Genesis, du lycée au Panthéon du rock

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:: Article rédigé par Jeanbatman :: Genesis est un groupe de rock formé en 1967 dans l’école huppée pour garçons de Charterhouse autour de Peter Gabriel (Chant, flûte et tambourin), Tony Banks (orgues, piano, sitar, guitare 12 cordes et synthétiseurs) Mike Rutherford (guitare 12 cordes, chœurs et basse) et Anthony Phillips (Guitare électrique et chœurs).

Le groupe se produit dans des petits clubs et signe son premier contrat (alors que les musiciens ne sont pas encore majeurs) sur un petit label. C’est l’album « From Genesis to Revelation ». Ce disque est une catastrophe commerciale, artistique (puisque le producteur a retouché les arrangements d’origine) et certains le mettent au rayon « religion », ce qui fera un temps donner envie au groupe de changer de nom. Le disque ne fera jamais partie de la discographie officielle du groupe, et le contrat est rompu.

Le deuxième disque avec plus de liberté artistique (reflétant l’esprit live des tous premiers concerts), Trespass, signe le départ de Anthony Phillips (qui ne supportait pas d’affronter un public). Peter Gabriel recrute à son domicile et par petite annonce Steve Hackett pour son jeu à la guitare fluide et expressif (en tapping) et Phil Collins qui est un prodige de la batterie, commencée à 5 ans.
Comme les groupes qu’ils admirent, notamment King Crimson, le groupe aime jouer de contrastes à l’intérieur de leurs morceaux comme des changements de cadence ou de tonalité majeure/mineure.

De là, le style en germe dans l’album Trespass, encouragée par le producteur John Anthony, va fleurir dans les albums suivants : Nursery Crime, Foxtrot, Selling England by the pound (qui contient leur premier hit international : « I know what I like ») et enfin le concept-double-album « The lamb lies down on Broadway » en 1975 après lequel Gabriel va claquer la porte. Cette série de albums contiendra chacun des perles de prog-rock (Supper’s ready et ses 23 minutes de musique pour n’en citer qu’un), avec des textes aux paroles souvent oniriques voire hermétiques et des solos d’orgue ou de guitare encore copiés aujourd’hui.

Sur scène, Peter Gabriel change de costumes pendant les passages instrumentaux (l’homme-fleur, le renard en robe rouge) et fait des petits speechs d’une minute avant certains morceaux. Phil Collins fait les choeurs sur certaines chansons et en interprète même une sur Selling… « More Fool me« .
Gabriel, devenu jeune papa, peu présent dans l’élaboration de The Lamb lies down on Broadway, dévolue à Banks et Rutherford est de plus en plus excentrique sur scène, se lasse au bout de 102 représentations de The Lamb (malgré ses gadgets, comme la télécommande qui lui permet d’actionner des lasers sur scène) et quitte le groupe – il l’annonçait régulièrement – fin 1975 et commencera sa carrière solo en 1977.

La formation quatuor sort plusieurs disques (A trick of the Tail, Wind and Wuthering) et le batteur Chester Thompson devient progressivement la doublure scène de Collins aux baguettes.
En 1977, Hackett quitte le groupe, très amer que ses compositions ne soient pas plus jouées sur scène. Tandis que Tony Banks avait jusque-là la haute main sur les mélodies du groupe, Rutherford a la possibilité de signer bon nombre de morceaux de Genesis, qui renoue parfois avec les morceaux épiques de plus de 8 minutes. Le single Follow you, follow me extrait de l’album « And then we were three » (1978) est le premier d’une longue série de tubes que le groupe constituera pour l’utilisation en concert à l’opposé des morceaux progressifs. Dès 1978, ils sont disques de platine aux États-Unis.
Tous les albums de Genesis à partie de Duke en 1980 seront n°1 en Angleterre jusqu’au départ de Collins.

Le trio Collins-Banks-Rutherford axera de plus en plus sa musique sur la recherche de succès commercial, Collins se faisant une spécialité de faire le pitre entre les morceaux ou de changer les paroles de certaines chansons. Il aime aussi à jouer de nouveaux instruments sur scène tout en chantant. Cette décontraction n’empêche pas qu’il conduit à partir de 1981 une carrière solo qui décolle enfin et un side-project musicalement plus pointu, Brand X. Mais comme les frontières sont étanches, Collins fait même un cover d’un morceau de Genesis sur son album Face Value.

Daryl Stuermer, comme Chester Thompson issu du Jazz-rock, partagera la scène avec Mike Rutherford pour jouer les guitares sur scène. Le groupe continuera de jouer des extraits de morceaux de l’époque Gabriel ponctuellement, pour tenter de satisfaire les fans de la première heure.

