Du Jarre dans le texte. La musique de Jean Michel Jarre étant majoritairement sans paroles, cela ne l’empêche pas de prendre parole sur beaucoup de sujets, et pas seulement musicaux, eu égard, notamment, à son rôle d’ambassadeur de bonne volonté auprès de l’UNESCO. Impossible ici de faire un inventaire exhaustif de toutes ses formules qui alimentent, pour certaines, encore les forums de discussions des dizaines d’années après avoir été lancées. Je me contenterai de ne publier que mes citations préférés (en vert, pour une lecture moins fatiguante pour les yeux), ainsi que celles qui ont le plus de sens dans l’itinéraire musical hors du commun de Jean Michel. Je me suis permis occasionnellement de commenter librement tel ou tel propos, afin de le mettre en perspective.
À propos de Maurice Jarre :
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Ma relation avec mon père est restée longtemps une suite de rendez-vous manqués. Le père de Jean Michel a quitté le foyer familial lorsque ce dernier avait cinq ans. Ils ont « recollé les morceaux » depuis.
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La musique de mon père ne m’a du tout influencé, consciemment, en tous cas.
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À propos du business de la musique :
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Piratez-moi ! (Célèbre et très polémique phrase lancée par Jean Michel à l’antenne de RTL en 1983, lors de l’unique passage radio du disque « Musique pour supermarché« ). Cette phrase retentissante prend un relief particulier à l’heure du piratage de la musique et des vidéos sur Internet, sachant que Jarre a été, quinze ans plus tard, un des pourfendeurs les plus vigoureux de ces pratiques au nom des droits d’auteurs et la liberté de création.
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J’ai toujours essayé d’échapper aux modes. (paru dans Le Figaro, 26 mars 2007)
On peut dire à son sujet que la mode l’a rattrapé par moments, mais lui n’a jamais couru après les modes. -
En fait, je n’ai jamais été à la mode. (dans Métro, le 27 mars 2007)
Affirmation difficile à vérifier. Qu’en dit le Top 50 ? -
Je suis un peu marginal dans le monde du show-business, par le fait, par exemple, de ne pas chanter, dans un univers où on ne connaît que la chanson de trois minutes ! S’il n’y a pas de paroles, c’est qu’il y a une erreur de mixage. (Keyboards, 1993) Ce qui ne l’a pas empêcher d’intervenir dans la Star Academy l’année de la victoire de Grégory Lemarchal. Certes, il avait posé quelques conditions, mais enfin…
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Moi, j’étais plutôt dans le domaine de la musique expérimentale. J’aurais pu terminer à l’IRCAM, ou ailleurs, en fait. (sur France 5, dans l’émission Les premiers pas, 2007) D’ailleurs Jarre aurait pu être peintre, son autre passion.
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Je pense que la crise du disque vient aussi de l’éloignement émotionnel que le CD a apporté. C’est un produit, finalement, merdique. C’est un peu le 78 tours du numérique, la VHS du son. Ça a toujours été moins bon que le vinyle. (2004)
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À propos de la musique :
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Ce n’est pas la musique qui est électronique, mais les instruments qui le sont. Sans doute la phrase la plus définitive de Jean Michel. Il s’agit d’expliquer qu’avec les moyens électroniques de notre époque, de fait tous les disques passent par une phase d’électronification (mastering, encodage, prise de son, etc.), et, à ce titre, peuvent être considéré comme de la musique électronique. Schaeffer disait, lui : « la musique n’est pas une affaire de notes, mais une affaire de sons« .
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La beauté de la musique – comme celle de la lumière – est celle de la rapidité, de la mobilité, de l’insaisissable.
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Plus tu es proche de tes racines, plus tu peux être universel. (…) et la manière la plus universel est d’être soi-même. (Keyboards, 1993)
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Avoir une certaine crédibilité vis-à-vis de la scène actuelle, c’est apporter quelque chose de différent, de prendre des risques ou d’explorer de nouveaux horizons. (Keyboards, 2000) Dans cette même interview, il estimera qu’il y a une filiation entre sa musique des années 70 et celle de groupes français comme Air, ce qui est incontournable.
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En électronique, il y a deux sources, l’influence de Schaeffer et l’influence punk. (Audio-brunch de Bourges, 12 avril 2002) Jarre est bien placé pour suggérer cette idée, car il a été l’élève de Pierre Scchaeffer au Groupe de Recherche Musical (GRM).
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Si Vivaldi était vivant, il ferait partie de Metallica. Jean michel a demandé à Patrick Rondat d’interpréter L’Eté de Vivaldi à la guitare électrique lors de ses récents concerts, ce qui naturellement choque les puristes de musique classique.
