Automat est l’album éponyme du tandem de musiciens italiens Romano Musumarra et Claudio Gizzi. Il a été réalisé en quatre mois seulement, fin 1977. La musique devait à cette fin être prête pour le salon de la musique de Frankfort début 1978. L’objet principal d’Automat était de faire découvrir les possibilités du nouveau synthétiseur conçu par Mario Maggi, le MCS70, qui fournit la majorité des sons de l’album. Le sigle MCS70 correspond à «Memory Controled Synthetizer». Il s’agit d’un synthétiseur monophonique qui peut intègrer jusqu’à 64 bancs de mémoire. Malheureusement, un seul modèle de cet instrument ne fut jamais produit, surpassé presque immédiatement par les synthétiseurs polyphoniques (notamment le Prophet 5). Le désir initial de Mario Maggi de voir le MCS70 fournir tous les sons qu’il créera pour Automat sur le disque a été contrarié.
La branche italienne de la maison de disque EMI accepta de financer le projet «futuriste et technologique» du spécialiste de la variété (créateur de Bottega dell’arte) Musumarra, à la condition expresse d’impliquer leur poulain, le compositeur de facture »musique classique » Claudio Gizzi dans le projet.
> Travail à six mains
C’est ainsi que les deux romains, sous la direction de l’ingénieur du son Luciano Torani, se sont répartis le travail sur les deux faces d’Automat (33 minutes au compteur). Une suite kaléidoscopique de 17 minutes de la main de Claudio Gizzi, découpé en trois mouvements est sur la face A, et trois morceaux signés Musumurra est sur la face B. La touche disco sur ce disque obture quelque peu la pureté des sons ainsi assemblés, souvent écrasé par les basses.
Les sons robotiques bien tranchés, omniprésents, et les climats planants de cet album, tous deux dans la veine de SpAce, entrent en résonnance avec sa pochette très « science-fiction ». Le mythe de Narcisse est transposé dans le reflet humain qu’obtient un robot dans un plan d’eau, ce qui en fait une allégorie proche du roman Les Robots d’Isaac Asimov : « Quand la Terre sera régie par des machines-maîtres… Quand les robots seront plus humains que l’humanité ». D’ailleurs, un court texte approchant, qui décrit que l’avenir de la Terre dépend des robots, a aussi été intégré au dos des responsables d’EMI.
> Résonnance internationale
Vous pourrez le constater grâce à l’extrait ci-dessous, la mélodie du morceau Droid a un très fort air de ressemblance avec Pulstar de Vangelis. Ce morceau a par ailleurs été le générique du Jornal da Globo, sur la chaîne brésilienne Globo TV. Le DJ Italien Cécile en a depuis fait un remix.Pour l’anecdote, Jean Michel Jarre a été la première personne en France à recevoir une copie cassette d’Automat. En échange de quoi, Jarre fit visiter les studios de Croissy à Mario Maggi, qui fut incapable à l’époque de lui vendre un synthé, mais qui se rattrapera quelques années plus tard en devenant le concepteur de l’Elka Synthex, qui a une place de choix chez le musicien français.À noter qu’Automat n’a jamais été largement édité – ou alors en catimini (mot grec et non latin), voir le travail de mixage de Ben Liebrand – sous forme de CD. Il n’existe que sur forme de vinyle, ce qui ajoute sans doute à son aura dans la sphère électronique. Et ce projet restera le dernier pour le trio. Cependant, on peut penser qu’avec quelques mois de studio supplémentaire (le morceau Decadence semble inachevé), le disque aurait vraiment une consistance digne des grands disques dans le pur synthé analogique.
> Tracklisting
>Face A (composée par Claudio Gizzi):
1) Automat : The Rise (Partie I) /
The Advance (Partie II) / The Genus (Partie III)
>Face B (composée par Romano Musumarra):
2) Droid
3) Ultraviolet
4) Mecadence
19 juillet 2009
CD / Divers, CD et Vinyles, Disco, Disques 70's