Avec l’album Acabab de 1981, Collins va généraliser la prise de son « Gate Reverb » de sa batterie (un son est capté par un micro proche de la caisse, un autre par un micro d’ambiance) qui va devenir la signature de tous ses albums suivants. Cette technique avait été expérimentée par Collins sur un album solo de Peter Gabriel.

La critique musicale n’est pas tendre avec Genesis. En 1982, on ne trouve qu’un seul journaliste musical en Grande-Bretagne qui défend le groupe. Et pourtant, il n’a jamais vendu autant d’albums !

L’exploration de sons synthétiques culminera en 1986 avec l’album Invisible Touch (avec le clip Land of Confusion qui reprend les marionnettes de Spitting image, les ancêtres des Guignols de l’Info, qui, ironie du sort, perdra le titre MTV de meilleur clip contre Sledgehammer de… Peter Gabriel) qui se vend à 15 millions d’exemplaires dans le monde.
En 1988, une brève réunion a lieu entre Gabriel au chant et Collins à la batterie le titre d’un titre, toujours Sledgehammer.

En 1992, un an après le succès de l’album We can’t dance qui comporte des tubes à la pelle (No sone of mine, Jesus he knows me, Hold on my heart, I can’t dance) Collins quitte le groupe pour se consacrer pleinement à sa carrière solo (qui ne survivra pas à Dance into the light, un album pourtant pas si mauvais).
Il faudra attendre 1997 pour que Rutherford et Banks ne reforme épisodiquement Genesis avec Ray Wilson aux chants, avec l’album Calling all stations, qui ne trouvera pas son public et est desservi par un mauvais single.
En 1999, pour la sortie d’un énième best-of Gabriel prête sa voix pour le réenregistrement de Carpet Crawlers (extrait du Lamb lies down…), qui s’appelera Carpet Crawlers 1999.
Ensuite, rien ou presque, un documentaire, des rééditions…

À l’été 2007, alors que Hackett ne voulait pas reformer Genesis sans Peter, la formation en trio Banks-Collins-Rutheford effectue une tournée en Europe et aux États-Unis intitulée « Turn it on again ». Le groupe participe au Live Earth à Wembley et une semaine plus tard un concert géant est donné à Rome dans l’enceinte du Circo Massimo devant plusieurs centaines de milliers de personnes.
Le 15 mars 2010, le groupe aux 150 millions d’albums vendus fait son entrée au Rock’n'roll Hall of Fame à Cleveland.
Avec les problèmes de santé de Phil Collins (sa position quand il jouait de la batterie lui a endommagé les vertèbres), et l’éloignement de Peter Gabriel, l’aventure Genesis a marquée semble-t-il son terme.

Aujourd’hui, l’incarnation de la musique de l’époque Gabriel – qu’un critique rock appelait joliment la musique classique de son époque – se poursuit avec un cover band canadien nommé The Musical Box, du nom du premier morceau de Nursery Crime, qui a l’autorisation de jouer ces standards, et avec qui Steve Hackett a joué en plusieurs occasions.

À propos de Jean-Baptiste

Né en 1977. je ne vis pas de l'écriture, je ne vis pas pour la musique, mais je suis en quelque sorte à mi-chemin des deux. Peut être. ou pas.

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2 Réponses à “Genesis, du lycée au Panthéon du rock”

  1. Frank Boisgontier Dit :

    Bon résumé de la carrière du groupe, un peu succin peut-être mais au vue de la longévité et de la richesse musicale de la formation, tu n’avais guère le choix, et l’essentiel est là. Pour moi, les deux meilleurs albums de Genesis sont « The Lamb Lies Down On Broadway » (double album) et « Invisible touch ». Pour le reste, c’est vrai que la groupe s’est parfois un peu égaré dans d’interminables solos, mais c’était l’apanage des groupes de rock prog’. Moins expérimental et « barré » que King Crimson, moins porté à l’esbrouffe parfois boursoufflée de suffisance de Yes, le groupe n’a pas hésité à changer radicalement de style (comme Yes avec l’excellent « 90125″) pour coller aux années 80 et au « rock FM ». Cela reste un grand, grand groupe qu’on peut, je pense, définitivement classer au panthéon des groupes « morts », toutefois.

  2. A. Dit :

    Pour répondre à Frank Boisgontier

    L’énorme The Lamb Lies Down On Broadway est bien évidemment un album d’exception mais pour le répugnant Invisible Touch, c’est indubitablement le pire album que Genesis ait enfanté tant il pue ces horribles années 80.
    Les interminables solos n’ont jamais concerné Genesis, c’était plutôt l’apanage des groupes comme Emerson Lake and Palmer, Yes ou King Crimson.
    La grande période du groupe se situe entre Trespass et Duke (1970-1980).

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