(Communiqué) Un rayon laser vert pour la Nuit Blanche à Paris
L’Observatoire de Paris enverra un faisceau laser vert en direction du château d’eau de Montmartre durant la Nuit Blanche de Paris, samedi, pour marquer le tracé du Méridien de Paris, a indiqué son président Daniel Egret à l’occasion d’une démonstration mercredi soir….L’auteur-compositeur Jean Michel Jarre, qui doit déclencher ce tir laser, a évoqué mercredi devant la presse le désir de « restaurer une dynamique de l’astronomie » et les « espoirs fantastiques de conquête de l’univers ».
source: le matin.ch / remerciements : Zoolook1980.
lien de l’article complet:http://www.lematin.ch/flash-info/loisirs/rayon-laser-vert-nuit-blanche-paris
source image : http://www.planetastronomy.com/paris/nuitblanche.htm
> Récit de la soirée
(Rédigé le 4 octobre 2009 par Jean-baptiste) Arrivé sur place à 20 heures, je vois le staff de Jean Michel au grand complet en discussion avec les protagonistes de l’Observatoire de Paris. Les deux scientifiques (l’astrophysicien du LESIA Jean-Louis Bougeret, le président de l’Observatoire Daniel Egret) conversent avec le photographe de l’univers, Lucien Clergue. Il y a là, avec un foulard vert, la journaliste et anthropologue Paola Antolini qui met une touche féminine à l’accent italien délicieux dans cette soirée.
Dans la petite cour devant l’Observatoire de Paris où il y a un écran tendu qui ondule gentiment au gré du vent. Mercredi pour la partie scientifique il y avait déjà eu la rencontre entre JMJ (il est monté sur le toit) et l’Observatoire.Pendant cette demi-heure d’attente, une bande-son comprenant « We will rock you », « Bohemian Raphsody », de Queen et « Oxygène 4 » et « Equinoxe 5 » version « images » est diffusée en boucle. Le son est puissant.
Une centaine de personnes, jeunes et vieux, se rassemble dans la cour. La température est relativement fraîche.
Puis, vers 21 heures moins 15, le quatuor surgit sur le tapis d’honneur, où trône le bouton de déclenchement. Ils sont alignés devant l’écran géant à cinq mètres d’un peloton de photographes. Paola, en maitresse de cérémonie, passe la parole aux scientifiques, qui rappelle le rôle de l’observatoire de Paris dans la mesure de la vitesse de la lumière, et l’anniversaire de l’invention du télescope par Galilée (1609) entre autres. Puis le micro passe au photographe qui parle de ses images (noir et blanc et couleur) de l’univers et plaisante à l’endroit de Jean Michel en expliquant qu’il joue lui-même du violon. Ce à quoi Jean Michel répond en souriant: « On peut voir ça plus tard dans la soirée ». Daniel Legret fait un lapsus dans son discours en parlant de « Nuit noire » en lieu et place de « Nuit blanche ».
Par la suite, Jean Michel Jarre prend la parole 5 minutes (lire le verbatim) en disant en somme que notre vision de l’univers était devenu moins « dynamique » qu’à l’époque des années 60, c’est-à-dire les premiers pas sur la lune et du film 2001, l’Odyssée de l’espace, et que le futur de notre planète nous dépasse complètement, comme l’univers dépasse notre imagination. Il défend également le lapsus de Legret en pointant le paradoxe de parler de « Nuit blanche » tout en parlant d’astronomie, qui nécessite le moins de pollution lumineuse possible. Paola indique que Jean Michel a donné la musique d’accompagnement de l’expo gratuitement, comme l’ont fait Brian May (astrophysicien et guitariste de Queen) et les héritiers de Freddie Mercury également. « On est tous des bénévoles », indique-t-elle. Jean Michel en profite pour expliquer la relation forte qu’il existe entre la musique de Brian May et sa passion pour l’espace, qui composait tout en travaillant à sa thèse en astrophysique. Paolo ajoute qu’il y a des projets de solidarité qui existe dans la communauté scientifique (avec une école en Bolivie) en marge de l’ événement, et insiste sur le côté peu énergivore du laser, touche écolo de la soirée. Demande au public de scander le compte-à-rebours pour déclencher le « laser de l’espoir ». Moins dix… Moins neuf…Moins sept… Moins six… Moins cinq… Moins quatre… Moins trois…
A deux secondes du top, Lucien et Jean Michel (baptisé « le magicien des lasers ») joignent leurs mains pour actionner le bouton rouge qui déclenche le rayon laser au-dessus du fronton de l’Observatoire. Au signal, les premières notes d’Oxygène 4 éclatent dans la nuit. Le ciel est chargé en nuages, et le fait que le laser soit au-dessus des têtes rend sa vue difficile. Il est tendu vers Montmartre.Puis, après les quatre films, Jean Michel et les officiels tournent le dos au public pour regarder les quatre films qui tourneront en boucle pendant la soirée. Il traite en photo et en courtes séquences vidéos du soleil, des aurores boréales, de particules de lumières, de photographies de galaxies à différentes échelles. Les images sont splendides, y compris celles en noir et blanc. Les images sont illustrées musicalement par Oxygène 4, Equinoxe 5, et un mix d’Ethnicolor et de Diva. Le public, connaisseur en astronomie, commente les images dans un léger brouhaha.