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À propos de ses instruments :
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Le critère le plus important d’un bon synthé, c’est le son pur, sans effet(s) et branché en mono. Si l’engin fonctionne de cette façon, tout comme le ferait un bon instrument acoustique, c’est déjà satisfaisant. (Keyboards, 1994) Et il doit y en avoir beaucoup qui rentre dans ce critère, vu la collection impressionnante de synthétiseur dont dispose l’artiste.
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Plus un instrument est simple, plus tu peux t’exprimer. Plus il est compliqué, moins tu peux t’exprimer facilement, parce que pour arriver au même degré de connaissance, il te faudrait plusieurs vies. (Keyboards, 1997)
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Pour moi, l’ordinateur est un outil d’autiste.(paru dans Paris-Match, le 14 mai 1988). Cette phrase n’induit pas quelques-uns de ses reniements ultérieurs avec le logiciel ProTools, qui est devenu depuis 2000 un standard de la création musicale sur ordinateur, justement.
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Les instruments analogiques pourraient devenir, dans les années à venir, l’équivalent des Stradivarius dans la musique acoustique. (Branché, 1995)
- L’analogique, c’est une femme maquillée. La musique numérique, c’est une femme découpée en morceaux. Je préfère les femmes maquillées.
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À propos de l’environnement et de la politique :
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Nous voulons que ce concert permette de tirer la sonnette d’alarme. (…) Si chacun comprenait à quel point les ressources en eau de la Terre sont limitées, combien de personnes en sont privées – et finissent par en mourir – ou encore l’étendue de leur gaspillage, nous pourrions peut-être trouver de meilleures façons de les gérer et de les partager. Le problème de la désertification est intimement lié à cette situation et requiert l’adoption de mesures urgentes. (Merzouga, en 2006, pour le concert Water for Life) Il faut se souvenir de la pochette prémonitoire de l’album Oxygène pour se dire que la conviction écologiste de Jean Michel ne date pas d’hier. Ce n’est pas un engagement à la petite semaine pour notre Globe-trotter préféré !
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Si l’eau était aussi chère que le pétrole, Bush aurait envahi le Canada et non l’Irak ! (déclaration sur scène, toujours à Merzouga, en 2006)
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La violence, le côté sombre de notre humanité, c’est ce qui rapporte le plus d’argent aux médias. (…) C’est difficile de promouvoir des valeurs telles que la paix, la sauvegarde de la planète, et le fait d’être plus responsable au quotidien pour chacun d’entre nous, et de le faire d’une manière attirante et sexy. (À propos du concert du Powerstock Festival, 2007, qui a finalement été annulé).
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Les pays qui ne sont pas très nets avec les droits de l’hommme (…), il faut y aller. (…) Les gens qui souffrent dans leur chair d’un régime inacceptable, si en plus on les punient de cinéma, de musique, de littérature ou de peinture, c’est encore pire. Donc, il faut y aller. En réaction aux intellectuels « du café de Flore » qui prônent le boycott des pays sous le joug de régime liberticide, et Dieu sait s’il y en a.
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À propos de ses concerts :
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Pendant un an et demi, je ne voulais pas aller au Texas. Je n’aime pas le Texas. J’avais envie éventuellement, d’aller à New York ou Los Angeles, mais pas à Houston. (Parlant du méga-concert de Houston, d’avril 1986) L’insistance du projet de l’anniversaire de la NASA le fera changer d’avis.
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Je n’ai jamais cherché à battre des records du style « le plus ceci » ou « le plus cela ».(Télé-Loisirs) Puisqu’il vous le dit !
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Quand je suis monté sur scène, je me suis retourné pour savoir si tout ces gens étaient venus pour moi. (Après le concert de La Défense et ses plus de 2,5 millions de spectateurs, en 1990).
- Je suis aussi un musicien de la rue : c’est d’ailleurs pourquoi je me sens bien dans les concerts en extérieur, beaucoup plus que dans les salles. (Keyboards, 1994). Il n’est pas frisquet, Jean Michel, et personne ne s’en plaint !
- Ce concert restera sans doute un de mes meilleurs souvenirs, avec la présence d’un public très chaleureux. (Jarre à propos du concert de Gdansk, en 2005).
- Ils ont préféré Jean-Paul Goude à Jean-Michel « Bad ». (Répondant à Thierry Ardisson sur le spectacle du bicentennaire qui lui a « échappé », Dans l’émission Lunettes Noires pour Nuits blanches). Accusé sans cesse d’être imbu de lui-même, Jean Michel démontre à la télévision qu’il ne manque pas d’auto-dérision.
— Merci aux membres du forum d’Aerozone pour la majorité de ces citations.
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