Sylvain Durand : le clown aux doigts d’or

Sylvain Durand au clavier..::Article rédigé par Jérôme::.. Sylvain Durand a été pendant près de dix ans un autre membre éminent de la « Jarre team ». Avec sa barbe, ses petites lunettes rondes et sa casquette, toujours prêt à faire le clown, il renvoie une image de franchouillard que l’on imagine mieux derrière un accordéon que derrière un piano à queue. On le reconnaît en concert à son « look », auquel il attache une importance particulière, et à sa jovialité. Et pourtant… C’est bien pour ces talents de pianiste et de directeur d’orchestre qu’il a rejoint le noyau de musiciens de Jarre dans les années 80. Il est crédité sur les albums « Rendez-vous » et « Révolutions », et a joué des claviers dans tous les « méga concerts » entre Houston (1986) et Hong Kong (1994), ce qui fait de lui, avec Michel Geiss, Francis Rimbert et Dominique Perrier, un des musiciens indissociables de cette période. C’est après ce dernier concert que l’aventure avec Jarre a pris fin en 1994, en même temps qu’un certain Michel Geiss d’ailleurs. Pour les mêmes raisons ?

 

 


> Un grand pianiste…

Sylvain Durand est avant tout un grand pianiste. Muni de trois premiers prix du Conservatoire national supérieur de musique (CNSM), il est depuis des années pianiste officiel de l’Opéra de Paris et a tourné dans le monde entier (Bolchoï de Moscou, Scala de Milan, Bunka Kaïkan de Tokyo, Bellas Artes de Mexico). Parallèlement, il collabore à des projets du chorégraphe Roland Petit. Il s’est aussi fait connaître dans le monde de la variété en jouant dans les contes musicaux de Philippe Chatel, « Emilie Jolie » (1979) et « Les aventures de Tom Tom Tommy » (1982).

« En variété, le musicien classique peut être très utile. Souvent on a besoin de gens qui connaissent toute la musique à fond, toute l’écriture, toute l’orthographe de la musique, et ça aide beaucoup à gagner du temps, pour faire des partitions, des transcriptions, aider à l’harmonie, trouver des combines, apporter quelque chose justement que quelqu’un qui n’aurait pas cette expérience aurait du mal à faire. »


> La période « Jarre »

Dominique Perrier, JMJ, Joe Hammer, Francis Rimbert et... Sylvain Durand !C’est son ami Michel Geiss (toujours lui !), avec qui il réparait de vieux postes de radio, et qui est cité pour ses «bruitages» sur l’album «Tom Tom Tommy», qui le présente à Jean Michel Jarre en 1986, en pleine préparation de l’album « Rendez-vous ». L’histoire veut que Sylvain Durand ait confondu Jean-Michel avec Francis Rimbert qui était également présent parmi d’autres musiciens lors de cette rencontre ! Jarre l’invite alors à Croissy où il se fait mordre par le chien (sic !) et où il passe la soirée et la nuit à écrire l’arrangement des chœurs de ce qui deviendra le morceau «Second Rendez-vous». Il assurera également la direction des Choeurs de Radio France en studio pour ce titre.Jarre l’embarque vite dans les aventures de Houston et Lyon, en même temps que Francis Rimbert. Houston reste le meilleur souvenir de concert de Sylvain : « Quand nous sommes arrivés sur la scène, nous étions encerclés par le public. C’était indescriptible. »

Pourtant, Sylvain Durand n’est pas un spécialiste des synthés (il dirait même que « les synthés, ça le fait ch… »), mais Jarre a besoin de lui pour interpréter les séquences qui nécessitent son doigté de pianiste. Sa formation classique est aussi la bienvenue pour écrire les arrangements des chœurs et des violons. À Lyon, il dirige plusieurs sections d’instruments acoustiques telles que les cuivres et les cordes.

Sylvain Durand participe ensuite à l’album Révolutions (Fairlight CMI sur « London Kid » et direction des choeurs), son préféré, et aux concerts des Docklands dont il assure aussi la direction musicale. Entre deux répétitions, Sylvain Durand et Francis Rimbert font le tour des pubs. Ils se font payer des bières en jouant « Oxygène », Sylvain avec un ocarina, Francis avec un petit saxo midi Casio (et un faux nez de canard !). Pendant les concerts, on voit Sylvain sauter comme un fou sous la pluie battante.

Sylvain joue aussi dans les concerts de La Défense, d’Europe en Concert et de Hong Kong. Il assure la direction musicale et les partitions d’Europe en concert et de Hong Kong. C’est lui qui ré-arrange (en deux parties) le morceau fleuve «Jonques de Pêcheurs au Crépuscule» à l’occasion de ce dernier concert.

C’est enfin lui qui transcrit (en tant que conseiller musical puis pour les relevés) pour le grand public la plupart des morceaux de Jarre et dont les partitions simplifiées constituent les fameux «songbooks» de cette période, dont le «Best of piano».


> « L’après-Jarre »

De gauche à droite : Sylvain Durand, Francis Rimbert et Michel GeissDans les années 90, Sylvain a un studio d’enregistrement qu’il partage avec le guitariste Claude Perraudin où il réalise des commandes extérieures : variétés, comédies musicales, musiques de scène, etc. Il fait la musique de deux comédies musicales en 1992, «La vie, c’est bon» et «Poil de carottes».Depuis, Sylvain Durand est toujours le pianiste des cours de danse de l’Opéra de Paris. Il apparaît d’ailleurs à ce titre dans le film documentaire «Tout près des étoiles , les danseurs de l’Opéra de paris» de Nils Tavernier (2001). Il a aussi composé la musique de 3 CD intitulés «La Classe De Danse Classique». Parallèlement, Sylvain Durand participe à différents projets musicaux pour des artistes divers dont des interprètes de poèmes tels que Bernard Ascal et Lucienne Deschamps qu’il accompagne au piano, sur scène et en studio.

