Jean Michel Jarre a toujours été un passionné d’espace. Cette sensibilité s’est accordée avec le désir de la NASA de le solliciter pour le concert marquant son vingt-cinquième anniversaire, en 1986. Un astéroïde porte même son nom ! Pendant le concert géant (plus de 3 millions de spectateurs) de Moscou en 1997, il a pu parler avec les cosmonautes de la station Mir… Et aujourd’hui, Jarre évoque la possibilité de concert dans l’espace. Il a aussi été un ami d’Arthur C. Clarke, qui est un maître de la science-fiction, et accessoirement reconnu pour ses recherches sur les radars. Pour se convaincre de son engagement sur ces sujets qui traite à la fois du passé, du présent et du futur, retraçons le cours de ses diverses interventions dans le cadre de l’UNESCO qui, comme son nom l’indique, traite aussi des sciences :
> Inauguration du rayon vert au sommet de l’Observatoire de Paris en Octobre 2009 lors de la Nuit Blanche
Voir l’article.
> Interview de mai 2009 par le Webmag du CNES (Centre National d’Études Spatiales) au sujet de l’astronomie
Ma musique a toujours été liée à l’espace. Il y a plusieurs raisons à ça. D’abord, le fait d’une technologie et d’une musique qui est arrivée aussi au moment de l’éveil de la conscience spatiale du grand public, c’est-à-dire, au moment de cette idée, de cette vision assez innocente et assez optimiste qu’on avait de l’espace et de l’univers dans les années 60, et je pense qu’elle a contribuée, la musique électronique a contribuée aussi à un amour de l’espace ou un éveil vis-à-vis de l’espace et de l’astronomie.
La musique électro-acoustique et électronique, la révolution de la musique électro-acoustique telle que je l’ai étudiée au Groupe de Recherche Musicale, c’était justement le placement des sons dans l’espace. Et, jusqu’alors, on ne se préoccupait pas tellement de ça. Il y a eu des essais, mais l’orchestre classique, ou l’orchestre de rock n’était pas lié à l’espace alors que, moi, quand j’étudiais la musique électro-acoustique, on était en multidiffusion, donc il y avait déjà cette obsession, je dirai presque, même, d’être immergé dans l’espace par rapport au son. Donc, il y a une explication finalement assez précise. Et ensuite, le placement des sons dans l’espace, c’est un petit peu comme le placement des planètes ou d’éléments dans l’espace autour de soi. Donc, une recréation d’un espace invisible, mais qui existe de manière tangible sur le plan acoustique.
Je pense qu’aujourd’hui, plus que jamais, on a besoin de l’astronomie, ou a besoin de restaurer une image peut-être un peu moins abstraite de l’astronomie et de l’astrophysique, qu’on a eu un peu trop tendance à ranger – je parle de l’opinion publique – dans un tiroir un peu de ce qui serait des matières scientifiques un peu abstraites, et un peu passives. C’est-à-dire, finalement, alors qu’il se passe énormément de choses, en astronomie et en astrophysique, comme on le sait depuis ces trente dernières années, on a justement un peu perdu, cette espèce d’excitation, de jubilation à observer, à découvrir, à se confronter au futur, et notre vision du futur s’est un peu rétrécie, même considérablement rétrécie, peut-être à cause de l’écologie, sur le plan sociologique et sur le plan de notre vie quotidienne, c’est-à-dire que notre vision et notre définition du futur c’est : « Allons nous survivre sur notre planète, est-ce que notre planète va survivre ? » Ce qui est effectivement une question extrêmement importante et tout à fait légitime, mais qui nous a fait perdre un peu de vue, momentanément, puisque trente ans, dans l’histoire des planètes, c’est rien du tout, l’idée que la Terre ne peut être définie et comprise que par rapport au système qui l’entoure, au système astronomique qui l’entoure.
28 octobre 2009
Jarre en perspective