Avant toutes choses, je tiens à préciser que je suis un fan de Jean-Michel depuis 1976 et reste fidèle à notre « héros » national depuis la publication d’« Oxygène »… Il n’est pas question ici de casser du Jarre, bien au contraire. JMJ a su populariser la musique électronique, tout autant que Vangelis. Ces deux compositeurs exceptionnels ont su séduire nos oreilles en apprivoisant ces drôles de machines qu’on appelle « Synthétiseurs« , et créer des vocations insoupçonnées auprès de jeunes « talents », et ce dans le monde entier.
Avant que cette vague d’Oxygène déferle sur nos platines, la musique électronique portait un autre nom. On parlait alors de musique électroacoustique, de musique concrète, ou encore de musique expérimentale… des termes peu attractifs, il faut bien le dire. Rappelons que Jean-Michel a fait ses « premiers pas » au GRM avec Pierre Schaeffer en 1968 avant de débuter la carrière que l’on sait.
De nombreux albums à synthés
Mais je pense qu’il est temps de faire une certaine mise au point. Beaucoup continuent à croire que JMJ est LE pionnier de la musique électronique… Oui, c’est vrai, JMJ est UN pionnier, mais il est loin d’être le seul. D’autres musiciens tout aussi novateurs ont publié des albums à la fin des années 60 et au début des années 70 en utilisant des synthés: Florian Fricke (Popol Vuh, les 2 premiers albums « Affenstunde » en 1971 et le sublime « In den Gärten Pharaos » en 1972), Tangerine Dream (« Alpha Centauri » en 1971 et les albums suivants…), Klaus Schulze (« Irrlicht » en 1972 et surtout « Cyborg » en 1973), Kraftwerk (l’album « Ralf & Florian » en 1973), David Vorhaus (White Noise, l’album « An Electric Storm » en 1969), Claude Denjean (l’album « Electronic Experience » en 1970), Richard Pinhas (Heldon, le single « Le Voyageur » en 1972 et les albums suivants), Jean-Jacques Perrey (l’album « Musique Electronique du Cosmos » publié dés 1962…), Wendy Carlos (l’album « Switched on Bach » en 1968, le plus connu, mais Walter/Wendy avait déjà publié des compositions dés 1966), Robert Margouleff et Malcom Cecil (Tonto’s Expanding Head Band, l’album « Zero Time« en 1971), David Borden (Mother Mallard, l’album « Mother Mallard’s Portable Masterpiece » en 1973), Beaver & Krause (l’album « In a Wild Sanctuary » en 1970), Dick Hyman (l’album « The Electric Eclectics of Dick Hyman » en 1969) , Mort Garson (l’album « Black Mass Lucifer » en 1971), Gershon Kingsley (souvenez-vous, « Pop Corn » que JMJ a repris à la demande de son éditeur…, titre extrait de l’album « Music to Moog by » publié en 1969…) et bien d’autres, la liste est longue.
A la même période, en 1972, Jean-Michel publiait son premier album de musique électronique « Deserted Palace« , plutôt expérimental.
Quand le magazine Actuel a organisé le 1er festival de « Rock Allemand » en février 1973 avec Tangerine Dream, Klaus Schulze, Ash Ra Tempel et Kraftwerk, JMJ publiait la bande sonore du film « Les Granges Brûlées« de Jean Chapot.
Dans la musique populaire
Dans le domaine de la musique pop, les Beatles se sont intéressés dés 1967 aux sons électroniques. Paul McCartney s’essayait en janvier 1967 à des « cut-up », découpages et collages de bandes sonores avec sa composition « Carnival of Light« . John Lennon et ses albums d’ »Unfinished Music » en 1968 et 1969… George Harrison avec l’album « Electronic Sound » enregistré fin 1968, après qu’il ait assisté à une démonstration effectuée sur le Moog Synthesizer* par Bernie Krause.
Dans le domaine de la musique progressive, Pink Floyd*, Keith Emerson (Nice, ELP…), Spooky Tooth (l’album « Ceremony » avec Pierre Henry en 1969) et d’autres encore, ont utilisé les premiers synthétiseurs disponibles sur le marché.
Sur le site Aerozone, on peut trouver parmi de très nombreuses informations une liste des livres consacrés à Jean-Michel. Si vous souhaitez en savoir plus sur les musiciens français et les musiciens allemands, je vous conseille les livres suivants: « L’Underground Musical en France » (notamment le chapitre « Electronique guérilla« ) écrit par Eric Deshayes et Dominique Grimaud et publié aux Editions Le Mot et Le Reste, et le second livre « Au-delà du rock – la vague planante, électronique et expérimentale allemande des années 70″ écrit par Eric Deshayes et publié chez le même éditeur. 2 ouvrages indispensables !
Enfin, nous ne remercierons jamais assez Jean-Michel de nous avoir donné tant de bonheur en partageant ses oeuvres musicales ! Le plaisir continue avec l’album « Amazonia », bande sonore d’une exposition consacrée à la survie de l’Amazonie.
François Grapard, avril 2021
28 avril 2021
JMJ en débat