L’idée de composé un album ? « En fait, je ne suis pas vraiment intéressé. Je suis heureux d’être accompagnateur. C’est une vocation. J’ai travaillé sur un grand nombre d’albums. »

Enfin, les fans ont pu revoir Sylvain Durand sur scène avec Francis Rimbert lors des deux concerts de Suresnes et de Croissy les 21 et 26 Juin 2007, lors desquels ils ont interprété ensemble le morceau « Nutrockers ». Parmi le public figurait Michel Geiss, l’ami commun…

Francis Rimbert a dit de lui :

« Sylvain Durand, mon grand pote, est un cinglé de première. Bien qu’il ne connaisse rien aux synthés, c’est un pianiste d’enfer.. Il accompagne les ballets de Roland Petit. Il fait sur scène tout ce que d’habitude, on fait en pas à pas sur un séquenceur. Il fait de grandes envolées en direct. Moi, ce n’est pas la peine, je me plante au bout de trois notes ! Lui, il fait ça en sifflotant. Il est employé pour ça. D’ailleurs, dans les vidéos, on le voit souvent monter et descendre comme un fou sur son synthé, c’est pas du play back, il le fait vraiment et très bien en plus ! ».


Albums studio de JMJ auxquels Sylvain Durand a participé :
- Rendez-vous (1986)
- Révolutions (1988)
Concerts de JMJ auxquels Sylvain Durand a participé :
- Lyon (1986)
- Docklands (1988)
- Paris La Défense (1990)
- Europe en Concert (1993)
- Hong Kong (1994)


Sources :
www.coppeliarras.free.fr/bioweb.doc
DISC 93 (06/1986)
Keyboards 68 (07/1993)
COTM 14 (1994)
http://www.manufacturechanson.org/ecouter_pages/deschamps_lucienne.htm
http://membres.lycos.fr/rmotheau/musique/frimbert.htm
http://www.vidishot.com/durand/sdhome.html

À propos de Jean-Baptiste

Né en 1977. je ne vis pas de l'écriture, je ne vis pas pour la musique, mais je suis en quelque sorte à mi-chemin des deux. Peut être. ou pas.

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8 Réponses à “Sylvain Durand : le clown aux doigts d’or”

  1. jerome Dit :

    Sylvain a aussi joué le rôle du… pianiste dans le film « Aurore » de Nils Tavernier (2006) :
    http://www.imdb.com/title/tt0473779/combined

  2. Muh Nods Dit :

    Merci pour cet article! :)

  3. jerome Dit :

    Sylvain Durand accompagnera Betty Reicher le Samedi 5 juin 2010 à 18h00
    au Théâtre de la Vieille Grille à Paris
    http://yiddish.canalblog.com/archives/2010/05/31/18068685.html

  4. Jean-Michel TOULON Dit :

    Je me souviens moi de ce Sylvain…

    Sylvain et moi étions les 2 seuls garçons, accompagnés par une horde de Danseuses classiques, au Lycée Octave Gréard en 1975 …

    quelques années plus tard, je suis devenu l’Arrangeur des Rita Mitsouko, C comme ça ;-)

    Sylvain, il faut qu’on se parle

    signé Jean-Mi

  5. Marielle STRAUSS Dit :

    Moi aussi je me souviens de Sylvain.
    En cour de danse, atelier chorégraphique contemporain au conservatoire de Cergy, avec notre ami Jacques Dombrowski comme chorégraphe.
    Que de belles années ! Que de merveilleuses musiques improvisées au bout des doigts…
    C’était l’bon temps.
    Marielle (et pim poum)

  6. bersegol jean claude Dit :

    Salut Sylvain, bon hé bien comme j’ai raté ton anniversaire il y a quelques mois, je t’avais invité à venir passer une partie de l’été dans le luberon, hé bien donnes moi un peu de tes nouvelles musicales zé autres!
    Je suis toujours dans le sax et prépare un nouvel album jazz décoiffant à mi chemin entre jazz avant gardiste et musique militaire! et oui je suis toujours dans l’étrange! donc bientot sortie « other Thing 2″ sur label durance de mon ami Alain Soler!
    Souvenir des années oh je sais plus! Roland Petit en tous cas « gymnopédies » il doit y avoir trente ans déja!
    jcb

  7. Gilles Monruffet Dit :

    Mon cher Sylvain,
    dans la même loge à l’opéra de Marseille il y avait toi, Jean-Claude Bersegol et un danseur de chez Roland Ptit qui faisait le rôle de Satie… Hé! bien, c’était moi ! J’espère te voir ou avoir de tes nouvelles.
    A bientôt Sylvain

  8. Jean-Pierre Joblin Dit :

    … Et ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que Sylvain est également « frère Boulu » le héros de 3 albums de BD parus chez Vents d’Ouest (dont je suis le scénariste et Olivier Le Discot le dessinateur). Ils sont intitulés « La Légende Dorée »… Nous cherchons d’ailleurs à publier un 4ème album. Vous en saurez plus en vous rendant sur cette page où vous trouverez nombre de documents inédits sur Sylvain. https://www.facebook.com/groups/826385794389710/?multi_permalinks=853847511643538&notif_id=1559193361229075&notif_t=feedback_reaction_generic

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