A côté de moi, une petite fille de 7 ans demande à sa maman, en parlant d’Ethnicolor: « C’est quoi, ça? » à quoi elle s’entend répondre fort justement « C’est de la musique sur ordinateur, ma chérie ».
Puis, au bout d’une vingtaine de minutes peut-être, Jarre et les officiels se réfugient dans le bâtiment de l’Observatoire pour la partie mondaine. Je suis évidemment refoulé par le service de sécurité. Mais la soirée était belle et je me suis endormi « à la belle étoile ».
> Verbatim du discours de Jean Michel
Le samedi 3 octobre 2009 à 21 heures, Jean Michel allumait le « rayon vert » dans une « Nuit blanche ». Cette manifestation artistique avait lieu dans l’enceinte de l’Observatoire de paris, exceptionnellement ouverte au public. Voici le discours de 5 minutes que Jean Michel a improvisé à cette occasion, retranscrit par mes soins :
Jean Michel Jarre : Merci Lucien (NDLR : Lucien Clergue, le photographe, qui s’est exprimé juste avant Jean Michel) de ces mots aimables. Moi je voudrais juste dire quelques mots… Il y a beaucoup à dire, d’ailleurs par rapport à la symbolique de cette soirée. Donc, je vais essayer de faire court. D’abord pour dire le plaisir et l’honneur que représente le fait d’être ici avec les gens éminents qui nous entourent et d’autre part, dire aussi, en préambule, que tout à l’heure, Daniel (NDLR : Daniel Egret, Directeur de l’Observatoire de Paris) n’a pas fait d’erreur quand il disait qu’aujourd’hui, il célébrait la « Nuit noire ». J’ai entendu quelques rires dans l’assistance. C’est que, comme l’a dit Paola (NDLR: Paola Antolini), la « Nuit Blanche », c’est complètement paradoxal pour le monde de l’astronomie, puisque la lumière… euh… (désignant le projecteur en face de lui) …un projecteur comme celui-là fait que pendant deux ou trois heures, les yeux ne pourront pas contempler et étudier le ciel. Donc, effectivement, c’est paradoxal de fêter l’astronomie le jour d’une fête qui s’appelle la « Nuit Blanche ».Ceci étant dit, c’est une occasion rêvée de mettre en lumière le monde de l’astronomie qui en a besoin. Je pense que, comme on le disait il y a quelques jours, le ciel et l’espace sont liés à une certaine vision du futur que nous avons eu à travers les siècles, qui aujourd’hui, on en a l’impression, est un petit peu derrière nous. Jusque dans les années 60, 70 – Daniel parlait tout à l’heure de la conquête de l’espace, de l’Homme qui a marché sur la lune il y a quarante ans – et qu’en effet, c’était une époque où on avait une vision plus innocente, plus épique, plus dynamique, plus romanesque du futur. Aujourd’hui on a l’impression que cette vision du futur est un peu derrière nous, un peu comme le film « 2001, l’Odyssée de l’espace » célébrait ce futur de manière épique, 2001 est derrière nous, mais on a l’impression que cette espèce de vision dynamique du futur est aussi un peu derrière nous, et qu’il est temps aujourd’hui de la restaurer, parce qu’on a le sentiment qu’elle résume au faut de savoir si on va bien trier nos poubelles pour que les générations suivantes puissent survivre.Et c’est en même temps une manifestation humaine de notre arrogance que nous sommes pratiquement les seuls à avoir le destin de la planète entre nos mains. Il est temps de remettre la Terre, notre planète dans le contexte de l’Univers, dans le contexte du système solaire parce que nous n’avons pas beaucoup d’impact sur le futur de notre planète qui existera bien après nous, comme nous le savons. Et on a un petit peu tendance à l’oublier, c’est pour ça qu’il ne faut pas oublier les astrophysiciens, le monde de l’astrophysique, le monde de l’astronomie, qui peuvent nous permettre de replacer notre planète dans un contexte plus large qui est celui du ciel, que soit sur le plan spirituel ou le plan astronomique. Donc, c’est une des raisons pour lesquelles j’avais accepté, en tant qu’ambassadeur de l’UNESCO depuis quelques années, d’être l’ambassadeur spécial de l’année internationale de l’astronomie qui a lieu en 2009. Et dont cette manifestation ce soir est une des traces, qui se passent un petit peu partout dans le monde.
