Berlin Wall of Sound 61/89 (compil, 2009)

Pochette de Berlin, Wall of Sound 61-89..::Critique rédigée par Frank Boisgontier::.. Le récent anniversaire de la chute du mur de Berlin est à l’origine de la sortie de ce double CD regroupant ce que la scène allemande a produit de mieux entre 1961 et 1989, à quelques exceptions notoires comme Kraftwerk, Tangerine Dream ou DAF (qui refuse toute publication de ses morceaux dans des compilations).

Dès la fin des années 60, mais essentiellement dans les années 70 / début 80, la scène allemande a été le théâtre d’un bouillonnement musical qui a donné parmi les plus belles et les plus originales plages musicales produites en Europe dans cette période.

On trouve dans cette double compilation des groupes (comme Can, Neu !, Cluster, Faust ou Einstürzende Neubaten, Amon Düül II) et personnalités (comme Edgar Froese, Nina Hagen, Nico ou Irmin Schmidt) archi-connus à côté de formations moins illustres.

« Berlin Wall of Sound » donne un échantillon large, franchement bluffant, et très bien conçu dans l’enchainement des morceaux de ce que cette scène allemande (stupidement qualifiée de « rock choucroute ») a pu produire.


> Le mur des sons 

Cela commence assez bizarrement par un titre des Young Gods, groupe qui n’est nullement allemand mais Suisse, pour une sorte de parodie excentrique de musique traditionnelle bavaroise. Puis les morceaux s’enchainent, et les styles sont très variés, entre la new wave de Malaria (« Your turn to run »), le rock « floydien » d’Amon Düül II sur « A morning excuse » ou celui plus « crimsonien » d’Agitation Free sur « Rücksturz», le punk avant l’heure de Neu ! sur « After eight », le pop gentillette de Jane sur « Love song », le minimalisme d’ Harmonia sur « When shade was born », les délires indutrio-bruitistes de Einstürzende Neubaten sur « Yu-Gung (futter mein Ego) », et toute une batterie de morceaux inclassables, comme les très étranges « Die Maschine » de Kraan et « Der Astronaut und der Kosmos » de Die tödliche Doris, le bruitiste « Dupont » de Liaisons Dangereuses, les forcément très « tangerinedreamien » « A Dali-esque sleep fuse » d’Edgar Froese et le carrément envoutant « Rapido de noir » du duo Irmin Schmidt & Bruno Spoerri.Franchement, il n’y a rien à jeter dans ce double album, c’est presque trop court. C’est toujours inattendu, parfois délicieusement déroutant, et on se rend compte que, loin de l’image froide que se trimbale la musique allemande de cette époque (véhiculée par Kraftwerk notamment), ces groupes là étaient capables de transcrire de vraies émotions et d’expérimentations loin de toute forme de stérilité. Un double album essentiel donc, un parfait concentré de ce qui se faisait de mieux et de plus original dans cette si riche période et dans un contexte politique particulier (beaucoup de ces musiciens vivaient à Berlin). Une compilation réservée à celles et ceux qui n’ont pas peur de risquer leurs oreilles loin des sentiers battus de la musique qui se déverse au kilomètre de la plupart des radios. 

 


>> Track-listing

> Disque 1

 

  1. Salomon Song – The Young Gods
  2. Born In Xixax – Nina Hagen
  3. Rücksturz – Agitation Free
  4. Your Turn To Run – Malaria
  5. A Morning Excuse – Amon Düül Il
  6. Rapido De Noir – Bruno Spoerri & Irmin Schmidt
  7. Thief – Can
  8. After Eights – Neu!
  9. China – Electric Sandwich
  10. Hollywood – Cluster
  11. Reich Der Traüme – Nico
  12. The Space Between – Brainticket
  13. Love Song – Jane
  14. A Dali-Esque Sleep Fuse – Edgar W. Froese
  15. When Shade Was Born – Harmonia

 


> Disque 2

 

  1. The Sad Skinhead – Faust
  2. Vamos Companeros – Harmonia
  3. Lila Angel – Neu
  4. Wahre Arbeit, Wahrer Lohn – Die Krupps
  5. Die Maschine – Kraan
  6. Berlin – Mdk
  7. Caramel – Cluster
  8. Der Astronaut Und Der Kosmos – Die Tödliche Doris
  9. Telefon – Palais Schaumburg
  10. Polaroid – The Front
  11. Dupont – Liaisons Dangereuses
  12. Yu-Gung – Einsturzende Neubauten
  13. Cosma Shiva – Nina Hagen
  14. Speak Low – The Young Gods
  15. Future Days – Can

 


 Voir aussi : Initiation au krautrock 

À propos de Jean-Baptiste

Né en 1977. je ne vis pas de l'écriture, je ne vis pas pour la musique, mais je suis en quelque sorte à mi-chemin des deux. Peut être. ou pas.

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Une réponse à “Berlin Wall of Sound 61/89 (compil, 2009)”

  1. jerome Dit :

    Elle est extraordinaire cette pochette !

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