..::Critique rédigée par Frank Boisgontier::.. Brian Eno a toujours été à l’avant-garde de la musique électronique. Que ce soit au sein de Roxy Music au sein duquel il faisait passer tous les instruments du groupe à la moulinette de son VCS3, en duo avec Robert Fripp, Cluster, Harold Budd ou David Byrne ou en solo, comme musicien ou comme producteur, Eno a toujours chercher à avancer, aller là où les autres ne pensaient pas (ou n’osaient pas) aller. L’influence de ses travaux sur la musique électronique (et bien au-delà) est énorme, de l’ambient jusqu’aux délires sonores du «Achtung baby» de U2. Pourtant, jamais Eno ne s’est reposé sur ses lauriers ou, contrairement d’un Phil Spector ou, à une certaine époque, de Trevor Horn (Art Of Noise, Frankie Goes To Holywood, Yes…), il ne s’est enfermé dans sa tour d’ivoire.
La preuve ? « Nerve Net », qui paraît en 1992. Dès le premier morceau, «Fractal Zoom», Eno démontre avec force qu’il est à l’écoute de ce qui se fait : une rythmique trip-hop endiablée, une mélodie envoutante interprétée à la guitare (oui, c’est bien de la guitare) par son vieux complice Robert Fripp, et la voix de Eno traitée au vocoder. 26 autres musiciens l’entourent dans ses expérimentations.
> Track-listing
Tout le reste de l’album est à l’avenant, entre les voix traitées de «What Actually Happened», «Pierre in Mist» et sa mélodie presque naïve et planant sur une atmosphère éthérée, «My Squelchy Life» (qui était initialement prévu pour être le titre de l’album) avec ses voix parlées (dont celle de Fellini) qui forment comme un discours surréaliste, le groove irrésistible d’«Ali Click» sur lequel Eno balance un rap à sa façon, et l’hallucinant solo de guitare de «Distributed Being». On se prend «Nerve Net» comme une énorme baffe, une collection époustouflante de titres qu’on imagine pillés à grands coups de «samples» par des rappeurs trop souvent en manque d’inspiration.
Mais Eno est un malin et les trois derniers titres sont de véritables contrepieds au neuf premiers. «Web» est un morceau indescriptible, une superposition de gimmicks (synthé, guitare, piano traité) qui se répondent sur un rythme lancinant, sur presque 6 minutes. Et le plus étonnant, c’est qu’à peine le morceau terminé, on repart dans un version «Lascaux Mix» vraiment différente (bien plus qu’un remixage comme le laisse croire le titre). Enfin, pour conclure et ramener l’auditeur dans des contrées musicales plus familières à ses oreilles (quoi que…), «Decentre» est juste interprété au piano, comme une réminiscence de « Music for Airports ».
> Track-listing
- Fractal Zoom (6:24)
- Wire Shock (5:27)
- What Actually Happened (4:41)
- Pierre in Mist (3:47)
- My Squelchy Life (4:02)
- Juju Space Jazz (4:26)
- The Roil, the Choke (5:00)
- Ali Click (4:13)
- Distributed Being (6:10)
- Web (6:21)
- Web [Lascaux Mix] (9:44)
- Decentre
20 novembre 2009 à 13:47
voila une bonne série de critiques. Bravo
..::Webmaster::.. Oui, tout à fait d’accord ! Et elle continue ! Merci à Frank, la promo « devenir contributeur au blog », ça a payé !