William Orbit, avant d’être devenu le pygmalion de Madonna (écoutez son album Ray of light) et des All Saints, signe le troisième opus de Strange Cargo. Le concept de « Strange Cargo » ou de « Cargo cult » correspond aux croyances magiques et ancestrales qu’attribuent les peuples colonisés à la première vue de leurs colonisateurs. Strange Cargo III se caractérise par ses mélodies très épurées et spatiales et son foisonnement d’ambiances, entre ambient, dub et techno-pop.
Cette troisième livraison a été produite, enregistrée et mixée aux studios Guerilla de Londres, et diffusée par Virgin. La pochette de l’album, qui représente des sculptures de l’ensemble architectural d’Angkor, donne le ton oriental qui domine cet album, par contraste avec les deux Cargo précédentes. Cet album d’un peu plus d’une heure divise énormément les critiques : soit on adhère, soit on le rejete d’un bloc.
Rythmiques chill-out et bleeps se combinent dans un équilibre savant de chansons et d’instrumentaux purs. Si la musique n’est pas désagréable, aucun titre ne bouscule véritablement l’auditeur, ce qui en fait un parfait disque pour se détendre. L’ambition d’Orbit avec cette série de disques commencée en 1987, est formulée ainsi : « Prendre le chemin de votre for intérieur, répandre des millions de graines de pensées. »
> Toute la palette trip-hop
On retrouve sur Strange Cargo III sa complice chanteuse Beth Orton, qui intervient sur le titre d’ouverture, le new age Water from a Vine Leaf, et participe à l’écriture. Ce titre, qui s’étend sur sept minutes a intégré le top 50 dans les charts britanniques. C’est une musique au piano « dream » qui tente d’entrer en dialogue avec une séquence de base galopante, qui en fait un bon résumé de l’album entier. Il a été remixé par DJ Spooky et Underworld.Sur Time to get wize, Divine Washim déclame un rap sur une texture très aérienne, faite de piano clair et de guitares évanescentes, façon Morcheeba première époque. Cleo Torres intervient sur trois titres : A touch of the night, Gringatcho demento et Best Friend, Paranoia, deux titres qu’elle cosigne. A Touch of a night est un titre que ne renierai pas Massive Attack, à l’ajout prêt de son cortège de séquences fractales.L’album inclue une reprise d’une chanson de Jack Nitzsch, Harry Flowers, tout en mélodies estompées et piano suspendu et beats à la Enigma.
> Orbit, compositeur astucieux
Le titre le plus réussi de l’album est à mon avis The Strory of light, qui est paru sur la première compilation lounge «Café del Mar». Gringatcho demento fait un usage de la guitare (une Fender Telecaster) décorative et très ambient. La force des compositions de William Orbit vient souvent de sa capacité à trouver une résolution à ses chansons de manière originales et inattendues.Enfin, la fin de l’album nous fait entrer dans la bulle plus expérimentale du remixeur fameux : A hazy shade of random et surtout Deus Ex Machina (avec Mark Rutherford et Sugar J) bidouillent tonalités et fréquences pour un résultat assez sombre, proche de la trance ou de la musique de « film noir ». Mais c’est surtout The Monkey King qui imprime la marque ambient sur cet album. Il fait songer à une mini-composition d’Ash Ra Tempel, avec rythmes tribaux et la voix de Laurie Mayer (la complice de leur groupe Torch Song) en sus.Un vidéoclip longue durée réalisé par Simon Hilton est également complémentaire à l’écoute de cet album. Il comprend une grosse moitié des chansons de l’album. C’est un autre aspect de Cargo Cult production.En résumé, un album intéressant mais peut lasser à force d’écoutes. Lui préférer l’album suivant, Strange Cargo Hinterland.
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> Tracklisting
- Water from a Vine Leaf (chants: Beth Orton) : 7:05
- Into the Paradise (chants: Baby B) : 5:41
- Time to get Wize (chants: Divine Bashim) : 4:10
- Harry Flowers : 4:31
- A Touch of the Night (chants: Cleo Torres) : 5:03
- The Story of Light (chants: Baby B) : 6:21
- Gringatcho Demento (chants: Cleo Torres) : 6:38
- A Hazy Shade of Random : 5:09
- Best Friend, Paranoia (chants: Cleo Torres) : 4:35
- The Monkey King (chants: Laurie Mayer) : 5:16
- Deus Ex Machina : 5:40
- Water Babies : 3:42
> Ressources sur le web
- Harry Flowers :
- Site officiel de l’artiste
3 décembre 2009 à 12:20
Disque très intéressant, dans le style « techno minimaliste » et intimiste, proche de l’ambient d’un Brian Eno. Et surtout, la preuve qu’on peut faire de la bonne musique électronique avec très peu d’instruments (ici un sampleur S1000 Akaï, un synthé Roland JD800 et un séquenceur informatique). Mais n’allez pas croire que je dis ça pour dire une fois de plus du mal de « Téo & Téa », hein