L’ARP 2600 est la version portable de son illustre aîné, l’Arp 2500, qui a connu un grand succès dans le domaine de la recherche musicale en 1970. L’ARP 2600 est un synthétiseur à synthèse soustractive monophonique, avec 3 oscillateurs, et un panneau qui comprend une collection des targettes et des potentiomètres. Il comprend évidemment toutes les formes d’ondes habituelles, autour d’1 VCO, 1 LFO (Triangle), et deux générateurs d’enveloppes (ADSR et AR).
Alan Robert Pearlman, le directeur de la société de synthétiseurs et ex-de la NASA, est très dynamique pour faire la promotion de ces solutions de recherche musicale. Parmi ses premiers clients, on peut citer Pete Townsend, Joe Zawinul, Stevie Wonder et Edgar Winter. Avec l’ARP 2600, l’objectif du manufacturier était d’apporter aux plus de musiciens possibles l’opportunité de créer ses propres sons. Comme le Minimoog, il intègre dans une valise, mais avec des poignées en bois. Ses haut-parleurs intégrés et sa « spring reverb » sont très appréciés, mais le clavier escamotable de base (49 notes) n’a pas un très bon toucher. À partir de l’avatar 2601, le clavier à intégrer (3620) à l’ensemble ARP valait plus d’agrément.
> To patch or not to patch, that is the question
La particularité de l’ARP 2600 est d’offrir des modules pré-cablés, ce qui permet de faire des sons très intuitivement. La majorité de ces connections hardware peuvent être re-câblées avec des cordons jack comme sur le 2500. On parle ainsi de synthé « semi-modulaire », comme les EMS. Avec l’ARP, on pouvait créer toute sorte d’effets sonores, mais aussi, pour qui en avait l’intime connaissance, comme Michel Geiss, simuler des sons naturels comme le trombone ou la clarinette. C’est Geiss qui présente par hasard l’ARP 2600 à Jarre dans le studio TDF en 1974. Dès lors, comme le dit l’adage « l’essayer c’est l’adopter », et Jarre, prévoyant, en possède toujours deux, plus un pour les pièces détachées. Ce clavier est le plus récurrent de Jean Michel, le deuxième qu’il ait possédé (après le VCS-3) et celui qui apparaît sur tous ses albums jusqu’à Métamorphoses. L’album Equinoxe a énormément mis à contribution l’ARP (exemple : la ligne de basse de la face B). Pour l’anecdote, c’est (notamment) grâce à lui que l’américain Ben Burtt créé les célèbres « blips » du robot R2-D2 dans la Guerre des Etoiles (1977) de George Lucas.De nombreuses versions de l’ARP 2600 seront étalées sur une décennie (entre 1971 et 1981), pour culminer avec un modèle duophonique (2601), à partir de 1975. Le premier modèle se surnomme «Blue Marvin», a une facade toute bleue, et est présenté dans une valise en métale bleue / grise. Les modèles ultérieurs seront gris ou noir et orange. Au total, 3000 exemplaires se sont vendus dans le monde. Voici le détail des modèles successifs :
- Début 1971 : Model 2600 / surnommé «The Blue Marvin» (coque aluminium, 25 exemplaires seulement, réputation très cassant)
- Modèle 2600C, surnommé «The Gray Meanie» (35 exemplaires seulement, gris, 1971)
- Modèle 2600P Version 1, 2 (orange et noir, filtre 4072), 3 (1972) et 4 (1974).
- Modèle 2601 version 1 (1975) et version 2 (1977-1980)
> Top secrets de fabrication
La concurrence entre les ingénieurs d’ARP et de Moog est féroce, Moog remportant même un procès pour contrefaçon au sujet du filtre 4012 d’Arp, qui équipe la version 2 de l’ARP. Suite à cette déconvenue, ARP a équipé ses modèles du filtre 4072 de l’ARP 2500. L’ARP a toujours cultivé un aspect plus fiable (ce que reconnaissait Robert Moog), pus flexible et (légèrement) plus design que son concurrent new-yorkais. Dans un accès de confidentialité, les premiers modèles d’ARP ont vus leurs soudures et les circuits coulés dans de la résine, pour masquer le détail de leur fabrication. À l’époque, cette pratique bizarre rend toute réparation extrêmement difficile. L’usage de l’ARP est très polyvalent, puisqu’il peut aller du lead aux basses et aux infra-basses, sans oublier les effets sonores. Chaud et profond, il a su séduire des artistes de tous les horizons.
De nos jours, Arturia commercialise l’émulation des sons de l’ARP dans sa gamme de synthétiseurs virtuels, ainsi que celle développée avec Pearlman lui-même, TimewARP, le tout reproduisant la synthèse analogique de l’époque… en polyphonie, bien sûr !
> Ressources sur le web
- Le synthétiseur sur Jarrography
- Démonstration de l’ARP 2600 par Marc Doty :
25 février 2009 à 13:10
Un instrument magique, puissant, polyvalent mais assez complexe. Pour avoir eu sous la main la version de Arturia, j’avoue ne pas avoir compris grand chose aux patchs cablés et la notice n’est pas tres claire.
Par contre je pensais que c’etait le minimoog qui avait servi pour la basse de la seconde face d’equinoxe.
Webmaster : la basse d’Equinoxe 7 : http://www.youtube.com/watch?v=cZx4ducj_kY