Il est évident que la vitesse de la lumière qu’on célèbre aussi avec le laser est bien plus rapide que la vitesse du son. Donc, que les musiciens sont des escargots face aux gens de la lumière. Mais j’en profite pour saluer un musicien qui n’est pas là ce soir mais qui a collaboré aussi à ce projet, qui est mon ami Brian May, le guitariste de Queen, qui est docteur en astrophysique et qui symbolise tout à fait cette rencontre que nous avons souhaitée entre le monde des Arts, de l’image, du son et le monde des Sciences qui finalement on beaucoup de choses en commun comme nous le savons. Donc moi, je suis très heureux d’être ici ce soir. Très heureux d’accompagner musicalement les magnifiques photos de Lucien Clergue. Et c’est vrai ce qu’il disait, on s’aperçoit que le « micro » et le « macro » se rejoignent. Dans ses photos, entre des photos macroscopiques de certains éléments de notre nature et des photos de galaxies, finalement, on croit voir les mêmes choses, les mêmes images, les mêmes sensations. Je ne vous laisserai pas plus longtemps attendre de contempler ses merveilleuses images, et vous dire tout le plaisir que nous avons de vous accueillir ici, et (NDLR : se tournant vers le directeur de l’Observatoire de Paris) merci de nous accueillir de nous accueillir aussi, par la même occasion dans ce merveilleux site de l’Observatoire de Paris.
Paola Antolini : Parlant de remerciements, nous avons beaucoup d’amis à remercier. Brian May, qui nous a aussi donné ses musiques. Brian May qui est aussi un explorateur comme Jean Michel, et n’ayant pas l’argent pour créer une guitare électrique, il a pris une poutre chez un ami, et il fait avec la poutre sa guitare (Rires). Comme quoi, lorsque l’on veut, on peut. Et aussi Galilée. Son papa était musicien luthiste Son frère était aussi musicien et il en avait marre de toutes les obligations. Il écrit un poème contre l’obligation de porter la toge. Il dit que la meilleure source d’inspiration, c’est la nature. On est tous réunis ici, car l’univers c’est la nature dans sa forme la plus extrême.
Jean Michel Jarre : Je voudrais juste faire une parenthèse par rapport à ce que tu viens de dire. Il y a peu de gens qui le savent. Tout le monde connait la musique du groupe Queen. La plupart des chansons très connues de Queen composées par Brian May l’ont été quand il préparait son doctorat d’astrophysique dans les îles Canaries, où il y a un des trois grands observatoires du Monde, et qu’il est resté trois mois pour préparer son doctorat là-bas et c’est là qu’il a écrit les chansons de Queen dans les années qui ont suivies. Donc, en ce qui le concerne, le destin de la musique et de l’astronomie sont évidemment très étroitement liés. Voilà, je voulais juste rajouter ça.
Paola Antolini : C’est pour cela que nous espérons en 2010, comme ce sera le cinquantenaire du laser, peut-être refaire la fête ensemble, aussi avec Brian May qui va venir (Rires). On est tous des bénévoles. Grâce à la générosité d’un artiste comme Jean Michel Jarre, comme Lucien Clergue, comme Brian May, comme les héritiers de Freddie Mercury, nous avons pu faire ces montages un peu spéciaux. Grâce aussi à la générosité du directeur du laboratoire du LESIA (NDLR : Laboratoire d’Etudes spatiales et d’instrumentation en Astrophysique du CNRS), Jean-Louis Bougeret, et aussi de l’architecte Alex Donadio, qui est l’autre directeur artistique invisible, auteur de la Fête des Lumières à Lyon et de la Pyramide de Napoléon, ainsi que tous les amis qui ont collaboré et qui sont beaucoup, Louis et Fiona, les assistants de Jean Michel, disons, une équipe de bonne volonté qui a voulu gagné et on pourra se dire qu’on est en train de gagner ce défi. Nous lançons aussi un projet de solidarité entre la Science et la Société civile pour aider une école en Bolivie, qui est proche du plus haut laboratoire de haute montagne. Et là, nous allons allumer ce « laser de l’espoir » avec Jean Michel, qui est le magicien des lasers, en faisant un compte à rebours tous ensemble… Moins 10… (Jean Michel Jarre en riant: Lucien, tu viens appuyer avec moi, partager avec moi la lourde responsabilité) Moins 9… Moins 8… Moins 7… Moins 6… Moins 5… Moins 4… Moins 3… Moins 2… Moins 1… Zéro !
Le laser monte dans le ciel, et simultanément, Oxygène 4 résonne dans la nuit.
5 octobre 2009 à 19:16
Jean-Baptiste, vous pourriez traduire en portugais et me l’envoyer (ramelo@terra.com.br) de votre intervention que je peux mettre dans le site brésilien, JARREfan-BRÉSIL? Ou vous me donner la permission pour que je puisse construire un texte avec vos mots et vos photos du site pour que je puisse mettre sur le site?
Merci!
..::Webmaster::.. Ricardo, You can use it… But you’ll translate it in Google. You can use the photos.
6 octobre 2009 à 15:39
THANKS.
8 octobre 2009 à 11:48
merci beaucoup pour cette retranscription écrite.
une fois encore, la musique de jmj est associée à un évènement sur la nature, les sciences, l’espace.
jmj, best of images: « la musique est un art de vivre situé entre écologie et technologie »