et beaucoup de têtes méconnues du grand public (sauf au Japon ou TK Tomuro est une star). Les artistes qui ont participés à l’album Odyssey through O² se relaient pour remixer les pistes d’Oxygène et Oxygène 7-13. DJ Cam, Resistance D, Appolo 440 et Claude Monnet font chacun leur petit show, sous le regard bienveillant d’un Jean Michel particulièrement mal vêtu (un ensemble sportswear digne de SOS Fantômes). Au cinquième titre, on assiste un résultat malencontreux comme cet Oxygène in the ghetto, morceau de rap comme son nom l’indique figurant la mélodie d’Oxygène 4 ! Le public n’apprécie pas ce télescopage et se mettent même à huer les chanteurs Dadou (du groupe KDD) et l’américain Trigga Da Gambler qui n’en laisse rien paraître.
> Jarre transversal
Avec Revolutions et Rave-o-lution, Jarre, saisissant un drapeau tricolore dans le public et le portant sur les épaules, rattrape le coup vis-à-vis des supporters en dédiant le morceau au nouvel héros national, Zinédine Zidane, à la fin du concert.Une diffusion sur M6 incomplète marque l’évènement. Une captation VHS en coffret (CD audio + vidéo+livre de photos du concert + CD de 5 morceaux, intitulé Works of TK Tomuro) pour le marché japonais est sorti.
Un grand nombre de spectateurs évacue les lieux du concert sans heurts en regrettant d’avoir été convié à une fête techno qui ne disait pas son nom.
Le concert s’est fini vers une heure du matin avec les accrocs des basses puissantes et un parterre de fans assez frustrés. Beaucoup de fans considèrent que c’est son pire concert. Heureusement, le feu d’artifice traditionnel de la Concorde financé par la mairie de Paris déporté sur le Champ-de-Mars a conclu la soirée en séchant quelques larmes de tristesse.
> Track listing
- Rendez-Vous 98 (Appolo 440 Remix)
- Together Now Instrumental (avec TK)
- Together Now Parlez-Vous Français Mix (avec TK et les rappeurs KDD et Trigga the Gambler)
- Oxygene 7 DJ Cam remix
- Oxygene in the Ghetto
- Eldorado / UNESCO Theme Japan
- Oxygene 8 Hani’s Oxygene 303
- Paris Underground (avec TK)
- Oxygene 13 TK Remix (avec TK)
- Oxygene 10 (Appolo 440 remix dub)
- Oxygene 10 (Resistance D Treatment)
- Oxygene 8 Sunday Club
- Oxygene 12 (Claude Monnet remix)
- Revolutions (remix) et Rave-o-lution
> Ressources sur le web
- Première partie du concert : http://www.dailymotion.com/video/k4xRESj2ReioHO50QB
- Compte-rendu par Jean-Philippe Ghedati.
- Article de presse assez mitigé du Monde du 16 juillet 1998 sur le site Tout Jarre.
18 février 2009 à 11:51
pour les fans de jean michel jarre ,ce fut une nouvelle fois une façon de se rencontrer et de parler de tout ce qui le concernait.Et étant au concert ,je peux vous dire que sur certains titres le public bougait au rythme de la musique.Et c’est vrai que le feux d’artifice final a fini la soirée en apothéose.jarrement vôtre
19 février 2009 à 9:52
Jarre habillé en éboueur tout comme la musique présenté ce soir là… Un vrai désastre…
23 février 2009 à 21:13
J’étais présent à ce concert : il eu également un début d’incendie ce soir là, au niveau des projecteurs. Il fut heureusement vite maîtrisé.
Sur le fond maintenant, ce concert était bel et bien une erreur de communication. C’était une bonne initiative de permettre à d’autres courants musicaux d’explorer les oeuvres, mais c’était une bien mauvaise idée d’organiser un concert basé uniquement sur ces réinterprétations en le vendant comme « concert de Jean-Michel Jarre ».
13 janvier 2013 à 18:55
J’avoue que moi aussi j’ai été surpris de la musique diffusée , je m’y attendais pas non plus…de la musique techno à la Jarre..bof bof, au fond j’étais déçu. Dommage il a raté le coche, mauvaise communication et surtout mauvais choix, on était en pleine coupe du monde, pourquoi faire un pseudo concert de Jean Michel Jarre alors que c’était des morceaux joués par d’autres principalement…
En effet il y a bien eu un problème de projecteur qui a pris feu, j’étais juste devant mdr